Contenu local : des leaders africains défendent un modèle sur la souveraineté économique

Samedi 6 Décembre 2025 - 12:16

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La 30ᵉ édition des “Vendredis de Carrefour”, dédiée au contenu local, s’est tenue du 4 au 5 décembre à Brazzaville, sous le haut patronage de la première dame, Antoinette Sassou N’Guesso. Responsables politiques, experts et acteurs économiques africains y ont appelé à un modèle de développement fondé sur la production locale, la souveraineté économique et une intégration continentale renforcée.

 

Rendez-vous majeur de la réflexion stratégique en Afrique, les Vendredis de Carrefour constituent un Think Tank panafricain qui ambitionne de replacer l’intelligence africaine au cœur des modèles de développement. Au fil des années, cet espace s’est imposé comme une plateforme réunissant experts, opérateurs économiques et institutions autour des problématiques structurantes, notamment dans les secteurs pétrolier et gazier.

Principal organisateur du forum, le secrétaire général des "Vendredi de Carrefour", Mike M’Vila, a rappelé l’essence de ce cercle de réflexion, conçu comme un espace intellectuel indépendant.

La 30ᵉ édition tenu sur le thème « Le contenu local et le marché domestique : que faire, comment faire, avec qui faire, seul ou ensemble ? », interroge les stratégies les plus efficaces pour dynamiser l’économie du continent.

En ouvrant les travaux, le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, a exhorté les pays africains à reprendre la maîtrise de leur développement. Il a déploré la dépendance envers des modèles extérieurs qui perpétuent un schéma d’exportation de matières premières et d’importation de produits transformés.

Pour inverser la tendance, il a décliné cinq axes prioritaires : la souveraineté énergétique visant à transformer localement les ressources pour créer de l’emploi et de l’industrie ; la valorisation nationale des richesses afin de réduire les importations ; l’accélération de l’intégration économique, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ; la formation des cadres spécialisés; et une diplomatie économique affirmée pour défendre les intérêts africains. Bruno Jean Richard Itoua a également plaidé pour l’émergence d’une pensée économique proprement africaine et la construction de modèles endogènes. « Seul, on avance ; ensemble, on s’élève », a-t-il insisté.

Un contenu local progressif et crédible

Pour le président d’Uni Congo, Michel Djombo, le contenu local est un outil puissant, mais qui doit être utilisé avec méthode. Il met en garde contre les approches trop brutales, citant l’exemple du secteur forestier où, selon lui, des réformes trop rapides ont fragilisé des équilibres économiques. Michel Djombo défend l’idée d’un contenu local « efficace, structuré, réaliste et progressif » adapté aux capacités actuelles du secteur privé congolais, encore marqué par un tissu industriel limité. Il a insisté sur la nécessité d’un cadre réglementaire clair (niveaux d’intégration, certification, évaluation) pour garantir la prévisibilité des investissements).

Selon lui, le contenu local doit servir de levier de diversification économique, incluant, outre le pétrole, l’agriculture, l’énergie, les services, la logistique et l’économie digitale. Il a appelé à une politique construite dans le dialogue et à un partenariat actif entre l’État, les investisseurs internationaux et les entreprises locales. UniCongo, a-t-il assuré, accompagnera cette montée en compétence nécessaire pour créer des emplois et préparer l’après-pétrole.

Le manager de l’agence rwandaise NAEB, Claude Bizimana, a partagé l’expérience de son pays, présenté comme un exemple de reconstruction réussie après le génocide contre les Tutsi en 1994. Cette dynamique a conduit au lancement, en 2017, de la politique “Made in Rwanda” destinée à renforcer la production locale et la compétitivité industrielle grâce à des incitatifs fiscaux et réglementaires. Il a évoqué le rôle des partenariats régionaux, notamment au sein de la Zlecaf et de la Communauté d’Afrique de l’Est, ainsi que l’adoption du Guaranty Fund, facilitant les exportations de produits transformés.

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

- Responsables politiques et économiques réunis à Brazzaville/Adiac - Un panel dédié au financement des PME africaines/Adiac

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