Éducation : les élèves font cours à même le sol à l'école primaire 2 et 8 Makelele/Bandal

Jeudi 23 Octobre 2025 - 17:45

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Reconstruit dans le cadre du Programme de développement local PDL 145 territoires, l'école primaire 2 et 8 Makelele, située dans la commune de Bandalungwa, a ouvert ses portes depuis le 1er septembre, date officielle de la rentrée scolaire. Malheureusement cet établissement n'est pas équipé et les apprenants étudient à même le sol. Les enseignants dispensent les cours debout toute la journée et il n'ya pas de bibliothèque.

La directrice de l'école, Françoise Mafetani Feti, assure que les cours se déroulent normalement car les élèves et les enseignants sont assidus. Construit depuis 1968 et appelée au départ complexe scolaire sportif Bandal et Kintambo, l'école primaire 2 et 8 Makelele nouvellement réhabilitée par la société de construction Yetu, partenaire du PDL 145 territoires, est un imposant bâtiment peint en gris et beige qui attire tout regard de l'extérieur.

Cependant, cette belle architecture n'est qu'un trompe l'oeil. À l'intérieur de ce bâtiment qui comprend seize salles de classe, neuf bureaux et des latrines hygiéniques, on se croirait dans une école de l'arrière pays où les équipements font défaut. Le décor qui accueille tout visiteur est désolant et révoltant. L'école n'est pas équipée. Une ronde dans les bureaux de la directrice, de son adjoint, du surnuméraire et dans les différentes salles de classe casse toute la beauté de cette école.

Dans le bureau de la directrice, on y trouve une vieille armoire métallique de couleur grise, une chaise plastique et une table en bois couverte par une nappe rebattue. Les fenêtres n'ont pas de rideaux. Les rayons solaires pénètrent dans le bureau, gênant ainsi le climat de travail. Par manque de chaises, les visiteurs sont reçus debout. Pis encore, dépourvu de climatisation, le bureau de la directrice n'a ni ordinateur ni imprimante. La connexion internet n'est qu'un rêve.

En dépit de ce décor, Françoise Mafetani ne pense pas baisser les bras. D'où son appel aux autorités compétentes de doter cette école des bancs et autres équipements pour permettre aux enseignants et élèves d'évoluer dans un environnement propice au travail intellectuel. ''Le bâtiment de l’école est beau mais les bureaux ne sont pas équipés, les salles de classe n’ont pas de bancs, les enfants s‘assoient à même le sol. Les parents nous grondent parce que leurs enfants n’étudient pas dans de bonnes conditions'', s'est plainte la directrice.

"Au début de l'année, nous avons inscrit 400 élèves mais nous nageons actuellement dans les 250 ou 300, parce que beaucoup de parents ont retiré leurs enfants de l’école à cause de manque des bancs", a-t-elle poursuivi. La directrice a souligné que plusieurs démarches ont été menées pour équiper cette école mais sans succès. ''Nous avons eu des lettres signées par le gouverneur de la ville, Daniel Bumba, nous informant que le général du Service national devrait passer pour nous déposer des bancs mais jusqu’aujourd’hui, nous attendons toujours. Que le gouverneur puisse faire quand même quelque chose pour qu’on ne puisse pas perdre les enfants, parce que quand les enfants partent, cela ne sera plus une école...'', a-t-elle insisté.

Enseignant en 4 ème année primaire, Albert Lumana déplore les mauvaises conditions de travail. ''Nous sommes arrivés dans un nouveau bâtiment mais il n' ya pas des bancs, pas de bureaux et cela nous a causé beaucoup de tort. Malgré cette dure réalité, nous donnons cours à la congolaise, les enfants sont par terre, et nous, nous sommes debout. Nous enseignons quand même malgré que les enfants ont d'énormes difficultés pour écrire. Nous faisons un effort pour qu’ils puissent bien écrire.
Pour corriger les devoirs des enfants, a t-il renchéri, je prends n’importe quelle position, je peux le faire debout. Parce qu'il est impossible de m’asseoir avec les enfants par terre. C’est un scandale. Si par hasard j'ai une chaise, je me mets sur la chaise et je me sers de mes genoux comme table pour corriger les notes des élèves. ''Que les autorités pensent à équiper cette école'', a-t-il martelé.

Modicité des frais de fonctionnement

L'école primaire 2 et 8 Makelele/Bandal est une école publique non conventionnée avec deux vacations. L'avant midi pour l'école primaire 2 et l'après midi pour l'école primaire 8. Cet établissement scolaire fait partie de ceux placés sous le régime de la gratuité de l'enseignement. Le personnel de l'école primaire 2 Makelele/Bandal, composé de onze enseignants et quatre administratifs, est totalement pris en charge par le gouvernement qui lui alloue un montant destiné aux frais de fonctionnement.

Mais, à en croire Françoise Mafetani, ces frais ne font pas face aux besoins de l'école qui va jusqu'à s'endetter auprès des tiers. ''Je ne sais pas comment m’exprimer par rapport à ces frais de fonctionnement. Comprenez-moi, quand je dis que c’est très bas. C’est insignifiant, c’est un montant dérisoire. Cet argent ne représente pratiquement rien'', a-t-elle affirmé.

Quant à la gestion de ces frais, la directrice a expliqué qu'il y a une clé de répartition. ''Même si ce sont des miettes, en tant qu'une mère, je sais comment m’organiser. Souvent on emprunte certaines choses et on paye après par tranche. Nous nous entendons avec nos créanciers. On se fixe les modalités de paiement'', a-t-elle laissé entendre.

La détermination et l'assiduité

Malgré les conditions difficiles d'apprentissage à cet établissement, les enseignants et les élèves sont déterminés et assidus. "J'étudie dans de mauvaises conditions parce que nous nous mettons par terre. En dépit du manque des bancs, nous sommes concentrés à suivre les cours et n’aimerions pas rester dans cette situation. Que les autorités nous dotent des bancs. Nos enseignants nous encadrent bien. Ils ont l’amour de leur travail'', a dit Josue mulopwe, l'élève en 6e année primaire.

Élève en 6e année primaire, Pascaline Peleyide a également réagi en ces termes: '' En voyant notre bâtiment, j’avais dit que nous serons bien enseignés. C'est le cas mais les conditions dans lesquellles nous étudions ne nous plaisent pas. Nous manquons des bancs. Les intallations sanitaires sont propres''.

L'on pense que le cri de détresse des enseignants et élèves de cet établissement scolaire n'est pas tombé dans les oreilles des sourds.

Blandine Lusimana

Légendes et crédits photo : 

1- Une vue de l'extérieur de l'établissement / Adiac 2- La directrice Françoise Mafetani / Adiac 3- Les élèves suivant les cours à même le sol / Adiac

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