Couleurs de chez nous: Mauvais voisinage

Vendredi 16 Décembre 2016 - 21:03

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Il s’agit ici de se plaindre d’un phénomène et de dénoncer le laisser-aller. Le fait n’est pas inventé, car chacun là où il se trouve peut faire le constat. Surtout, aucune intolérance derrière « les couleurs » de ce jour.

En effet, il était 07 heures ce lundi-là. Dans la cour d’une école privée de Brazzaville, des élèves sont rassemblés autour du mât pour « la cérémonie de montée des couleurs ». Donc, pour « saluer » le drapeau national. Le drapeau étant au faîte du mât, les petits, car ce sont des élèves du cycle primaire, entonnent l’hymne national. « En ce jour, le soleil se lève / Et notre Congo resplendit/ Une longue nuit s’achève/ etc. ». Ce sont les premiers vers de « La congolaise », la chanson suprême et patriotique des Congolais.

Au même moment, dans la parcelle voisine, qui abrite une église dite de réveil, les « fidèles » poussés par le pasteur entonnent une chanson. Et, comme ils savent crier, leurs voix dominent celles des enfants au point de générer une cacophonie et d’étourdir les pauvres enfants qui, hélas !, n’arrivaient plus à bien aligner les vers et les couplets de l’hymne.

Le spectacle, un tantinet hilarant, a étonné et interpellé d’honnêtes gens de passage dans la rue. D’autres, au nom de ce que « la religion est sacrée et qu’on ne doit pas s’amuser avec », ont exprimé leur soutien à l’église. Leurs arguments : l’église est en droit d’organiser le culte n’importe où et n’importe quand ; que la louange à Dieu est au-dessus de tout ; que vaut un culte à un hymne ou à une patrie plutôt qu’à Dieu, etc. Et la sentence tomba : « Vous êtes au service de Satan ! On doit vous délivrer.»

Quand on sait le raisonnement des Congolais sur la religion, personne n’a trouvé à redire. Ceux qui croyaient bien faire de défendre « les enfants qui rendaient sa gloire à la patrie » ont ravalé leurs arguments et continué leur chemin, accompagnés par un chœur de huées venant des « religieuses » du quartier pendant qu’à l’église « la chorale » des fidèles relançait un autre cantique.

La morale, puis qu’il faut la dégager, pour une fois dans nos couleurs, c’est le mauvais voisinage, une cohabitation dangereuse. Car : école et église ne font pas bon ménage au regard des pratiques observées, chez nous, au Congo. Libre aux uns et aux autres de bâtir leur « maison de Dieu » où ils veulent ; libre aussi à ceux qui implantent les écoles de choisir leur site mais sans oublier que la vie en société est assise sur des lois. Faire autrement, ce serait instaurer la jungle. Dans le cas ici évoqué, il revient à l’Etat de jouer son rôle pour éviter le désordre.

C’est le lieu de saluer l’opération « Uppercut plus », annoncée pour ce mois de décembre./-

 

Van Francis Ntaloubi

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