Burundi : le climat de tensions se poursuit

Lundi 27 Avril 2015 - 12:21

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Depuis l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat à l’élection présidentielle de juin prochain, le climat politique reste tendu dans le pays. L’opposition et la société civile qui jugent que cette candidature va à l’encontre de la Constitution ont appelé à manifester de manière discontinue dès dimanche.

Cette situation a conduit les Burundais qui se sentent menacés par Imbonerakure - les membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir -, à quitter leur pays par crainte de violence pour se réfugier dans les États voisins et principalement au Rwanda voisin. Le Haut-commissariat aux réfugiés indique que leur nombre ne cesse d’augmenter. Il est passé de 500 au début du mois d’avril à 17 000 aujourd’hui rien que pour ceux qui se sont rendus au Rwanda alors même que ce pays accueille déjà près de 75 000 réfugiés congolais.

Tant à Bujumbura que dans d’autres villes du pays, la population craint une répétition des violences de la part des Imbonerakure. Ces jeunes sont accusés par l’ONU d’être une milice qui multiplie des intimidations et exactions à l’approche des élections. Ils ne cachent d’ailleurs pas leur intention d’en découdre si l’on empêchait leur candidat de se représenter. Et selon des témoins, avant même l’annonce de la candidature du président sortant, ces jeunes du parti au pouvoir chantaient « on va voter pour Pierre Nkurunziza ; Pierre Nkurunziza est notre candidat ». Ils ont même annoncé sa victoire à la présidentielle du 26 juin.

Les grandes manifestations qui ont lieu à Bujumbura la capitale se sont déjà soldées par la mort de manifestants. Selon des sources concordantes, deux personnes ont été tuées par balle dimanche lors des heurts entre la police et les opposants à la candidature du président sortant pour un troisième mandat. L’opposition déplore « des mesures musclées pour mater des manifestations qui étaient pacifiques ».

Sur le plan des médias, les émetteurs relais des trois principales radios indépendantes burundaises, accusées de pousser la population « au soulèvement », ont déjà été coupés par les autorités. Ce qui empêche la réception des émissions en province.

D’après l’accord de paix signé par les leaders politiques burundais en 2000 à Arusha, en Tanzanie, aucun président ne doit diriger le pays pendant plus de 10 ans. L’actuel président sortant avait été élu en 2005 et réélu en 2010.

Depuis plusieurs mois, la communauté internationale a multiplié des gestes pour réclamer à Pierre Nkurunziza de ne pas se présenter pour un nouveau mandat. Le président américain Barack Obama par exemple, a regretté la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat pour la future présidentielle. Il l’a d’ailleurs prévenu que cela allait inéluctablement « accentuer les risques d’une confrontation avec l’opposition burundaise ».

« Les États-Unis tiendront pour responsables les personnes qui participent, programment ou ordonnent des violences contre la population civile (...). La violence n’a pas de place dans des élections démocratiques », a souligné Marie Harf, porte-parole du département d’Etat américain dans un communiqué.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula