Dialogue politique : opposition et majorité accordent leurs violons

Mardi 17 Mars 2015 - 15:45

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Le speaker de la chambre basse a déclaré, le 16 mars,  sa disponibilité à soutenir toute initiative allant dans ce sens quand bien même cela devra concerner le calendrier global publié par la Céni qui est loin de rencontrer l’assentiment général.

L’idée du dialogue longtemps réclamé par l’opposition sans qu’elle n’obtienne gain de cause est de nouveau relancée dans la famille politique du chef de l’État. Alors qu’hier au sein de la majorité, personne ne voulait de ce dialogue assimilé à une perte de temps et d’énergies, aujourd’hui le discours a brusquement changé. Les concertations nationales organisées à l’époque pour contourner le dialogue inclusif ayant démontré leurs limites pour n’avoir pas atteint l‘objectif de cohésion nationale qui leur a été  assigné, il y a lieu à présent d’imaginer une nouvelle recette au regard des dissensions qui s’observent actuellement dans la classe politique en rapport avec les enjeux de l’heure. Hier réfractaire à l’idée de dialoguer avec l’opposition, la majorité en est aujourd’hui devenue une fervente défenderesse.

Une de ses têtes couronnées en la personne du speaker de la chambre basse du Parlement a confirmé lundi cette tendance en prenant fait et cause pour ce dialogue pourvu que, a-t-il dit, « le processus se déroule dans la paix et sans incidents ». Il a déclaré sa disponibilité à soutenir toute initiative allant dans le sens du dialogue, quand bien même cela devra concerner le calendrier électoral global publié par la Céni qui est loin de rencontrer l’assentiment général. En débattant de ce calendrier avec, à la clé, des recommandations à formuler dans le sens du recadrage du processus électoral, rien n’est plus accommodante qu’un tel exercice censé créer un climat de paix et de concorde nationale. Bref, Aubin Minaku s’est dit disposé à autoriser un dialogue quant à la mise en œuvre réaliste et sûre dudit calendrier électoral.

Toutefois, si ce dialogue n’est pas organisé dans le style et le format antérieurs, les députés et sénateurs ont été exhortés à engager le débat à l’hémicycle au cours de la session ordinaire de mars qui s’est ouverte lundi. « Dans les débats que nous allons faire, il est important de montrer à la Céni qu’il y a un peu d’irréalisme mais dans le cadre de collaboration fonctionnelle entre les institutions, il faudrait qu’elle comprenne. J’espère qu’elle sera perméable aux recommandations que nous allons lui faire », a déclaré le député Henri Thomas Lokondo qui décèle dans le calendrier de la Céni une dose d’irréalisme.

L’idée du dialogue est aussi partagée dans l’opposition où l’on pense le moment venu pour que toutes les forces politiques se mettent autour d’une table pour discuter sur des questions d’intérêt national en vue d’épargner au pays une crise politique aux conséquences imprévisibles. « Ceux qui pensent que nous recherchons le dialogue pour des postes cherchent une chose et son contraire. Le dialogue, c’est pour parvenir à un compromis sur les différences qui nous opposent. Quand, dans notre camp, nous estimons qu’il existe un problème de légitimité institutionnelle et que la majorité dit le contraire, il faut justement qu’on dialogue pour trouver le consensus », s'est exprimé le porte-parole de la CVD et président du Parti travailliste, Steve Mbikayi. Ce dialogue envisagé respectera-t-il les prescrits de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’ONU ? Là est une autre paire de manche.         

Alain Diasso