Avenir de l’Africom: les États-Unis sondent leurs partenaires africainsVendredi 6 Juin 2025 - 11:00 Les États-Unis réévaluent actuellement le rôle et la structure de leur commandement militaire pour l’Afrique (Africom), suscitant interrogations et inquiétudes chez plusieurs partenaires de ce continent. La remise en question stratégique, évoquée par le général Michael Langley, commandant de l’Africom, intervient dans un contexte de redéploiement global des priorités militaires américaines et de montée en puissance d’acteurs concurrents sur le continent. Créé en 2008 comme commandement géographique indépendant, l’Africom était jusqu’alors considéré comme un symbole de l’intérêt croissant des États-Unis pour l’Afrique, en particulier face à la montée de l’extrémisme islamiste et à l’influence stratégique grandissante de la Chine et de la Russie. Mais, selon des sources médiatiques de ce pays, l’administration américaine envisage désormais une fusion de l’Africom avec le Commandement européen (Eucom). Objectif officiel : rationaliser la bureaucratie. « Nous sommes en phase d’évaluation », a confirmé le général Langley à la presse, en marge d'une conférence des chefs d’état-major africains à Nairobi. Il a appelé les gouvernements africains à faire entendre leur voix par l’intermédiaire de leurs ambassadeurs à Washington. « Si nous sommes si importants pour vous, il faut le communiquer », a-t-il déclaré. Une perte d’influence américaine ? Cette réflexion intervient alors que la présence sécuritaire des États-Unis en Afrique est en recul, notamment dans la région du Sahel. Depuis 2020, plusieurs coups d’État militaires (au Mali, au Burkina Faso et au Niger) ont bouleversé les équilibres géopolitiques. Ces régimes, désormais dirigés par des juntes militaires, ont parfois rompu ou fortement restreint leur coopération sécuritaire avec les États-Unis, tout en se tournant vers la Russie ou ses représentants paramilitaires, comme le groupe Wagner. Le cas le plus emblématique reste celui du Niger, où la junte au pouvoir a ordonné le départ d’environ 1 000 soldats américains et la fermeture d’une base de drones de 100 millions de dollars dans le Nord du pays. Ce retrait marque un tournant pour une présence militaire américaine jusque-là perçue comme un pilier de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Une reconfiguration, pas un désengagement ? Malgré cette tendance au retrait, le général Langley insiste sur la volonté américaine de rester un partenaire de sécurité actif. Il a indiqué que les États-Unis continuaient à partager des informations de renseignement avec certains régimes militaires et exploraient d'autres formes d’engagement, plus discrètes ou ciblées. Si la fusion de l’Africom avec un autre commandement venait à se concrétiser, elle ne signifierait pas nécessairement un désengagement total, mais plutôt une restructuration de la présence américaine en fonction des nouvelles priorités globales, notamment en Asie face à la Chine. Une réponse attendue des capitales africaines La balle est désormais dans le camp des partenaires africains. Le général Langley a souligné que l’avenir de l’Africom dépendrait aussi de la mobilisation diplomatique de leurs gouvernements. Il ne s’agit plus seulement d’une décision unilatérale américaine, mais d’un signal attendu de la part des pays qui considèrent encore l’Africom comme un levier stratégique de sécurité et de coopération. Cette évaluation intervient à un moment où l’Afrique devient un terrain de compétition géostratégique majeur, et où la sécurité des États côtiers et sahéliens reste gravement menacée par des groupes jihadistes transnationaux. Enjeux globaux et rivalités régionales La décision finale sur le sort de l’Africom s’inscrit dans une reconfiguration des priorités stratégiques américaines. Elle reflète également le dilemme entre réduction des engagements extérieurs et nécessité de maintenir une influence dans des zones instables, surtout face à l’activisme russe et chinois. En attendant, le message de Washington est clair : les pays africains qui souhaitent voir perdurer ou renforcer le rôle sécuritaire américain doivent s’exprimer maintenant. Noël Ndong Notification:Non |