Dolisie : Émilienne Raoul appelle à la coordination concertée des ministères pour la pérennité du projet des opérations chirurgicales des enfants aux pieds bots

Lundi 10 Février 2014 - 15:31

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Ces ministères sont ceux des Affaires sociales, de la Santé et de l’Enseignement supérieur. La ministre des Affaires sociales, de l’Action humanitaire et de la Solidarité, l’a annoncé le vendredi 7 février à Dolisie (Niari) lors de la cérémonie de clôture de la campagne couplée (3e et 4e) des opérations chirurgicales des enfants ayant des malformations au niveau de l’appareil locomoteur. Ce projet avait été initié il y a près de trois ans par le ministère des Affaires sociales et la Fondation hollandaise « Sur Un Pied d’Egalité »

Dans la présentation des aspects médicaux de la campagne qui s’achève, le docteur hollandais Nico de la Fondation « Sur Un Pied D’Egalité », a laissé entendre que par rapport aux éditions précédentes, celle-ci a eu plus d’affluence car des gens sont venus de presque tous les départements du Congo, et aussi en ce qui concerne l’âge, celui-ci a été avancé à 16 ans. Cette campagne a connu une note toute particulière, avec des cas de pieds bots très graves, dus peut-être aux injections de quinine dans le grand nerf de la cuisse. Les spécialistes ont également vu des cas exceptionnels, comme celui de la perte des os due à d'anciennes infections et ayant entraîné la déformation complète des genoux de l'enfant qui avait du coup du mal à marcher. « Il faut notre que les points de la présente mission sont aussi, le travail en multidisciplinaire avec des kinés, infirmiers, appareilleurs et chirurgiens. Toutes les données sont basées sur les logiciels, il y a eu une coopération très remarquée entre les deux équipes, celle des Pays-Bas et celle du Congo. Cela nous réjouit et nous donne encore plus de force pour réaliser d’autres succès à long terme », a ajouté l’orateur.

Pour terminer, le docteur Nico qui se dit satisfait de la mission, a fait quelques suggestions pour les prochaines éditions. Entre autres : mener des bonnes injections lors des différentes campagnes de vaccination pour éviter de causer des malformations graves chez les enfants ; garantir les gammes de pathologie, car il y a aussi des cas spécifiques que l’on souhaite pris en compte par la campagne ; disposer d’une infrastructure plus fiable ; mettre l’accent sur la formation des Congolais sur ces spécialités qui interviennent sur la chaîne opératoire. À la longue, le souhait serait d’avoir un fichier électronique qui puisse répertorier tous les stades de consultation jusqu’au suivi à long terme.

De son côté, le médecin congolais Emmanuel Koutaba, chef de service de chirurgie pédiatrique au CHU de Brazzaville, qui a dirigé l’équipe congolaise, s’est exprimé en ces termes : « Cette rencontre de Dolisie n’est pas seulement médicale, elle est devenue plus que scientifique parce que le ministère des Affaires sociales nous avait donné des instructions sur l’avenir de ce projet et nous avons tenté de faire certaines innovations dont la formation donnée aux kinés, parce qu'ils reçoivent les malades, s’occupent d’eux avant, et quand ils n’ont pas pu le faire, ils nous les envoient. Et lorsque nous avons opéré, ils les reprennent, d’où cette formation supplémentaire », a-t-il indiqué.

Pour le docteur Emmanuel Koutaba, ces campagnes se préparent bien avant par l’équipe congolaise, en procédant à la recherche dans les départements des enfants ayant des malformations au niveau de leur appareil locomoteur. Ainsi 199 cas ont été sélectionnés, mais ce chiffre a augmenté au fil des jours car il était difficile de refouler des patients qui arrivaient par eux-mêmes. De 199 patients sélectionnés, le nombre est passé à 215 patients. Après consultations et examens, l’équipe a jugé bon d’opérer 150 enfants, alors que 10 étaient non opérables et 55 ont reçu un traitement non chirurgical. Les interventions se sont déroulées sur 12 jours, avec une moyenne de 10 opérations par jour. Ainsi, 110 enfants ont été opérés, pour certains des deux côtés. Il reste toutefois un certain nombre d'enfants à opérer, notamment ceux qui présentaient fièvre, toux ou diarrhée (22) et d'autres dont l'opération a été reportée à la prochaine édition pour une autre raison (18).

