Centrafrique : remise en ordre au sein de la Séléka

Lundi 12 Mai 2014 - 17:13

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Après les récentes attaques commises à l’hôpital de Médecins sans frontières à Boguila par des éléments incontrôlés de la Séléka, les responsables de ce mouvement se sont réunis le 11 mai, à Ndélé dans le nord-est de la Centrafrique, pour mettre en place un nouvel état-major militaire et un organigramme politique

Pour bien tenir les hommes sur le terrain, la Seleka s’est choisi un nouveau chef militaire. Il s’agit du général Joseph Zoundeko : « Il y a certains éléments qui se disent Seleka et qui font des exactions. Qu’ils arrêtent avec leurs exactions. À partir d’aujourd’hui, nommé chef d’état-major, je vais regrouper les hommes par site, comme cela, ils seront contrôlés », a-t-il expliqué. L’élu répond aux sept critères fixés pour ce poste, à savoir entre autres : être de nationalité centrafricaine ; avoir une formation militaire ; avoir occupé des postes au sein de l’armée (Faca) ; parler couramment français ; ne pas être impliqué dans des meurtres de civils…

Un des objectifs du nouvel état-major militaire se voulait être la structuration militaire des forces armées de l’ex coalition Séléka, dont le nombre avoisine les dix-sept hommes, désormais placés sous le commandement militaire du général Joseph Zoundeko, et politiquement sous celui du général Moussa Daffane, président par intérim du mouvement.

L’autre problème est celui de la vision politique des Séléka, car certains dirigeants envisageaient la possibilité de transformer la coalition Séléka en un parti politique. Un fait par ailleurs cautionné par Moussa Daffane. Il estime que l’accord de N’Djamena n’avait pas été respecté par les autorités de la transition. Pour le président par intérim, ce congrès a permis de mettre en place une « feuille de route »Ce congrès s’est déroulé en présence des forces armées françaises (Sangaris). Craignant le pire, les Français ont participé à ce congrès, mais sans se mêler de son contenu.

Militairement, le général Ndeko, ancien para-militaire entre 1995 et 1996, intègrera l’armée régulière (Faca) en 1997 pour en sortir au grade de Lieutenant. Très vite, dès 2006 il suivra le mouvement de Michel Djotodia qui, d’office, l’élèvera au grade de commandant puis de colonel, et enfin de général de Brigade. C’est un Séléka à 100%, qui dispose désormais d’une puissance de feu redoutable, face au vide de l’armée nationale centrafricaine.

L’armée régulière centrafricaine n’existe plus, et n’est toujours pas reconstituée. Les plus de 17.000 combattants de la Séléka, ayant refusé de désarmer devant les absences de garantie des Sangaris, peuvent désormais être une menace pour le pouvoir de Bangui déjà fragile, et n’existant que par la parole à Bangui.

Politiquement, ce congrès scelle une forme d’autonomie régionale, et une déconsidération du pouvoir central, un acte de la partition du pays. Ce que Ndeko lui-même ne nie pas.

« La répartition est déjà là, c’est un fait, mais nous la désapprouvons », a-t-il dit, ajoutant : « Le plus important pour le moment est de négocier l’application des accords de N’Djamena. À défaut le mouvement étudiera toutes les options qui s’offrent à lui. »

Yvette Reine Nzaba