Droit d’asile en Italie : la ministre Kyenge travaille à un texte unifié

Lundi 23 Décembre 2013 - 3:02

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La ministre italienne de l’Intégration souhaite que les immigrés ne soient plus inutilement retenus dans les centres de rétention par la lenteur des formalités

Si la question de l’immigration est au cœur de beaucoup de politiques des pays de l’Union européenne, c’est aussi parce qu’il est difficile de faire le tri adéquat entre les demandeurs d’asile qui y ont droit et les autres. En Italie, la question se double d’une nécessaire efficacité, tant les flux des immigrés sont nombreux surtout pendant la saison chaude. Mais à plusieurs reprises, la péninsule en a appelé au sens de solidarité des pays de l’Europe pour aborder des questions qui ne recoupent pas toujours les contours d’une seule nation.

La plupart des 10 000 immigrés clandestins qui abordent les côtes italiennes chaque année proviennent de pays lointains, traversent l’Afrique par le Maghreb et abordent la Méditerranée par la Grèce, Malte ou, très souvent, l’île italienne de Sicile dont Lampedusa est devenue le synonyme d’immigrés ou de mort de clandestins malgré le remarquable travail de ses autorités municipales. La réalité transversale de l’immigration appelle donc une réponse plus transfrontalière.

C’est pourquoi la ministre Cécile Kyenge-Kashetu œuvre à un texte unifié européen pour traiter plus rapidement et plus efficacement les demandes des requérants d’asile. Une longue procédure aboutit trop souvent à retenir plus qu’il ne faut les personnes dont les demandes ne répondent pas aux critères établis. Il s’est trouvé plus d’une fois qu’un immigré dans cette situation finisse par quitter l’Italie et aille tenter sa chance dans un autre pays, ou à choisir la voie de la tranquillité en attendant des jours propices.

C’est pour éviter que les zones de la législation deviennent les points d’appui d’une politique d’inaction que l’Italo-Congolaise souhaite des procédures plus simplifiées et coordonnées avec ses homologues de l’Union européenne. « Le texte sera prêt en janvier », promet-elle. À ceux qui affirment que depuis son arrivée au gouvernement, en novembre de l’an dernier, rien n’a été fait dans le sens de plus d’intégration, la ministre répond qu’il fallait d’abord s’attaquer aux procédures qui appesantissent la machine administrative. Par exemple, fait-elle valoir, « très peu savent que nous avons adopté au gouvernement des procédures facilitées pour l’obtention d’un visa d’étude en Italie, tout comme pour se présenter aux concours et aux bourses quand on est immigré régulier ».

La ministre italienne estime que le sentiment « de suffocation » que semblent exprimer les populations devant les flux migratoires puise dans une réalité mal expliquée et mal comprise. Elle estime que le racisme est en progression inquiétante en Europe, se référant notamment au récent épisode d’attaques contre la ministre française de la Justice, Christiane Taubira. Mais Cécile Kyenge-Kashetu reste constante à soutenir que c’est l’ignorance plus qu’un sentiment de xénophobie exacerbée et généralisée qui explique de telles attitudes. Au moins en Italie.

Lucien Mpama