Centrafrique : François Bozizé visé par le conseil de sécurité de l’ONU

Samedi 29 Mars 2014 - 12:06

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Les noms de l’ancien chef de l’État centrafricain et de son fils Jean-Francis figurent sur la liste des personnalités qui pourraient être sanctionnées par le conseil de sécurité des Nations unies. les Bozizé, père et fils, sont soupçonnés d'entretenir un lien avec les anti-balaka qui sèment la terreur à Bangui

L’Organisation Nations unies accuse l’ancien homme fort du pays de financer et d’organiser les milices anti-balaka, responsables de la violence en Centrafrique. Ces dernères sontdésormais considérées comme des ennemis par la force africaine (Misca), et comme des obstacles à la paix. Les sanctions à l'encontre de François Bozizé et de son fils consistent en un gel des avoirs financiers et à une interdiction de voyager pour l’ancien président de Centrafrique et son fils ainsi que les autres personnes qui figurent sur la liste des membres de l’ex-rébellion Séléka et des miliciens anti-balaka.

Depuis le Cameroun son pays d’exil, François Bozizé a nié toute implication dans la crise qui secoue son pays. Il estime être la bête noire qu’on veut à tout prix écarter des prochaines élections prévues en 2015. « Qu’on cesse de m’accuser par-ci, par-là. J’ai souffert de mon renversement et voilà que l’on m’accule, que l’on s’acharne sur moi. Non, non… Quand même ! Où est la justice dans cette affaire ? Qu’on me laisse tranquille ! La France ne peut pas se permettre de faire des choses de ce genre, dans la mesure où nous la considérons comme le grand arbitre dans la situation qui prévaut en République  Centrafricaine ! Mais si elle se transforme en bourreau contre des innocents, là, les données sont faussées et la situation devient encore beaucoup plus difficile ! Le mal a été provoqué par la Séléka et Djotodia. Mais pas par Bozizé », a-t-il réagi. 

Il a également donné son point de vue sur la poursuite de la violence en Centrafrique, et pense que seul le dialogue entre Centrafricains pourra mettre un terme à ce conflit. « Ce n’est pas uniquement Sangaris et Misca qui pourront résoudre le problème. C’e sont les Centrafricains eux-mêmes d’abord, qui doivent se retrouver pour pouvoir discuter du problème de leur pays. Mais jusque-là, les décisions se prennent ailleurs. On impose tout au peuple centrafricain et ce peuple centrafricain n’est jamais consulté ».

La chute du régime de François Bozizé, survenue le 23 mars 2013 après le coup de force des rebelles Séléka a entraîné le pays dans le chaos. Tous les jours, de nombreux cas d’exaction sont signalés à travers le pays. Récemment, dans la nuit du 27 au 28 mars, des inconnus ont tiré sur une foule rassemblée lors des funérailles dans le quartier PK5, majoritairement musulman, faisant neuf morts dont plusieurs enfants. Les hommes armés ont lancé des grenades avant de tirer à la kalachnikov sur la foule rassemblée. Ce quartier commercial et majoritairement musulman est la cible d’attaques répétées ces derniers jours de pillards et de miliciens anti-balaka qui tentent d’y pénétrer.

Pour tenter de calmer les esprits, l’actuelle ministre de la Communication et de la Réconciliation, Antoinette Montaigne, s’est rendue le 28 mars à la grande mosquée pour une prière en compagnie des musulmans. Elle leur a demandé de ne pas quitter Bangui malgré la pression des anti-balaka. « Je suis venue à la grande mosquée, parce que cette semaine depuis le 24 mars, nous avons lancé la grande semaine de prières, pour apaiser les esprits et les cœurs, en vue de la réconciliation nationale. Et donc aujourd’hui, je suis venue naturellement à la grande mosquée de Bangui pour fraterniser avec nos frères musulmans qui ont peur à cause de tout ce qui s’est passé dans le pays. J’ai réussi à les convaincre de rester dans leur pays», a-t-elle déclaré.

Un geste salué par les deux imams du PK5. « On est content, mais on attend quelque chose de plus important, qui est la sécurité. On nous attaque de partout. Que nous soyons des musulmans ou des chrétiens, il faut que tout le monde se sente en sécurité dans ce pays.»

Dans la foulée, la ministre de la communication a invité les imams à participer à leur tour à la prière œcuménique qui a été organisée dimanche à la cathédrale.

Yvette Reine Nzaba