Dossier 15 août 2020 : la longue marche vers l’assurance maladie universelle

Vendredi 14 Août 2020 - 12:56

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S’appuyant sur le modèle sanitaire hérité de la colonisation et adapté à sa dynamique interne, le Congo n’est plus loin de la réalisation de l’un de ses plus grands défis en matière de santé : l’assurance maladie universelle qui lui permettra de couvrir plus de 70% des besoins sanitaires de la population.

Le Congo a accédé à l’indépendance, le 15 août 1960, avec des structures sanitaires importantes héritées de la colonisation. Entre autres, l’Institut Pasteur construit en 1906 dont le bâtiment abrite aujourd’hui le laboratoire national de santé publique. Puis l’hôpital général de Brazzaville ayant pour siège l’actuel commissariat central dont le décret n° 60-319 du 25 novembre 1960 a rendu exécutoire le budget primitif exercice 1961. Le 26 octobre 1960, l’Etat nouvellement indépendant devient membre de l’Organisation mondiale de la santé. La lutte contre la maladie du sommeil et d’autres pathologies tropicales qui décimaient la population a ainsi été renforcée. La formation des cadres en médecine était assurée au plan local par l’Institut supérieur des sciences de la santé (INSSA) créé en 1975.

La mise en service en 1988 de l’unique Centre hospitalier et universitaire que le Congo compte jusqu’à ce jour a concouru à l’amélioration de la qualité de l’offre des soins sans parvenir à couvrir l’ensemble des besoins sanitaires du pays qui nécessitaient encore plus d’initiatives, d’efforts et de moyens. 

A partir de 1992, le Plan national de développement sanitaire est défini comme cadre de référence unique pour la mise en œuvre de la politique de santé. La crise socio-politique qui s’en est suivie, cinq ans plus tard, a réduit à néant les efforts consentis en impactant négativement les structures sanitaires acquises au fil des années. De 1998 à 2006 les programmes d’urgence et de réhabilitation post-conflit sont mis en place pour pallier notamment l’insuffisance des hôpitaux de base et centres de santé intégrés. En 2007, la politique de gratuité pour la prise en charge du paludisme en faveur des enfants de 0 à 15 ans, de la césarienne pour les femmes enceintes, la tuberculose, du VIH-sida est entrée en vigueur.

En 2014, le gouvernement a mis en place le projet « Santé pour tous ». Ce qui a conduit au lancement simultané des travaux des hôpitaux généraux, avec une capacité d’accueil dépassant les 180 lits dans les chefs-lieux des douze départements du pays. Brazzaville bénéficie, en plus de l’hôpital d’instructions des armées, d’une capacité de 443 lits dont la première pierre a été posée en février 2016. Les travaux de ces infrastructures sanitaires, déjà avancés, ont connu un coup d’arrêt momentané du fait de la crise financière que connaît le pays. 

Défis

La crise sanitaire causée par la pandémie de covid-19 a révélé des faiblesses du système de santé, même si les pouvoirs publics apportent progressivement des solutions pour les résorber. C’est l’assurance maladie universelle qui, dans ses différentes facettes, semble être le moyen le plus efficace pour relever les défis sanitaires auxquels le pays est confronté.

Lors du Conseil des ministres du 11 août 2020, le vice-Premier ministre chargé de la Sécurité sociale, Firmin Ayessa, a souligné que les études ont été menées sur les éléments fondamentaux permettant de rendre opérationnelle la caisse d’assurance maladie universelle. Ces études ont trait à la détermination du panier des soins de référence; aux actes médicaux à prendre en compte ainsi que leur tarification conventionnée ; aux modalités de prise en charge des assurés sociaux ; à la fixation des taux de cotisation ; aux conditions de financement et aux défis logistiques pour sa mise en œuvre dans les prochains mois. « L’aboutissement effectif de cette importante réforme permettra d’assurer la couverture d’au moins 70% de la population congolaise dans les deux ans qui suivront le démarrage de la Caisse », a fait savoir le vice-Premier ministre.

L’achèvement attendu des travaux des hôpitaux généraux dans les douze départements, la poursuite de la redynamisation des districts sanitaires facilitant à la base les soins de santé primaire, la formation des ressources à la hauteur des attentes sont autant de défis à relever pour les pouvoirs afin de faciliter l’accès aux soins de qualité et à moindre coûts aux couches les plus vulnérables comme le prévoit le régime de l’assurance maladie universelle.

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Installation des équipements dans un hôpital de Brazzaville pour améliorer la prise en charge

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