Covid-19 : le Collectif Mind sensibilise toujours à la pandémie

Samedi 26 Juin 2021 - 14:33

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La fresque des artistes représentant le portrait de Manu Dibango sur la façade de l’hôpital Vijana bordant l’Avenue de la libération (ex-24 Novembre) attire les regards des passants et certains ne peuvent s'empêcher de marquer un arrêt pour lire les écrits qui l’accompagne.

Eric Biansueki face au portrait de Manu Dibango lors de sa performance (Adiac)

C’était bien pensé par le Collectif Mind (cerveau en anglais) de réaliser le portrait sur le mur d’un des centres de traitement de covid-19. En effet, à Kinshasa, Vijana est répertorié parmi ceux qui assurent la prise en charge des patients à l’instar notamment de la Clinique Ngaliema. L’hôpital situé à l’angle des avenues Nyangwe et de La Libération, dans la commune de Lingwala, est l’objet de la curiosité des passants mais aussi des conducteurs des véhicules et leurs passagers. Et, comme cette grande artère de la capitale est fort fréquentée, l’œuvre est à présent bien connue des Kinois.

Plasticien et céramiste, Eric Biansueki Bolia, un des initiateurs du collectif, a expliqué au Courrier de Kinshasa la genèse de la fresque : « La mort de Manu Dibango nous a inspirés. Ce grand musicien a été l’une des victimes de covid-19. Cette maladie l’a emporté. Nous avons d’abord considéré le fait qu’il était une icône de la musique en Afrique et avait une histoire avec le Congo. Il avait évolué auprès de Congolais dans l’orchestre African Jazz ». Quitte à préciser aussi que « Papa Groove » a vécu ici dans les années 1960 et est revenu jouer en 2017 en compagnie de Ray Lema. Le décès du saxophoniste a été un déclic car, a-t-il reconnu, « au départ, nous ne savions pas comment aborder le sujet du coronavirus, comment en parler au peuple congolais, particulièrement au Kinois ». A la fin, « c’est de l’art-thérapie que nous avons proposé à partir de notre vécu. Composé en partant de la façon dont les Congolais ressentent, comprennent les choses », a soutenu le coordonnateur exécutif du projet « covid-19 volontaires » du Collectif Mind.

Quant aux écrits que l’on voit juste à côté, Eric Biansueki a affirmé : « ils font office d’hommage mais c’est aussi un message à destination des Congolais de sorte que, attirés par le dessin, ils puissent le lire instinctivement ». Il a renchéri : « Autant que Manu Dibango remercie les Congolais de lui avoir rendu cet hommage posthume, il les exhorte à respecter les gestes barrières. Nous voulions faire passer ce message de manière artistique ». Par ailleurs, a-t-il expliqué encore, « tout en réalisant ce projet, nous voulons que cet endroit soit un lieu touristique. C’est aussi une manière de faire savoir aux Camerounais que nous partageons leur peine, nous sommes ensemble. Nous y avons fait une performance pour interpeller les autorités congolaises mais aussi camerounaises, et par-delà, les amoureux du jazz à garder cette place illuminée ». Eric Biansueki en pleine performance devant l’hôpital Vijana (Adiac)

Projet « Covid-19 volontaires »

Soulignons au passage que la fresque murale bien en vue est à proximité du buste d’un autre grand de la musique africaine, congolais cette fois, en l’occurrence feu Simaro Lutumba. Réalisé l’an dernier dans le cadre du projet « Covid-19 volontaires » initié par le Collectif Mind, il est loin de passer inaperçu. Eric Biansueki y a fait une performance en novembre dernier. Il a indiqué au Courrier de Kinshasa que ledit projet « est décliné en sept volets et chacun d’eux prend en compte un aspect spécifique ». Dès lors, ils ont été classifiés en « volets gouvernemental, scientifique, éducatif, sportif, santé, artistique et humanitaire », a-t-il dit soulignant qu’il en est le coordonnateur exécutif. Le portrait de Manu Dibango est donc « représentatif du sixième volet, l’artistique ». L’action humanitaire, quant à elle, avait donné le ton, précédant la réalisation de la fresque. « Nous avons réalisé le volet humanitaire avec nos maigres moyens en distribuant quelques articles aux plus démunis. A l’époque ou le mal battait encore son plein lors de la première vague, nous avons offert du savon à des personnes défavorisées et les avons sensibilisées au respect des gestes barrières. Nous étions allés au front avant que des actions soient menées par les autorités », nous a dit l’artiste.

Pour le Collectif Mind, « il était nécessaire de réaliser une œuvre marquante sur le plan artistique ». « En plus des catastrophes naturelles, le monde fait déjà face à des maladies incurables. Mais voilà que le coronavirus surgit et bouleverse tout. Il s’ensuit des difficultés économiques. La pandémie de covid-19 paralyse toutes les nations. Les effets ont été les mêmes partout. Eglises et différents lieux de cultes fermés, c’était bien une première dans le monde. Cela nous a fait réfléchir », a dit Eric Biansueki. « Aussi, quatre jours avant que le président de la République ne décrète l’état d’urgence pour protéger la population face à ce mal qui a terrorisé le monde,  avons-nous pensé qu’il était utile d’agir. En tant qu’artistes, nous devions trouver une manière de participer à sensibiliser la population afin de l’inciter à se protéger au mieux contre le virus mortel », nous a-t-il affirmé.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Eric Biansueki face au portrait de Manu Dibango lors de sa performance (Adiac) Photo 2 : Eric Biansueki en pleine performance devant l’hôpital Vijana (Adiac)

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