Devant la demande croissante, le docteur Emmanuel Koutaba souhaite que le nombre de donateurs augmente et que les autorités organisent des formations sur place dans toutes les spécialités intervenant en chirurgie orthopédique.

La coordination concertée des ministères s’avère nécessaire pour la survie du projet

Prenant la parole pour clôturer cette campagne, la ministre Émilienne Raoul a évoqué le souhait d'une coordination concertée entre les ministères des Affaires sociales, de la Santé et de l’Enseignement supérieur pour la pérennité du projet. Elle a remercié les partenaires à savoir la sociét Chevron, la sociét Eni-Congo, la Fondation "Sur Un Pied d’Egalité", pour leur soutien financier, matériel, logistique et humain en vue de l’aboutissement heureux des différentes campagnes dudit projet. « Le président de la République Denis Sassou N'Guesso, très touché par toutes ces actions que mène la Fondation Sur Un Pied d’Egalité dans notre pays, et sensible à toutes ces marques de sollicitude envers les enfants congolais handicapés, a nommé à titre exceptionnel dans l’ordre du dévouement congolais au grade d’officier, monsieur Mehouss Vander Pool. L’heureux récipiendaire est membre du Conseil de la Fondation néerlandaise "Sur Un Pied d’Egalité". Il est cordonnier de son état, spécialiste en chaussures orthopédiques, et il s’est rendu plusieurs fois au Congo ; la première fois, c’était en 1979. Depuis cette date, les chaussures orthopédiques distribuées aux enfants et aux adultes sont fabriquées gratuitement dans ses entreprises. D’où nos félicitations et l’expression de notre gratitude », a indiqué Émilienne Raoul.

Pour terminer, la ministre s’est interrogée sur comment faire pour satisfaire la demande de plus en plus importante en chirurgie orthopédique. Pour elle, il y a trois obstacles à relever pour le bon développement dudit projet : les ressources humaines très insuffisantes, les moyens financiers et le management afin de bien harmoniser des compétences par une intégration pour un objectif commun.

Pour la représentante de la société Chevron, madame Catchia Mouthaul Tatou, « la société Chevron ne ménagera aucun effort pour appuyer positivement le ministère des Affaires sociales dans ce projet pour donner le sourire aux enfants qui ont des malformations au niveau de leur appareil locomoteur. Votre initiative tout comme celle qui est actuellement en cours à Pointe-Noire menée par l’organisation Mercy Ships, sont de belles initiatives pour nos communautés et nous y participerons toujours », a-t-elle affirmé.

Monsieur Mvila, représentant le directeur général de la société Eni-Congo, s’est exprimé en ces termes : « Là où les cris de détresse et de désespoir des hommes s’élèvent l’action humanitaire et la solidarité doivent se rencontrer. Et à cette rencontre la société Eni-Congo a toujours été présente. Notre action ne s’arrêtera pas maintenant et nous avons entendu vos difficultés d’ordre humain, logistique et financier. Eni-Congo continuera toujours à vous appuyer dans cette belle initiative pour soulager la peine de la population. »

Notons qu’en 2012, 42 enfants ont été opérés avec succès ; en 2013, plus de 70 enfants ; et en 2014, plus d’une centaine d'actes chirurgicaux ont été réalisés.

 

Faustin Akono

Légendes et crédits photo : 

Photos Adiac: 1 : Une parente dit sa satisfaction à la ministre et à l'équipe médicale. 2 : Le docteur Nico donne des détails techniques à la ministre.