Brazzaville : les voiries urbaines se réhabilitent, les érosions attendent

Lundi 31 Août 2020 - 16:27

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Elu maire de Brazzaville le 22 mai 2020, Dieudonné Bantsimba a totalisé cent jours à ce poste. Son plan d’actions, reposant sur dix axes à réaliser en deux ans, s’exécute comme en témoignent les travaux d’amélioration du circuit routier urbain. A côté, nombre de défis environnementaux : érosions, occupation anarchique, ensablement restent à relever.

Le jour de son élection le 22 mai 2020, le maire de Brazzaville a pris l’engagement d’améliorer, entre autres, le réseau routier et le système des transports urbains de la capitale, de faire respecter les règles d’urbanisme en tenant compte de la gestion de l’environnement. « Notre ambition est de recréer les portes de raccordement de tous les quartiers au moyen des voiries urbaines qui vont désormais bénéficier d’un programme d’entretien exécuté à des cadences régulières », expliquait Dieudonné Bantsimba.

Après le discours, les actions ont commencé à se réaliser sur le terrain à travers les travaux d’aménagement et de bitumage des voiries urbaines. Il s’agit notamment de la voie qui va relier le quatrième arrondissement Moungali au septième Mfilou en passant par le rond-point dit de la frontière et le quartier Makazou longtemps enclavé, de la route Djiri reliant les quartiers Makabandilou à Ngamakosso en passant par la société Ragec… Au rond-point Mouhoumi et un peu partout dans la ville, les chantiers sur le circuit routier sont en cours d’exécution. « Le travail qui se fait au niveau des artères de Brazzaville est appréciable car lorsque les routes sont bonnes nous avons de moins en moins de pannes », indiquent bon nombre de transporteurs en commun tandis que d’autres se plaignent des embouteillages monstres causés par la fermeture des artères en cours de réhabilitation qui fait perdre en temps et en recette en ces moments où le nombre des passagers est réduit dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19.

Erosions

Parmi les problèmes environnementaux auxquels le conseil départemental et municipal de Brazzaville est appelé à faire face figurent les érosions dont près de 800 têtes sont identifiées dans la capitale et sa périphérie nord, selon une étude américaine publiée en mars 2019. Ces érosions rendent la vie difficile aux populations, réduisent à néant les efforts des pouvoirs publics car elles détruisent habitations et infrastructures routières en laissant derrière elles les sans-abris et du travail à refaire. A côté de l’érosion de Ngamakosso qui vient d’être traitée, une autre s’est déclarée vers l’arrêt, près de l’école primaire dudit quartier. En cas de pluie, les dégâts vont s’en suivre puisque la route elle-même est à nouveau menacée. Au niveau de l’avenue de la Révolution à Djiri, l’érosion dit « kahounga » ayant déjà rasé des habitations, en menaçant les pylones d’électricité n’est toujours pas traitée. Une entreprise de la place se débat à endiguer la situation mais, pendant toute la saison sèche elle n’a pas été visible et n'a  repris le travail qu'à peine quatre jours, rapportent les populations riveraines.  

Dans l’étude ici évoquée, les experts américains ont proposé des pistes de solutions pour endiguer ce phénomène environnemental. Selon eux, pour prévenir les érosions et restaurer les sites érodés, il est important de maintenir et rétablir la capacité d’infiltration des sols sableux. Une fois la capacité d’infiltration consolidée, elle permettra de ralentir et d’enfouir les eaux de ruissellement; car la réalité de terrain révèle que les érosions sont aussi causées par les travaux inachevés des canalisations. Les travaux de drainage structurés doivent être réalisés pour acheminer les eaux de ruissellement vers des emplacements qui n’entraîneront pas le phénomène d’érosion ou ne l’aggraveront pas.

Par ailleurs, la même étude exhorte les autorités compétentes à veiller à l’application stricte des règlements portant sur la planification de l’utilisation des terres pour s’assurer que leur aménagement respecte les plans de gestion des eaux de ruissellement. Aussi, étant donné l’importance des eaux souterraines comme source d’eau potable, les experts proposent de tester la qualité de l’eau afin de déterminer la probabilité de contamination par les déchets ménagers utilisés pour freiner la progression des phénomènes d’érosion.

Occupations anarchiques, inondations, ensablement

En dehors des érosions, les inondations et l’ensablement font partie des phénomènes environnementaux à résoudre. Avant d’apporter les solutions durables, le gouvernement a commencé par interdire les lotissements des zones périphériques. « Désormais, il est interdit de procéder au lotissement des zones périphériques de toutes les villes du Congo jusqu'à nouvel ordre », indiquait  le ministre des Affaires foncières et du Domaine public, Pierre Mabiala, s’adressant aux membres de la Fédération des terriens, le 14 janvier 2020 à Brazzaville.

Les occupations anarchiques et d’autres facteurs allant à l’encontre des règles d’urbanisme sont épinglés parmi les causes de ces phénomènes notamment les inondations et l’ensablement. En se penchant sur le curage des collecteurs pour faciliter les coulées d’eau et éviter les inondations, la mairie de Brazzaville n’est pas allée plus loin parce que confrontée à l’épineux problème d’occupation anarchique et les coûts élevés des expropriations. C’est le cas des rivières Tsiémé et Kélé-Kélé à Talangaï. « Nous avons de sérieux soucis pour faire passer les engins et aménager cette rivière comme nous avions fait pour Madoukou à Ouenzé et Poto-Poto et à la Mfoa », répondait le maire de Brazzaville, Dieudonné Bantsimba, à une question d’un chef de quartier de Talangaï.

Le président du Conseil départemental et municipal a souligné que l’expropriation de ladite zone coûte plus cher que les travaux. Face à la situation économique et financière que traverse le pays, il est question, selon lui, de tout modifier en ayant à l’esprit l’objectif de soulager tant soit peu les peines des populations en attendant que l’expropriation soit faite.

L’application stricte de la loi n°21-2018 du 13 juin 2018 fixant les règles d’occupation et d’acquisition des terres et terrains peut aider à résoudre plusieurs problèmes causés par les occupations anarchiques. Ladite loi définit, en effet, comme zones non constructibles les montagnes sablonneuses, les zones sablonneuses dont la pente est supérieure à 5%, les versants des montagnes sablonneuses, les aires protégées, les zones marécageuses, d’érosion, d’éboulement, d’affaissement, d’inondation, de sable mouvant. « Même quand l’administration interdit d’occuper ou de construire, dès que le maire ou l’agent technique tourne le dos, on fait monter les édifices, et on vit ce que nous vivons aujourd’hui », a dénoncé Dieudonné Bantsimba.

Les travaux se poursuivent

La réhabilitation du circuit routier suit son cours à travers la capitale. Certains tronçons réaménagés sont ouverts à la circulation. Avec la saison de pluies qui pointe à l’horizon, les usagers auront le temps d’apprécier leur capacité à résister à certaines intempéries.

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : réhabilitation de l'avenue Loutassi Photo 2 : une érosion à Talangaï

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