COP 27 : le bilan des puissances mondiales

Mardi 8 Novembre 2022 - 11:11

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Sécheresses historiques, famines, déplacements de la population, vagues de chaleur extrême : après un été 2022 particulièrement dévastateur, la COP 27 s'est ouverte le 6 novembre dans un contexte de crise énergétique, financière et alimentaire. État des lieux des avancées (ou pas) des grandes puissances mondiales en matière de changement climatique en 2022.

« Pitoyablement pas à la hauteur », tels sont les mots utilisés par le chef de l'Organisation des nations unies (ONU, Antonio Guterres, concernant  les engagements des Etats. « Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale », s'est-il alarmé. Un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) souligne que les engagements internationaux conduisent actuellement la Terre vers un réchauffement de 2,6°C, soit bien au-delà de l’objectif de +2°C maximum et +1,5°C au mieux, fixé par l'Accord de Paris en 2015. Etats-Unis, France, Union européenne, Chine, Brésil, quelles mesures ont été prises pour lutter contre le réchauffement climatique, et concrètement, qui a respecté ses engagements ? En novembre 2021, se tenait la COP 26 à Glasgow, en Ecosse, dont les résultats avaient laissé dubitatifs scientifiques et mouvements écologistes, et avait bien failli acter le divorce entre pays du Nord et pays du Sud.

Un an plus tard, les promesses déjà jugées insuffisantes n'ont pas pleinement été respectées, à commencer par les 100 milliards destinés à soutenir les pays du Sud dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais pas seulement. « Les engagements à la neutralité carbone ne valent rien sans des plans, des politiques et des actions pour les soutenir. Notre monde ne peut plus se permettre de faire du greewashing, d'avoir des faux-semblants, des retardataires », a dénoncé Antonio Guterres. Très attendue, la COP 27 est considérée comme la « COP africaine », à l’heure où les conséquences désastreuses du réchauffement climatique se font chaque année plus pressantes et meurtrières dans les pays du Sud (les moins responsables, mais les plus affectés), le temps des actes est venu. Ce qui n’a, cette année encore, pas toujours été le cas.

Des mesures adoptées pour lutter contre le changement climatique

Première puissance mondiale, les Etats-Unis ont fait de réels progrès cette année, en adoptant un plan climat en août dernier et des lois inédites pour faire face au changement climatique, à l'image de celle sur la réduction de l'inflation dont l'objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays à hauteur de 40 % d'ici à 2030. Néanmoins, tous les engagements climatiques n'ont pas été tenus. C’est le cas de l'aide de financement à destination des pays en développement les plus touchés par le changement climatique, qui n'a pas été intégralement versée. Ce qui pourrait bien lui être reproché lors de la COP 27. La France, par le biais de son président, nouvellement élu en 2017, réaffirmait que « l’Accord de Paris reste irréversible et qu’il sera appliqué par toutes les autres nations ». Réélu en 2022, Emmanuel Macron se voulait un acteur clé dans la lutte climatique. Or le pays n'a pas respecté l'objectif fixé par l'accord de Paris, et a aussi accumulé un retard certain. L’Etat français avait été reconnu coupable par la justice de « préjudice écologique » pour le non-respect de ses engagements, et condamné pour inaction climatique en juillet 2021. Une première mondiale.  Avec des ambitions mises à mal par les sanctions contre la Russie, l'invasion de l'Ukraine par la Russie et son impact sur l'approvisionnement énergétique de l'Europe auront eu raison des ambitions climatiques de l'Union européenne. « Les dirigeants ont prolongé la durée de vie des centrales électriques au charbon et nous estimons que les émissions européennes ont en fait augmenté d'environ 2 % au cours des six premiers mois de cette année », expliquait le Pr Robert Falkner, qualifiant le retour à l'investissement dans les combustibles fossiles de « recul temporaire ». 

Gros pollueur qui parie sur les énergies renouvelables, contrairement aux pays occidentaux, la Chine ne fait pas partie des pays responsables des émissions historiques de gaz à effet de serre, mais se place aujourd'hui au rang des plus gros pollueurs, en raison de sa croissance économique rapide. En revanche, le pays est aussi le plus important investisseur dans les énergies renouvelables. Le président Xi Jinping a réaffirmé sa volonté de réduire de manière significative les émissions de carbone d'ici à 2030, notamment en plantant 70 milliards d'arbres. Une note d'espoir avec l'élection de Lula da Silva, « le Brésil est prêt à reprendre son leadership dans la lutte contre la crise climatique », a déclaré le nouveau président. Fervent défenseur de l'agro-business et de l'exploitation minière au Brésil, la déforestation de l'Amazonie a atteint des seuils sans précédent sous le mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro. De nombreux indigènes et écologistes ont également été assassinés ces dernières années. L'élection de Lula da Silva est donc un signe d'espoir pour ce que l'on appelle « le poumon de la Terre ».

Noël Ndong

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