Chronique : Protéger la biodiversité

Jeudi 11 Février 2021 - 20:09

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La relation entre la diversité biologique (biodiversité) et le fonctionnement des écosystèmes est une des questions les plus actuelles de l’écologie aujourd’hui.

En effet, la science ne cesse de démontrer incontestablement que notre planète est confrontée à une crise majeure d’extinction d’espèces et l’on s’interroge sur les conséquences concrètes de la diminution rapide de la diversité biologique avec, en toile de fond, la question de l’existence éventuelle d’une diversité minimale au-dessous de laquelle il ne faudrait pas descendre au risque de bouleverser profondément les conditions de vie de l’humanité. Beaucoup d’expériences ont été menées à travers le monde qui démontrent presque toujours qu’un grand nombre d’espèces est le gage d’une productivité élevée, y compris en milieu agricole, et la garantie d’une bonne capacité de résistance aux perturbations de toutes sortes, notamment climatiques et sanitaires. Cette liaison positive entre biodiversité et santé de l’écosystème a été exprimée en termes d’assurance biologique : plus les espèces sont nombreuses, plus il y a de chance pour que l’une ou plusieurs d’entre elles soient adaptées au nouvel environnement induit par un événement exceptionnel ou extrême.

C’est en tenant compte de tous ces paramètres que lors de la 14e conférence des parties (COP14) de la convention sur la diversité biologique qui s’était tenue en Egypte en novembre 2018, sous le thème « Investir dans la biodiversité pour les peuples et la planète », les 196 pays et gouvernements participants avaient convenu d’un accord international pour renverser la destruction globale de la nature et de la perte de biodiversité menaçant toutes les formes de la vie sur la planète.

Mais le but de cette conférence était surtout de préparer l’accord qui devait être trouvé en 2020 à Pékin (Chine) lors de la COP15, qui n’a pas pu se tenir à cause de la crise sanitaire. L’accord de Pékin avait vocation à être l’équivalent pour la biodiversité de l’Accord de Paris sur le climat, c’est-à-dire un accord mondial et global qui permette de façon systématique et ambitieuse d’inverser le phénomène de dégradation du capital naturel.

Tout le monde s’accorde à dire aussi que les gouvernements vont devoir faire preuve d’ambition et de leadership pour préserver les systèmes naturels sur lesquels reposent notre prospérité et notre bien-être car malgré ces pas en avant, l’ambition affichée par les Etats n’est pas encore assez élevée pour parvenir à faire de la nature un sujet véritablement politique, et obtenir les changements transformationnels nécessaires pour mettre fin à  l’érosion de la nature. Alors que la biodiversité continue de disparaître à un rythme alarmant, nombreux organismes de préservation de la nature déplorent le manque d’action des pays membres de la convention sur la diversité biologique, qui, pour la plupart, n’atteindront pas les objectifs d’Aichi au Japon, qu’ils s’étaient fixés collectivement en 2010, à savoir un plan stratégique pour la diversité biologique 2011 - 2020.

Dans le contexte de crise écologique actuelle, la biodiversité et sa valeur sont extrêmement fortes dès lors qu’on se projette sur le très long terme : 30, voire 50 ans en avant. Or, l’humanité a du mal à envisager le long terme. Actuellement, l’économie récompense surtout le court terme. Prendre en compte la biodiversité implique donc la rénovation de notre cadre de pensée et d’analyse économique pour mieux intégrer le long terme, c’est-à-dire la planète.

Boris Kharl Ebaka

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