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Carotte et bâton à l'américaine

Samedi 25 Octobre 2025 - 18:12

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En décidant seul du report sine die du sommet prévu à Budapest, en Hongrie, avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à une date qui restait à fixer, le président américain, Donald Trump, reste éternellement égal à lui-même : il ne dira pas à l’avance ce qui lui fera changer d’avis le jour suivant même quand, la veille, vous sembliez le croire sur parole.

C'est lui, en effet, qui le premier avait informé de cette rencontre dans la capitale hongroise à l'issue d'un long entretien téléphonique avec le chef du Kremlin, le 16 octobre. Les amateurs du décompte rappelaient à cette occasion que c'était la huitième fois que les deux dirigeants échangeaient par téléphone depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier dernier. Cela laissait entendre que les deux hommes s’apprécient d’une certaine manière.

Une nouvelle date de l’éventuelle deuxième réunion au sommet entre l'Américain et le Russe après celle d’Anchorage en juillet passé n'ayant pas été annoncée, les spéculations de toutes sortes ont pris la relève pour cogiter sur les véritables raisons de ce faux bond. Le président des États-Unis invoquait " une perte de temps ", assuré que Budapest n’augurait pas d’avancées significatives quant à l’éventualité d’une sortie de crise rapide dans la guerre qui oppose Kiev et Moscou depuis bientôt quatre ans.

Quatre ans, c’est aussi la durée du mandat gagné par le président Trump cette année, qui plus est le dernier avant qu’il ne passe la main à un futur successeur du camp républicain ou de celui de ses adversaires démocrates. On est tenté de dire qu’à la fin de l’année 2028, aussi celle de sa présence à la tête de son pays, la diplomatie internationale ou ce qui en restera sera face à un dilemme : se reconstruire en s’appuyant sur les règles de droit admises par tous ou poursuivre son raidissement actuel.

Vis-à-vis de ses alliés comme de ses ennemis, la Grande Amérique rêvée par son 47e président reste variablement intraitable. La guerre russo-ukrainienne donne la mesure de cette approche de la carotte et du bâton où ce qui compte pour lui est de rester au cœur du jeu, d’en dicter le tempo et de jouir seul du privilège d’être le façonneur du calendrier des rendez-vous géostratégiques.

Pour l’instant, Donald Trump ne souhaite pas livrer les redoutables missiles Tomahawk à l’Ukraine, mais lui transfère d’autres modèles non moins performants par l’intermédiaire de l’Europe qui les lui achètent pour Kiev. S’il déclare par ce refus ne pas vouloir l’escalade directe avec la Russie et décide en même temps de la frapper au portefeuille énergétique en visant ses entreprises du secteur, il est bien certain que pour le Kremlin, cette imprévisibilité ne peut pas être comprise comme une volonté d’avancer vers l’apaisement.

Aux dires des experts russes et américains de haut niveau, le dialogue entre les deux parties n’est pas rompu. Mais les points de blocage restent nombreux sur la voie du retour à la confiance entre Moscou et Washington. De part et d’autre le printemps des colombes ne semble pas pointer à l’horizon. Si l’on y ajoute les pressions autour de la manière dont la guerre devrait se terminer à l’Est de l’Europe, les concepts de défaite et de victoire prennent une dimension tragique et lient les mains des acteurs les plus entreprenants pour la paix, parmi lesquels, évidemment, l’on peut citer volontiers le président Donald Trump, le seul disposé à parler à tous.

Doit-on désespérer ou persister à croire que tout n’est pas perdu ? Les deux hypothèses attendent d’être départagées par le cours des événements.

Gankama N'Siah

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