Égypte : le Qatar dit aider le pays et non les Frères musulmans

Lundi 19 Août 2013 - 13:14

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Alors que plusieurs capitales occidentales, voire arabes, accusent Doha d’aider les Frères musulmans, le ministre qatari des Affaires étrangères a jugé opportun de faire la lumière sur ce sujet. Lors d’une conférence de presse organisée le 18 août à Paris, Khalid ben Mohammad al-Attiya a dit que son pays aidait l’Égypte et non la confrérie

« Concernant le soutien du Qatar aux Frères musulmans, il y a des conceptions erronées sur l’aide que fournirait le Qatar. Le Qatar n’a jamais aidé une partie égyptienne ou un parti politique égyptien. L’aide a toujours été fournie à l’Égypte. L’aide qatarienne a commencé immédiatement après la révolution et continue aujourd’hui », a déclaré le chef de la diplomatie du Qatar. Il a assuré que son pays n'accordait pas d’aide à un quelconque parti politique en Égypte. La semaine dernière, les autorités qataries avaient dénoncé l’intervention de la police égyptienne contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans. Hormis cela, Doha n’a cessé d’affirmer sa solidarité avec le camp de l’ancien président depuis son éviction par l’armée au mois de juillet.

Pour plusieurs observateurs, hormis cette position du Qatar et celles d’autres pays comme l’Iran, la plupart des dirigeants du monde arabe soutiennent les autorités intérimaires égyptiennes dans leur coup de force contre les islamistes, sachat qu’ils y voient un coup d’arrêt opportun à la menace que représentent les Frères musulmans pour leur pouvoir. « Toutes les monarchies du Golfe, à l’exception du Qatar, ainsi que la Jordanie et d’autres pays arabes craignaient l’exportation de la révolution des Frères musulmans chez eux. C’est pour cela qu’elles ont misé sur un retour au schéma classique d’un pouvoir fort en Égypte, pays pivot du monde arabe », a fait remarquer par exemple Khattar Abou Diab, professeur à Paris-Sud.

D’autres analystes de la situation dans ce pays estiment que les Saoudiens et Émiratis tireront profit de la chute de Morsi. « Ryad et Abou Dhabi ont été ravis du coup d’État militaire qui profite à leurs intérêts régionaux et qui porte un coup à leurs plus dangereux opposants que sont les Frères musulmans », a expliqué l’un d’eux. Et de poursuivre qu’en dépit de la complexité de la situation dans ce pays,  les gagnants seront sans doute l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, principaux parrains du nouveau pouvoir en Égypte, au détriment du Qatar et des Frères musulmans.

Selon certains experts, l’Arabie saoudite et les Émirats pensent que les Frères musulmans ont « une ambition régionale qui peut être un danger pour les monarchies du Golfe ». « Ces monarchies estiment que leur intérêt est d’avoir plutôt des dictatures que des régimes démocratiques qui sont trop instables et imprévisibles à leurs yeux », a précisé Shadi Hamid, expert du Moyen-Orient auprès du Brookings Doha Center.

Depuis la chute de Mohamed Morsi, les monarchies du Golfe se sont pressées au chevet de l’Égypte : l’Arabie saoudite, les Émirats arabes, le Koweït ont annoncé une aide de 12 milliards de dollars pour aider l’Égypte à sortir de son état actuel de quasi-faillite mais aussi pour y soutenir la transition.

Nestor N'Gampoula