Dette climatique : l'impact sur les villes africainesVendredi 2 Mai 2025 - 15:30 Les villes africaines ont besoin d'investissements substantiels en matière de logement, de transport, d'énergie, d'éducation, de santé, d'eau et d'assainissement. Les investissements réalisés aujourd'hui dans les villes façonneront leur croissance à long terme pour les générations à venir. Des investissements suffisants permettront aux villes de mettre en place des logements et des services qui résistent au changement climatique, peut-on lire dans The Conversation. Un sous-investissement rendra les villes moins aptes à faire face à la croissance démographique et au réchauffement climatique. Les villes jouent un rôle central dans la transformation économique et l’adaptation au climat. Mais le système financier climatique mondial est biaisé en faveur des institutions nationales et régionales, et le financement direct pour les villes reste très limité. Les contraintes budgétaires des villes se traduisent par des retards dans les projets, ce qui rend les villes plus vulnérables aux risques climatiques. Un autre problème réside dans le fait que plus des deux tiers du financement climatique accordé aux nations africaines prennent la forme de prêts plutôt que de subventions. L'Afrique est déjà en proie à une crise de la dette en raison des emprunts effectués à des taux d’intérêt et des conditions de prêt défavorables. En 2023, les pays africains ont dépensés plus d'argent pour rembourser la dette qu'ils n'en ont reçue. En 2024, trente-quatre pays africains ont consacré plus d'argent au remboursement de la dette extérieure que pour la santé ou l'éducation. Les remboursements de cette dette ont absorbé au moins 18,5 % des recettes budgétaires du continent, le niveau le plus élevé depuis vingt-cinq ans. Les prêts climatiques sont souvent motivés par le profit et tendent donc à financer des investissements susceptibles d'être rentables. Seulement 10% du financement climatique destiné à l’Afrique est alloué à l'adaptation des villes, sans objectif lucratif. La majeure partie du financement climatique mondial est de l’argent prêté aux pays. On estime que 60 % de la dette des pays en développement est due à des créanciers privés. En d'autres termes, les fonds censés répondre à la crise climatique peuvent au contraire contribuer à une crise sociale. Si le financement de la lutte contre le changement climatique est censé être une réparation de la part des pays les plus riches, il ne devrait pas être remboursé. Une urgence pour l’Afrique Les principaux donateurs comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont réduit leurs budgets d’aide. Autrement dit, les subventions pour le climat, qui ne doivent pas être remboursées, risquent d'être réduites à un niveau historiquement bas, contraignant les pays africains à recourir aux prêts à taux d'intérêt élevés. Il devient urgent que les nations africaines dépassent le stade de la confiance passive dans la bonne volonté d'autres pays et adoptent une approche stratégique unifiée pour obtenir ce qui leur est dû. Le remboursement de la dette climatique est une question d'équité. Il est dans l'intérêt économique et environnemental à long terme de l'ensemble de la planète qu'elle soit réglée. La présidence du G20 actuellement assurée par l’Afrique du Sud, premier pays africain à diriger le groupe, offre une plateforme pour mettre en lumière la dette climatique et faire pression pour un meilleur accès au financement et pour que la dette existante soit restructurée. Obtenir davantage de financements ne suffit pas. Les dirigeants africains doivent veiller à ce que ces fonds soient affectés à des infrastructures résilientes face au climat, à des services tels que la santé et l'éducation, et à une transformation économique à long terme. Cela est particulièrement important pour les villes africaines, où se produira la majeure partie de la croissance future. Régler la dette climatique et garantir qu'elle soit payée équitablement sont essentiels pour déterminer si les villes deviennent des moteurs de prospérité résiliente et durable ou des localités où la crise climatique s'aggrave. Noël Ndong Notification:Non |