Ebola : l’ambassadeur Mamadou Dékamo rappelle que l’Afrique n’est pas un pays mais un continent

Mardi 11 Novembre 2014 - 15:30

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Le doyen du Corps diplomatique africain en Italie s’insurge contre les préjugés qui font de chaque africain  un suspect porteur du virus mortel d'Ebola.

Les médias italiens se sont largement intéressés aux propos que l’ambassadeur Mamadou Dékamo Kamara a tenus dans le cadre du programme Ital’Africa organisé par la Chambre de commerce pour une meilleure connaissance des partenaires italiens et ceux de l’Afrique centrale. Malheureusement, voulant stigmatiser les  approximations sur l’Afrique, les médias italiens n’ont pas pu contribuer à les perpétuer, eux qui ont continué à désigner M. Mamadou  Dékamo Kamara comme « l’ambassadeur de la République démocratique du Congo en Italie ». Visiblement la réalité des deux Congo a du mal à s’imposer dans certaines rédactions occidentales !

Nonobstant cela, la presse de Rome a été assez généreuse pour rapporter la double interpellation du diplomate congolais au cours de cette conférence, tenue la semaine dernière. La première a été consacrée au virus Ebola qui frappe durement les trois pays ouest-africains que sont le Libéria, la Guinée et la Sierra Leone. Il a fortement souligné qu’une plus grande solidarité en faveur de ces pays sera bénéfique pour tous, car on peut parfaitement venir à bout du virus Ebola, ainsi que le montrent chaque jour les cas de rémission aux Etats-Unis, en France et en Espagne mais aussi dans les trois pays africains cités.

Beaucoup de malades touchés par le virus Ebola au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée retrouvent en effet leur santé, et les médias le disent peu. C’est d’ailleurs en cela que l’ambassadeur a été le plus ferme. Car, a-t-il souligné, la solidarité ne s’entend pas ici dans le seul contexte de l’aide nécessaire à apporter aux victimes, mais aussi dans celui de ne pas faire de tout un continent une entité réduite à la portion congrue. « L’Afrique, ce sont 53 Etats ; ce n’est pas un pays malade », a dit Mamadou Dékamo Kamara, avant de poursuivre: « Et si nous devons nous tenir aux côtés de nos frères touchés, nous devons aussi faire en sorte de ne pas laisser croire que tous les Libériens sont porteurs de virus, ni que tous les Africains sont malades » !

Par contre,  l’ambassadeur Mamadou Dékamo Kamara a renvoyé l'auditoire à plus de responsabilité sur la question de l’immigration. Tout d’abord, il a relevé que l’Europe a laissé l’Italie seule face à ce drame qui touche ses côtes chaque jour sous forme de flux de clandestins. Mais il a rappelé aussitôt que si les vannes donnaient aujourd’hui l’impression d’être largement ouvertes, c’est aussi parce qu’un problème s’était créé en Libye. « Si nous faisons tomber Mouammar Kadhafi et ne nous préoccupons pas de la suite, la conséquence c’est une vague infinie de migrants vers l’Europe », a-t-il relevé.

Lucien Mpama