Conférence sur les hydrocarbures : 60% de hausse de consommation des produits pétroliers en RDC d’ici à 2025

Mercredi 18 Septembre 2013 - 17:17

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 La forte augmentation de la consommation projetée dans les statistiques officielles est très inquiétante en raison du déficit infrastructurel qu'accuse le pays, surtout dans les parties les plus reculées.

Les infrastructures sont insuffisantes et inadéquates pour soutenir l’activité pétrolière et gazière en RDC. La crainte est d’assister à une prolifération de moyens de stockage très précaires dans les parties reculées, généralement mal approvisionnées en produits pétroliers faute de dépôts et parcs de stockage. Les populations sont très souvent les premières victimes. En effet, dans l’est du pays, les camions citernes en provenance des pays voisins sont stationnés à proximité des lieux d’habitation. « Nous avons compté jusqu’à quarante camions citernes remplis garés non loin du Lac Kivu et d’une brasserie. Les gens passent aussi sans se soucier du danger que représente cet important volume de carburant stocké en un seul endroit », s’est alarmée une experte du ministère des Hydrocarbures, Rukiya Ramazani. À cela, il faut ajouter aussi la présence des stations services de fortune qui ne répondent pas aux normes internationales sur le plan sécuritaire.

Un camion citerne de SEP CongoSEP Congo approvisionne essentiellement le pays en produits pétroliers mais la société n'est pas la seule à opérer, surtout à l'intérieur du pays. Il existe un vaste réseau informel d'approvisionnement. D’où l’intérêt porté par les participants de l’IPAD à certains chiffres de SEP Congo. Selon son ADGA, Alain Ilunga Kitombolwe, la société compte actuellement trente-neuf dépôts de stockage (chiffre revu à la hausse avec la construction de nouveaux dépôts à Beni), cent dix-huit camions, cent dix-huit wagons, vingt-cinq barges et huit pousseurs. Elle dispose de deux pipelines, reliant Matadi et Kinshasa sur une distance de 720 km. À tout point de vue, le pipeline est le moyen le plus efficace de transport massif de produits pétroliers pour l’approvisionnement de l’ouest du pays. Les efforts en cours visent, dans un premier temps, à fiabiliser le réseau existant. Sans ce pipeline, il aurait fallu mobiliser un nombre impensable de camions citernes pour acheminer le même volume. Rien que la ville de Kinshasa consomme actuellement 700 m3 de carburant par jour. Il est difficile de songer à acheminer ce volume de produits pétroliers par camion citerne. Mais la grande inquiétude est d'imaginer un problème dans le pipeline qui obligerait à un arrêt. La situation serait catastrophique, a reconnu l'ADGA. Actuellement, ce pipeline subit des actes de vandalismes, notamment des perforations à divers endroits.

Après le pipeline, l'autre moyen de transport massif est la voie fluviale. Entre Kinshasa et Ilebo, plus de 700 km, SEP Congo fait une rotation allée simple qui prend vingt-cinq jours pour transporter deux mille sept cent m3 de produits pétroliers par bateau citerne. Si le convoi pouvait passer par la route, cela contraindrait la mobilisation de soixante huit camions citernes pour livrer la même quantité. Un exercice impossible. Pour approvisionner Kisangani, SEP-Congo achemine trois mille six cent m3 de produits en trente-cinq jours (allée-retour).

En conclusion, après le pipeline, les barges sont de loin avantageux que les camions citernes. Les défis prochains seront d’envisager la construction de nouveaux dépôts et parcs de stockage. Il faut aussi exploiter de manière optimale la voie routière, ferroviaire et fluviale pour approvisionner les parties les plus reculées du pays. L'idéal est d'anticiper déjà la forte consommation projetée d’ici à 2025. Cela exigera de la part des distributeurs comme SEP Congo un renforcement de leur savoir-faire, un management des systèmes de transport routier et fluvial, une sécurisation du pipeline, une disponibilité des infrastructures répondant aux normes internationales, une optimisation des moyens des transports, et un investissement dans la capacité de stockage et de transport.  

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Un camion citerne de SEP Congo