Dossier BGFI bank-Céni : explications sur les fameux « montages financiers douteux »

Mercredi 2 Novembre 2016 - 18:10

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Après les révélations du journal belge Le Soir sur des décaissements suspects des fonds destinés à la Céni et logés à la BGFI Bank, quelques officiels sont montés au créneau pour recadrer les allégations de Jean-Jacques Lumumba et apporter plus d’éclairage sur cette nébuleuse affaire.   

La chronique politique de ces dernières heures reste encore dominée par ce que l’imaginaire congolais qualifie, d’ores et déjà, de « Lumumba papers ». Une croustillante affaire de présumée malversation de fonds dont la presse belge en a fait ses choux gras via le quotidien « Le Soir » qui, dans son édition du 29 octobre, avait publié une série des documents compromettants créditant des détournements de plusieurs millions de dollars des comptes ouverts dans la branche congolaise de BGFI-Bank. L’auteur de ce qui apparaît, de prime abord, comme une révélation, n’est autre qu’un des anciens cadres de la banque en la personne de Jean-Jacques Lumumba, un des petits-neveux du héros national Patrice Lumumba. L’intéressé a mis en cause plusieurs autorités du pays qui se seraient livrés à cœur joie dans des montages financiers douteux sur le compte de la Céni alors que celle-ci continue de soutenir le manque de fonds pour justifier le report des scrutins. La source évoque un total de 7,5 millions d’euros décaissés au profit de la centrale électorale entre mai et septembre 2016.  

Soixante-douze heures après la publication de cet article qui a fait le tour des réseaux sociaux jetant un discrédit sur les institutions du pays, l’heure est à la riposte. La RDC officielle est vite passée à l’offensive pour recadrer l’ancien responsable de BGFI dont les allégations sont qualifiées par Jean-Pierre Kambila  de « montages grossiers et ridicules pour tout simplement nuire aux autorités congolaises ». Pour le directeur de cabinet adjoint du président de la République, il n’y a jamais eu de détournement ni d’infraction dans cette rocambolesque affaire. La Radiotélévision nationale congolaise a, dans un récent éditorial, évoqué un « complot ourdi contre les institutions » via des « méthodes impérialistes ».

Un autre cadre cité dans la publication du quotidien belge, en l‘occurrence, Albert Yuma (président de la Fédération des entreprises du Congo et président du Conseil d’administration de la Gécamines) n’a pas manqué de tancer le fameux Jean-Jacques Lumumba qu’il dit ne connaitre ni d’Adam ni d’Eve. Également accusé d’avoir engrangé en 2013 près de quarante-trois millions de dollars sur un compte logé à la BGFI par le biais de quatre versements provenant de la Banque centrale du Congo au profit de sa société « Egal » spécialisée dans le commerce agroalimentaire, Albert Yuma a dégainé à son tour. « Ce sont des idioties. Il faut ne rien comprendre au fonctionnement de l’économie pour écrire des choses pareilles (…). Ce monsieur Lumumba, je ne le connais pas. Il a sans doute été payé. La BGFI va publier un communiqué prochainement et je répondrai personnellement au Soir », a-t-il déclaré à l’AFP.

La Céni riposte

Le grand coup de massue asséné au neveu de Patrice Lumumba est venu de la Céni qui, par la voix de son président Corneille Naanga, a dénoncé les liens établis abusivement dans cette affaire entre les transactions effectuées à BGFI Bank et la non-tenue des élections. Pour le numéro un de la centrale électorale dont les services ont organisé la riposte, les décaissements opérés sur le compte de la Céni n’avaient rien de suspect, car connus de la Questure de son institution. Ce sont des comptables de la Céni bien identifiés qui auraient effectué sur le compte de l’institution électorale ces retraits lesquels ont servi, d’après Corneille Naanga, à payer en cash le personnel et les temporaires. « On a fini les opérations d’enrôlement dans le Nord-Ubangi. Il nous fallait payer les agents électoraux », a-t-il expliqué.

On en sait donc un peu plus au sujet du décaissement de 1.500.000 dollars et d’autres montants faramineux sortis des caisses de BGFI bank sommée par ailleurs de réagir en démentant les propos de son ancien cadre, question de calmer les esprits surchauffés. À la Centrale électorale, on reste convaincu que cette affaire a été montée de toute pièce pour la discréditer comme en témoigne la manière d’agir de la presse belge sur fond d’une campagne d’intoxication tendant à désorienter l’opinion et à renforcer le climat de méfiance et de panique en RDC. Autant que la Céni n’a jamais géré un compte parallèle au sein de la BGFI bank comme allégué par Jean Jacques Lumumba, autant elle n’a pas reçu du gouvernement, depuis janvier 2016, cinquante-cinq millions de dollars pour financer l’achat du matériel électoral.

Entre-temps, des voix s’élèvent pour réclamer l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière en vue de donner une suite judiciaire à cette affaire qui, d’une manière ou d’une autre, aura éclaboussé la classe dirigeante du pays. Notons que ces « révélations » surgissent alors que la RDC est minée par une crise politique liée au report à avril 2018 de la présidentielle qui devait se tenir avant la fin de cette année.

Alain Diasso

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