Crise ukrainienne : les représailles occidentales contraignent la Russie à stopper ses manœuvres militaires

Mardi 4 Mars 2014 - 14:53

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La Crimée, une République autonome ukrainienne où est basée la flotte russe de la mer Noire, est devenue l’épicentre de la crise en cours en Ukraine depuis que le président Viktor Ianoukovitch, proche du Kremlin, a été évincé, le 22 février, par le Parlement ukrainien 

Depuis lors, la tension est montée d’un cran, notamment suite à des manifestations visant à garder le pays hors de l’influence de la Russie qui avait déjà déployé des milliers de soldats sans insignes en Crimée. L’Ukraine qui s’est déclarée « au bord d’une catastrophe » en raison de cette situation, venait, elle aussi, de mobiliser l’ensemble de ses réservistes pour se préparer contre une éventuelle agression russe. Fort heureusement, la sagesse a prévalu puisque le président russe Vladimir Poutine a finalement décidé de suspendre les manœuvres militaires à la frontière avec l’Ukraine, après que les pays occidentaux ont accentué des pressions sur Moscou : menaces de sanctions économiques, ultimatum européen, suspension des liens militaires.

Le président américain par exemple, a mis en garde Vladimir Poutine contre des mesures concrètes de représailles l’ayant poussé à renvoyer les soldats de son pays dans leurs casernes. « Le message que nous faisons passer aux Russes, a déclaré Barack Obama, est que s’ils continuent sur leur trajectoire actuelle, nous examinerons un ensemble de mesures économiques et diplomatiques qui isoleront la Russie. Elles auront un impact négatif sur l’économie de la Russie et son statut à travers le monde. La Russie a des liens historiques et commerciaux forts avec l’Ukraine. Cela doit être reconnu, mais ce qui n’est pas acceptable, c’est que la Russie déploie ses soldats sur le terrain en toute impunité. »

Soulignant que la Russie était du « mauvais côté de l’histoire » en Ukraine, le patron de la Maison Blanche a ajouté : « Je pense que le monde est largement uni pour reconnaître que les mesures prises par la Russie représentent une violation de la souveraineté ukrainienne (...) et une violation du droit international. »

Alors que la Russie se défendait devant le Conseil de sécurité de l’ONU disant que sa présence militaire en Crimée avait pour but exclusivement de protéger les droits de l’homme, les ambassadeurs européens à l’ONU et leur homologue des États-Unis, ont souligné qu’il s’agissait effectivement d’ « un acte d’agression » puisqu’« il n’y a aucune preuve de violences contre les communautés russes ou prorusses » en Ukraine.

De leur côté, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont demandé à Moscou de procéder sans plus tarder au repli de ses forces dans leurs bases habituelles. Faute de quoi, ils pourraient, lors de la réunion du Conseil européen extraordinaire de jeudi à Bruxelles, en Belgique, prendre des « mesures ciblées » contre la Russie. Il s’agira notamment de suspendre des négociations sur la libéralisation des visas ou sur un nouvel accord de coopération. Ils envisagent aussi des sanctions visant des personnalités ou des entités sous la forme de gel des avoirs ou de privation de visas.

Pour Vladimir Poutine qui avait ordonné une inspection surprise d’une partie de ses troupes pour vérifier leur aptitude au combat, les opérations militaires des forces russes n’étaient pas en rapport avec les événements en Ukraine.

Le signe d’une possible volonté russe d’apaisement va certainement faire que la guerre soit de justesse évitée en Crimée. Cela est salué par la communauté internationale parce que les bruits de bottes qui se faisaient déjà entendre dans cette région limitrophe de la Russie, présageaient de l’éclatement imminent d’une guerre qui opposerait l’Ukraine, appuyée par les pays membres de l’OTAN, à la Russie. Ceci parce que environ 16.000 soldats russes envoyés en Crimée depuis le 24 février, bloquaient les casernes des militaires ukrainiens dans cette péninsule russophone du sud du pays.

Malgré la volonté affichée par Moscou de retirer ses troupes pour tenter de régler la crise ukrainienne, l’une des plus graves de l’Occident avec la Russie depuis la fin de la guerre froide, le chef de la diplomatie américaine John Kerry doit se rendre ce mardi à Kiev afin d’afficher le soutien de Washington aux nouvelles autorités ukrainiennes.

Avant que Moscou ne revienne sur sa décision de maintenir la présence militaire en Crimée, sept pays européens les plus industrialisés condamnaient fermement l’intrusion de la Russie en Ukraine. Ils avaient d’ailleurs décidé d’annuler les préparatifs du sommet du G8, qui inclut la Russie, et qui devait avoir lieu en juin à Sotchi, la station touristique russe où se sont tenus les Jeux olympiques d’hiver.

L’OTAN qui doit se réunir une nouvelle fois aujourd’hui sur la situation en Ukraine après sa rencontre de dimanche, avait demandé à la Russie d’arrêter ses activités militaires en Crimée. « Nous soutenons l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine (…) L’Ukraine est notre voisin, l’Ukraine est un partenaire précieux pour l’OTAN », avait déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Quant au Conseil de sécurité de l’ONU il plaide toujours pour que soit respectées l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté indépendante de l’Ukraine.

La crise actuelle en Crimée a déjà provoqué de sérieux problèmes dans les rangs des forces armées gouvernementales ukrainiennes. Il en est déjà résulté le limogeage du chef de la marine, Denis Berezovsky, qui a prêté allégeance aux autorités pro-russes de la Crimée. Il a été remplacé par le contre-amiral Sergey Hayduk.

Notons que la Crimée, région autonome au sud de l’Ukraine, a été donnée à cette dernière par la Russie en 1954 comme symbole d’alliance amicale entre les deux camps. Elle n’est devenue partie intégrante de l’Ukraine indépendante qu’après la désintégration de l’ex-Union soviétique en 1991.

 

 

 

Nestor N'Gampoula