Cinéma : un documentaire-plaidoyer sur l’INA à l’Espace Bilembo

Mercredi 12 Mars 2014 - 16:35

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Entendu comme un appel à sauver l’ancien conservatoire national de musique et art dramatique, le moyen métrage L’Institut national des arts de Kinshasa, demain… connaîtra une première projection publique gratuite dans l'espace culturel situé non loin de Socimat ce vendredi 14 mars à 18 heures.

La vidéaste Amal Kharrat, réalisatrice du documentaire de 55 minutes a, en guise d’invitation à l’avant-première, expliqué sa démarche et parlé de façon sommaire de son contenu partant d’une petite anecdote autour de son film. Au point de presse du 11 mars dans la salle du Centre d’études et de diffusion des Arts (Cédar) de l’Institut national des arts (INA), on l’a entendu affirmer qu’il y a trois ans sur invitation du directeur général de l’INA André Yoka Lye, elle avait participé à des ateliers de scénographie et de réalisation de cinéma. Tout est parti de là de manière assez spontanée : « Très vite, je me suis rendue compte du potentiel créatif des étudiants de l’INA mais en même temps, j’ai réalisé qu’il y avait très peu de moyens et un manque cruel d’espace qui ne leur permettait pas de réaliser ou mettre en pratique ce qu’ils avaient appris en théorie ». Et de poursuivre : « Je voulais absolument faire quelque chose pour changer ces conditions de travail c’est alors que l’idée m’est venue de faire une vidéo, un petit documentaire ».

Quoiqu’elle eut tout de suite décidé de se servir de sa caméra, il restait un événement déclencheur qui finit par arriver. « Alors que j’attendais un moment qui serait comme le déclic qui me propulserait à le faire, j’ai appris l’histoire de la vente du bâtiment qui abrite l’INA et la menace d’expropriation qui pesait sur les 1 200 étudiants, à peu près 300 professeurs », a fait savoir Amal Kharrat. Il se posait alors un grand problème : « Où loger ces professeurs et leurs étudiants dès lors que l’INA est une institution régionale qui dessert Brazzaville et quelques autres pays avoisinants ? Fallait-il vraiment le laisser disparaître ainsi ? »

Des situations réelles sans mise en scène

Voilà ce qui a poussé la vidéaste à prendre deux semaines l’an dernier, entre avril et mai, pour filmer sérieusement. Interview de certains professeurs, chefs de sections et étudiants. Pour ces derniers particulièrement, elle a promené sa caméra jusque dans leur lieu de pratique ou de répétition, en l’occurrence la Salle du Zoo. Elle a épinglé le fait que de l’INA à cet endroit, les étudiants devaient s’obliger à traverser toute l’avenue du Commerce sous un soleil accablant. La chaleur et la densité de la circulation n’étaient pas pour faciliter le trajet, au contraire. Qui plus est, arrivés en sueur, à défaut d’infrastructures adéquates, ils devaient sans avoir eu l’occasion de se rafraichir se mettre à l’ouvrage. « J’ai filmé des situations réelles, il n’ y avait aucune mise en scène ». Quand il n’y avait pas d’électricité, dans le noir, elle continuait de filmer. Avec les fenêtres brisées, le bruit alentour parvenait jusqu’au lieu du cours et les étudiants devaient s’en accommoder.

De la section art dramatique, Amal est passée à la section musique en côtoyant de près l’Orchestre chambre et le chœur. C’est ainsi que petit à petit elle faisait son entrée dans l’INA qu’elle pensait connaître mais qu’elle découvrait alors sous un nouveau jour. Vint ensuite le tour de l’Inas, l’école d’application de l’INA dont la formation spécialisée prépare les élèves qui se destineront à l’une ou l’autre branche proposée au niveau supérieur. « J’ai découvert qu’il y avait un centre de recherche, le Cédar, l’atelier de restauration des instruments de musique tenus par des gens formés en France et ailleurs dont la compétence ne fait aucun doute.Une vue de l’assistance lors du point de presse

« J’ai filmé beaucoup de choses, les escaliers, les murs, les ombres, la musique », renseigne Amal qui n’a pu s’empêcher alors d’évoquer ses premiers souvenirs qui lui revenaient en mémoire. « La première fois quand je suis entrée dans ce bâtiment, pour moi, la musique était comme un parfum qui flottait un peu partout. Un endroit extraordinaire à Kinshasa », l’a-t-on entendu dire. Et d’ajouter alors : « je me demandais comment sauvegarder ce patrimoine culturel qui formait non seulement des comédiens mais aussi des artistes musiciens, des chefs d’orchestre, des animateurs culturels, etc. » Les remerciements du chef de section art dramatique Cyril Kiniumba, qui lui était reconnaissant de s’être « investie à faire voir toutes les facettes de l’INA » étaient en écho à cette démarche.

En définitive, pour Amal, rendre public ce documentaire, équivaut à « le présenter aux Congolais et aux expatriés habitant la ville quitte à trouver des personnes de bonne volonté. Des gens susceptibles de faire preuve de générosité pour construire un nouveau bâtiment pour l’INA. Un appel à toute personne qui pense aiguiller l’INA vers un avenir meilleur ».

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le chef de section art dramatique Cyril Kiniumba et Amal Kharrat Photo 2 : Une vue de l’assistance lors du point de presse