Côte d’Ivoire : première audition publique de Simone Gbagbo

Lundi 23 Février 2015 - 17:46

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Détenue depuis le renversement, en 2011, de son mari, Laurent Gbagbo, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire est accusée d’atteinte à la sûreté de l’État présumée lors de la crise post-électorale.

Agée de 65 ans, madame Gbagbo surnommée la « Dame de fer », est assise sur le box des accusés comme ses 82 co-accusés, poursuivis pour atteinte à la sûreté de l'État ainsi que de constitution de bandes armées et de trouble à l’ordre public. L’ouverture des audiences à la cour d'assises d’Abidjan, le 23 février, permettra à la justice de déterminer son rôle dans les violences de décembre 2010 à mai 2011, ayant occasionné des milliers de morts et de blessés.

Ce procès devant la Cour d'assises mobilise l’attention particulière de plusieurs organisations de la défense des droits de l’homme. « La justice ivoirienne a fait le choix de poursuivre les crimes commis pendant la crise post-électorale en plusieurs étapes. (…). Il faut saluer cette avancée, mais les victimes qui ont été marquées dans leur chair attendent avec impatience le procès des crimes les plus graves. Ce n’est donc pas le procès de la crise qui s’ouvre, mais un premier procès de la crise  », avait déclaré au début des audiences préliminaires Me Yacouba Doumbia, président du Mouvement ivoirien des droits de l’homme. 

« C’est donc un moment judiciaire important, mais il faut bien comprendre que ceux dont la famille a été endeuillée, les victimes de crimes sexuels, ceux qui ont tant perdu entre décembre 2010 et avril 2011, ceux-là attendent toujours que les enquêtes avancent et qu’il soit répondu à leur demande de vérité, de justice et de réparation. Et dans ces affaires, les crimes ont été commis par les deux camps, et les victimes demanderont sans relâche que les deux camps soient jugés. », avait confié Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).  « Nous allons suivre et observer ce procès dans son intégralité, car c’est un défi important pour la justice ivoirienne : c’est la première fois qu’une cour d’assises aura à juger un si grand nombre de personnes dans un même dossier. Il est crucial qu’elle relève ce défi, à travers un procès équitable et respectueux des droits de la défense, sans quoi elle jetterait un discrédit sur les procédures encore en cours d’instruction, relatives notamment aux autres crimes  », avait averti, quant à lui, Me Drissa Traoré, vice-président de la FIDH. La FIDH, le MIDH et bien d’autres organisations, constitués parties civiles dans le dossier dit des crimes de sang, ont déployé une équipe d’observation judiciaire à ce procès. 

" La dame de fer" est aussi inculpée de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI), comme son époux dont le procès sera ouvert en juillet prochain. Seulement, les autorités ivoiriennes ont affiché une fin de non-recevoir à la demande de transfèrement de l'ex-Première dame à la CPI. 

 

Fiacre Kombo