Commerce mondial : l’Afrique continue à perdre du terrain

Samedi 19 Décembre 2020 - 16:04

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Sa part est passée de 4 à 2,7 % entre 1970 et 2019, confirme le dernier rapport de l’Afreximbank. Au cours du premier semestre 2020, le commerce de marchandises de l’Afrique a baissé de 12 % par rapport à la même période l’an dernier. Toutefois, la RDC voit sa position se consolider dans le commerce transfrontalier informel.

Le dernier rapport de la Banque africaine d’import-export, Afreximbank en sigle, apporte bien des révélations sur l’évolution du commerce mondial. En effet, les statistiques pour l’année 2020 font état d’une contraction de l’ordre de 9,2 %, après une baisse de 2,8 % en 2019. Ce rapport annuel du reste très attendu a posé un vrai diagnostic sur l’évolution commerciale et économique de l’Afrique au cours d’une année exceptionnelle marquée par les guerres commerciales, la hausse des droits de douane et bien entendu la covid-19. Ces événements ont influé négativement sur la croissance du commerce mondial, comme l’attestent d’ailleurs les chiffres de l’institution multilatérale panafricaine de financement du commerce créée en 1993 sous les auspices de la Banque africaine de développement (BAD).

Place prépondérante de la Chine et l’Inde

Pour l’Afrique, la situation n’est guère reluisante. Sa part dans le commerce mondial est finalement retombée à 2,7 % (2019) alors qu’elle atteignait les 4 % dans les années 1970.  Comme nous le disions antérieurement, le commerce de marchandises de l’Afrique s’est contracté d’environ 12 % entre janvier et août 2020. Les plus forts reculs enregistrés concernent les mois d’avril et de mai de l’année sous examen. Le rapport note que la part des exportations africaines à destination de l’Asie s’est situé à près de 31 % en 2019, contre 25 % pour l’Union européenne. La Chine et l’Inde ont absorbé 27 % des exportations totales de marchandises de l’Afrique au cours de cette année. La situation reste similaire dans la provenance des importations des pays africains, avec une Asie de plus en plus forte dans le continent africain au détriment de l’Union européenne.

La RDC dans le top 3

En analysant de manière plus approfondie le rapport, il est difficile de parler du commerce en Afrique sans évoquer le commerce transfrontalier informel qui constitue une composante essentielle du commerce intra-africain. Il représente tout de même une source de revenu pour 43 % de la population africaine. Dans le continent, cette importante composante, même si sa contribution au PIB n’est guère reconnue, occupe une place très élevée. Elle représente parfois jusqu’à 80 % de la valeur du commerce officiel dans certains pays africains. En tête, il y a l’Afrique du Sud qui totalise à elle-seule 23 % du commerce intra-africain en 2019. Au fil des années, un autre pays plutôt inattendu a enregistré le plus grand bond, fait remarquer le rapport. Il s’agit de la RDC qui totalise 10,4 % du total des échanges. Le pays occupe ainsi le deuxième rang des acteurs du commerce intra-africain. Ensuite le Nigéria vient boucler le top 3, avec ses 7 %. L’institution financière propose une étude plus approfondie du commerce transfrontalier informel en Afrique pour arriver à mieux mesurer le volume et la composition de ce commerce informel. Réalisant pour la première fois une analyse assez poussée, Afreximbank avance déjà un premier chiffre : 70 % des acteurs du commerce transfrontalier informel en Afrique australe sont des femmes.

Diversifier pour survivre

Pour l’institution, le vrai problème de l’Afrique est sa forte dépendance aux exportations des matières premières, du pétrole et du gaz. Ensemble, ces produits représentent plus de 37 % des exportations totales. Il faut une diversification et d’autres transformations pour faire basculer ce commerce dans le secteur formel. Le rapport place aussi le lancement de la zone de libre-échange continentale africaine parmi ses principales recommandations. 2021 sera une bonne année pour l’Afrique qui devrait profiter de la reprise de l’activité économique mondiale et de l’augmentation de la demande en matière d’exportations africaines.     

Laurent Essolomwa

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