Couleurs de chez nous : la dotMardi 24 Juillet 2018 - 20:28 La dot en soi n’est pas une réalité spécifiquement congolaise car elle existe dans d’autres pays. Et dans le cas du Congo, la dot relevant de la loi ne devrait pas retenir notre attention dans le cadre de cette chronique. Sauf que les déviances observées ainsi que les excès auxquels se livrent certaines familles ne sont plus du domaine de la loi. En effet, au terme de la loi n°073-84 du 17 octobre 1984, le montant de la dot est fixé à cinquante mille francs CFA. Dans la pratique, ce montant n’est pas respecté et des candidats au mariage coutumier versent jusqu’à un million pour la main de la femme convoitée. Le hic vient de la fameuse liste d’objets exigés. Traditionnellement, cette liste symbolise le dédommagement des efforts du père et de la mère dans l’éducation de leur fille. Le père qui a sué sang et eau pour défricher la forêt pour planter, ramé sur l’eau pour pêcher ou poser des pièges dans la savane pour nourrir sa fille. La mère qui a détruit toutes ses étoffes de pagne pour porter la fille au dos sur lequel cette dernière a versé urines et matières fécales. Bref ! La dot, dans ses versions financière et matérielle, obéit à ce principe moral. Avec l’évolution, on passe de la houe, de la hache et de la grosse marmite au congélateur, à la cuisinière à gaz, au four à micro-ondes sans compter les costumes super 200 ou les chaussures de grande marque. Explications : fille de fonctionnaire ayant vécu dans un grand confort. La dot d’aujourd’hui, composée, entre autres, d’écrans plasma, d’ordinateurs, voire de voiture s’étend à tous les membres de la famille que sont le père, la mère, les oncles et tantes de deux bords. Puis aux voisins, si ces derniers ont vu la fille naître et grandir. Aux caprices, légitimes, de la famille de l’épousée, s’ajoutent ceux du candidat qui, pour charmer, fait parfois dans le clinquant. Dressage de mur de clôture pour la parcelle, pavage de la rue, peinture sur les murs ou électrification, tels sont les nouveaux éléments non constitutifs de la dot au Congo. Il s’agit de transférer le confort de chez soi à la belle-famille pour lui ôter l’opprobre. Pourquoi la fille doit-elle vivre dans l’opulence alors que ses parents sont dans la précarité ? Bien plus, arguent les auteurs de ce nouveau code, ces opérations de charme permettent de maintenir la belle-famille à distance car la tentation est grande, pour des failles modestes, de migrer chez la mariée et, partant, de s’y établir. Une invasion que l’on ne peut contrer qu’en garantissant les bonnes conditions de vie à la belle-famille. Si d’autres raisons sont aussi évoquées pour justifier ce nouveau phénomène, une chose est évidente : cette surenchère matrimoniale ôte à la dot son côté sacré outre qu’elle participe à la violation de la loi. Et que dire de la mise au ban de bien d’autres candidats aux moyens limités ? Mimétisme oblige, ce sont même les filles qui étouffent les ambitions de leurs fiancés dès que le vœu est émis de les épouser. « As-tu vu le mariage de Judith ? ». Où allons-nous ? Van Francis Ntaloubi Notification:Non |