Asadho : les dirigeants dans le collimateur de la justice congolaise

Mardi 23 Juillet 2013 - 17:00

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Les responsables de cette ONG de droits de l'homme sont interpellés devant le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe pour imputations dommageables à l’égard d’un juge présumé auteur de viol qu’ils auraient dénoncé

L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a dénoncé, dans un communiqué du 23 juillet, l’action judiciaire ouverte par le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe contre Jean-Claude Katende et Mme Dora Zaki, respectivement son président national et sa vice-présidente nationale. La justice leur reprocherait, en effet, d’avoir dénoncé le viol commis par un juge du Tribunal de grande instance de Kinshasa/Matete, Yango, sur la justiciable MC [dans les précédents communiqués sur cette affaire, l’ONG a toujours dit préférer garder l’anonymat de la dame, en indiquant que les éléments sur son identité complète étaient disponibles à son siège].

L’ONG a déploré qu’au lieu d’instruire cette affaire contre le juge mis en cause, le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, par le ministère du SPG BAM vient d’interpeller ses dirigeants. Pour l’Asadho, en effet, cette inaction du magistrat instructeur à l’égard du juge Yango contribue énormément à l’effacement des preuves du viol avec la  conséquence que l’affaire risque d’être classée sans suite pour insuffisance de preuves. « Ce qui est très profitable au présumé auteur du viol », a souligné l’association.

Dans son communiqué, l’Asadho a vivement dénoncé « cette attitude et ces manœuvres du Parquet général de Kinshasa/Gombe qui tendent à réduire ses dirigeants et la victime des faits de viol au silence, pour assurer l’impunité au juge mis en cause ». Selon cette ONG, cette impunité assurée au juge et les poursuites ouvertes contre ses dirigeants ne sont pas de nature à encourager la lutte contre les violences sexuelles.

Implication de l’autorité

Devant les faits relevés, l’Asadho a sollicité de la ministre de la Justice et des droits humains de s’impliquer pour que le juge cité soit effectivement poursuivi et que la protection de la victime soit assurée. Alors que l’ONG a exhorté le procureur général de la République d’ordonner les poursuites contre le juge mis en cause, d’ordonner l’ouverture d’une action disciplinaire contre le magistrat Von, pour violation des dispositions de la loi sur les violences sexuelles et de faire respecter la Déclaration des Nations unies sur la protection des défenseurs des droits de l’homme. Le procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe a été, lui, appelé au respect de la déclaration précitée.

Il a, en effet, été noté qu’en date du 19 juillet, un agent du Parquet général de Kinshasa/Gombe s’est présenté au siège de l’Asadho avec deux invitations contre les deux dirigeants de cette association. L’ONG a relevé que ces deux documents ont  été notés comme deuxièmes invitations par l’émetteur alors que les premières n’avaient jamais été réceptionnées par elle.

Une affaire de viol ?

Dans les faits, l’ONG a rappelé qu’en date du 21 mai, Mme MC, victime de ces faits, avait par son conseil déposé une plainte contre ledit juge auprès du procureur général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete. Ce, en vue de l’ouverture des poursuites judiciaires. Au même mois, elle avait été entendue pour confirmation de sa plainte par le magistrat instructeur Von.

En date du 22 mai, l’Asadho avait, après avoir été saisie par la famille de la supposée victime, rendu public le communiqué de presse intitulé « Le juge Yango viole et profère des menaces de mort contre une justiciable en toute impunité ». L’ONG a affirmé avoir voulu inviter le premier président de la Cour suprême de justice à mettre ce juge incriminé à la disposition de la justice et à ouvrir un dossier disciplinaire contre lui pour le caractère immoral et grave des faits mis à sa charge.

À en croire l’Asadho, depuis l’audition de la victime au mois de mai, soit plus de deux mois après, le juge auteur présumé du viol n’a jamais été ni entendu ni confronté à la victime qui n’a cessé de faire des va-et-vient au Parquet Général de Matete.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le président de l'Asadho, Jean-Claude Katende et Me Josepha Pumbulu © ADIAC