Antivaleurs : la corruption gangrène l’administration publique congolaise

Vendredi 22 Décembre 2017 - 17:00

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La Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, que préside Lamyr Nguelé, a réalisé des enquêtes au sein des administrations et entreprises publiques suivantes : le Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU) ; le ministère de l’Enseignement supérieur ; le ministère de la santé et la Caisse de retraite des fonctionnaires (CRF).

Au terme de ses investigations, la Commission a constaté la volonté délibérée des gestionnaires publics de pratiquer une gestion opaque, favorisant le détournement des deniers publics. Au CHU, les enquêteurs ont réalisé que ce plus grand établissement sanitaire du Congo n’observe pas l’orthodoxie financière. Il y manque un plan stratégique cohérent de gestion des ressources financières.  

Ainsi, la Commission a recommandé au ministère de la Santé et de la population de faire l’audit de la dette du CHU vis-à-vis de ses créanciers, qui se situe autour de 8 268 976 831 FCFA au mois de mars 2017. En outre, elle a exigé de la direction générale de cette structure de dynamiser les services de contrôle interne à l’effet de lutter contre les actes de corruption et de fraude, ainsi qu’à la violation des textes en vigueur.

A propos de la gestion des boursiers congolais en France et à Cuba, la Commission a noté de nombreux cas d’étudiants fictifs et de détournement des bourses. C’est ainsi qu’elle a recommandé l’organisation d’un recensement exhaustif des étudiants relevant de la juridiction de l’Office de gestion des étudiants et stagiaires (OGES), le plus tôt possible, afin de maîtriser les effectifs et d’élaborer un fichier unique entre l’OGES et la paierie du Congo à Paris.

De même que la Commission a exigé la mise en place des commissions mixtes direction de l’orientation et des bourses-Trésor public congolais, afin d’améliorer les conditions de paie des bourses et d’éviter les risques de corruption et de fraude.

Abordant le point sur les antirétroviraux et les autres médicaments devant être délivrés gratuitement aux patients, la Commission a constaté, après enquête, que beaucoup de flou entoure leur gestion, créant ainsi des niches importantes de détournement des crédits y alloués. Ainsi, la Commission a demandé au Premier ministre de réunir les ministères concernés par les questions de santé autour de la problématique de la mise en œuvre des mesures de gratuité décrétées par le président de la République.

 En outre, sachant que la CRF est une administration publique dotée de l’autonomie de gestion, la Commission a constaté que le ministère en charge de la sécurité sociale s’immisce imprudemment dans la gestion des pensions de retraites, occasionnant ainsi des cas de détournement des deniers publics. Elle a formulé une série de recommandations, entre autres, le Premier ministre doit initier une réflexion sur le financement de la CRF afin de garantir les paies des 26 810 pensionnés et la prise en charge des 4 333 autres en attente de programmation, ainsi que ceux dont les dossiers sont en cours de traitement.

Par ailleurs, à l’endroit du ministère en charge de la sécurité sociale, la Commission a recommandé de réaliser un recensement des 653 agents inscrits au fichier du personnel de la CRF afin de résoudre sa situation de pléthore et assainir sa gestion. De même, il est demandé de revoir le système informatique de la CRF qui présente des défaillances. Dans le même ordre d’idées, la Commission exige d’étudier les conditions d’apurement des créances de la CRF vis-à-vis des organismes assimilés qui s’élèvent à 5 630 993 084 FCFA.

A la fin de la présentation des résultats de l’enquête, le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguelé a remis trois dossiers (CHU, ministère de l’Enseignement supérieur et la CRF) à l’huissier de justice commissaire-priseur, Richard Otongo Elenga.  

 

 

   

 

 

 

  

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

Lamyr Nguelé répondant aux questions des journalistes

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