Coronavirus : une urgence de santé publique aux conséquences négatives sur l’économie mondiale

Lundi 3 Février 2020 - 13:00

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Apparue en décembre dans la ville chinoise de Wuhan, cette épidémie de pneumonie virale a déjà fait 362 morts dont un premier hors de Chine. Du fait des ravages ainsi causés, les experts en santé publique ont déclaré la semaine dernière que la pandémie du nouveau coronavirus ayant provoqué d’importants manques à gagner dans plusieurs pays, constituait déjà une « urgence mondiale ».

Si une semaine auparavant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait estimé qu’il était « trop tôt » pour décréter l’alerte mondiale au sujet de la pandémie, à l’issue de sa dernière rencontre, l’agence spécialisée de l’ONU ne s’est pas empêchée d’affirmer qu’elle constitue déjà une urgence internationale, mais a appelé à ne pas limiter les voyages.

Sans hésiter, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait déclaré que l’épidémie était finalement devenue « une urgence de santé publique de portée internationale » ajoutant : « Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles (...). Il ne s’agit pas d’un vote de défiance à l’égard de la Chine »

Estimant qu’il n’y avait pas lieu de limiter les voyages et les échanges commerciaux avec la Chine, le directeur de l’organisation insistait que « l’OMS (...) s’oppose même à toute restriction aux voyages ». Malgré cela, le comité d’urgence note que les restrictions à la circulation des personnes et des biens pendant l’urgence de santé publique décrétées sont « inefficaces » puisque la distribution de l’aide est déjà perturbée alors que des « effets négatifs » sont ressentis sur l’économie des pays touchés.

Wuhan, métropole du centre de la Chine d’où est partie l’épidémie, est déjà coupée du monde, comme la quasi-totalité de la province environnante du Hubei. Quant au territoire chinois dans son ensemble, il subit des restrictions de voyages, qui influencent son commerce extérieur.  Plusieurs pays ayant déjà suspendu les dessertes aériennes avec Pékin et évacué leurs ressortissants de la Chine.

Les mesures de précaution internationales se durcissent, dont celle de la Russie qui a annoncé qu’elle fermerait ses 4.250 km de frontière avec la Chine. La Mongolie et le Népal ont fermé leurs frontières terrestres avec le pays alors que la Papouasie-Nouvelle Guinée a fermé ses ports et ses aéroports à tous les voyageurs en provenance d’Asie. L’Italie a décrété l’Etat d’urgence dans le but d’éviter une épidémie, après l’annonce des deux premiers cas contaminés - un couple de touristes chinois. Les Etats-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Irak et Israël notamment ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant récemment rendus en Chine.

L’Opep convoque une réunion

Du côté de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui s’inquiète pour le pétrole, l’heure est à la réflexion : une réunion a été convoquée  les 4 et 5 février et devra permettre, avec son allié russe, d’analyser la baisse des cours du brut en lien avec l’épidémie du nouveau coronavirus. Tout cela prouve que des restrictions de voyages à travers le monde et autres mesures ont et auront des conséquences néfastes sur l’économie mondiale.

Cette situation était prévisible depuis quelque temps. C’est pour cela que la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, avait annoncé que le nouveau coronavirus aura des conséquences négatives sur l’économie mondiale au premier trimestre, soulignant qu’il était encore trop tôt pour les mesurer. « Disons que pour ce trimestre, il y aura très probablement des conséquences négatives », déclarait, le 31 janvier, la patronne du FMI, lors d’une conférence au Centre pour le développement mondial.

« Il serait irresponsable de spéculer sur la suite. Je peux simplement me référer à un cas similaire, l’épidémie de Sras, un coronavirus qui avait touché 8.000 personnes et fait 774 morts en 2002-2003. Ce qui s’était alors passé, en effet, a été un ralentissement sur le court terme, puis un rééquilibrage de la croissance économique », détaillait Kristalina Georgieva, s’interrogeant : « cela sera-t-il le cas cette fois ? C’est très difficile à prévoir ».

Selon la directrice du FMI, les conséquences immédiates de l’épidémie sont évidentes : « Nous avons les voyages, le tourisme, l’industrie en Chine, et, au-delà de la Chine, l’Asie qui est un peu touchée ». Pour ce faire, l’institution financière appelle les Etats à se « préparer, prévenir, agir tôt ». « Cela doit être dans les veines des politiciens, qu’il s’agisse d’une pandémie, d’un choc climatique ou de tensions géopolitiques »,  insistait Kristalina Georgieva.

A ce jour, le nombre de patients contaminés par ce virus de la famille du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) a grimpé à environ 7.700 en Chine continentale (hors Hong Kong), dépassant désormais largement celui de (5.327) personnes infectées par le Sras en 2002-2003.

Notons que l’OMS n’a jusqu’ici utilisé le terme d’« urgence de santé publique de portée internationale » que pour de rares cas d’épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016 et la République démocratique du Congo depuis 2018.

 

 

Nestor N'Gampoula

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