Enjeux politiques : l’opposition fragmentée à la veille du dialogue

Jeudi 26 Novembre 2015 - 16:30

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La guerre des tranchées fait rage. Chaque camp tente de justifier ses choix par rapport à ce forum national pour être en phase avec l’opinion intérieure au risque d’être rejeté.

Alors que les derniers réglages sont en train d’être opérés en vue de la convocation du dialogue national présenté, à tort ou à raison, comme la panacée susceptible de juguler l’impasse politique actuelle, l’opposition, elle, se fourvoie de plus en plus dans la division. L’Union pour la démocratie et le progrès (UDPS) et ses alliés mènent la cadence en militant mordicus pour la tenue de ce forum sous la médiation internationale. Le parti d’Étienne Tshisekedi qui s’est déjà désolidarisé du camp extrémiste, depuis la contestation populaire de janvier 2015 en rapport avec la tentative de modifier la Constitution,  laquelle Constitution avait dégénéré à l’époque, fait depuis lors cavalier seul. En tant qu’une force politico-sociale ayant pignon sur rue, l’UDPS a amorcé des contacts avec la majorité présidentielle vis-à-vis de qui elle passe pour une interlocutrice crédible au sujet du dialogue national.

Visiblement, les deux parties sont parvenues à un modus vivendi dont on est loin de connaître les dessous des cartes, à considérer seulement l’engouement qui caractérise désormais les militants et cadres de l‘UDPS à participer au dialogue. Ce parti politique entend donc embarquer dans sa mouvance ses partenaires politiques, mais aussi d’autres plates-formes de l’opposition ayant la même vision que lui. Épicentre de la dynamique pro-dialogue qui se développe au sein de l’opposition, l’UDPS peut désormais miser sur un large éventail d’opposants prêts à la rejoindre dans cette aventure. Tel est notamment le cas de « l’opposition pro-dialogue national », une nouvelle plate-forme créée le 23 novembre regroupant des personnalités politiques de l’opposition et des membres de la société civile congolaise. Cette énième opposition, pourrait-on dire, adhère à l’idée d’une médiation internationale tout en nuançant sur le fait qu’elle doit s’exercer conformément à la Constitution de la RDC.

Alors que le camp des pro-dialogue l‘élargit avec, au premier rang, des opposants en rupture de ban avec la ligne directrice de leurs partis politiques respectifs, il est aussi vrai que l’aile dure incarnée par la Dynamique de l’opposition avec l’UNC, le MLC, le MSR et l’Ecidé en tête (pour ne citer que ceux-là) sans oublier le G7 qui fait bande à part n’est pas prête à baisser pavillon. Bien plus, au fur et à mesure que se rapproche cette échéance, ces partis d’opposition se radicalisent en vouant aux gémonies le dialogue présenté comme une astuce visant à obtenir le rallonge du mandat de Joseph Kabila censé constitutionnellement prendre fin en 2016. « C’est leur point de vue ! Mais qu’ils comprennent aussi le nôtre. Ils veulent l’insurrection et la lutte armée. Nous, nous voulons la démocratie et le consensus national », déclarait il y a peu un cadre de l’opposition pro-dialogue national en réaction à la diabolisation dont leur regroupement était l’objet de la part de la Dynamique de l’opposition.

En tout cas, la guerre des tranchées fait actuellement rage au sein de l’opposition où chaque camp tente de justifier ses choix par rapport au dialogue pour être en phase avec la population au risque d’être rejeté. Jamais l’opposition congolaise n’a été aussi fragmentée, aussi divisée et émiettée comme elle l’est présentement à la veille du dialogue alors qu’elle a tout intérêt à faire bloc pour mieux faire entendre sa voix et faire échec à tout projet machiavélique pouvant être concocté contre le peuple. Plus grave, l’animosité semble s’installer entre les deux camps, les pro et les anti-dialogue, les uns et les autres se tirant à boulets rouges via les médias. Une situation par ailleurs exacerbée par le phénomène de dédoublements des partis politiques qui constituent, à n’en point douter, une source des violences et des troubles de l’ordre public dans plusieurs provinces.

Telle est, en somme, l’image qu’offre actuellement l’opposition congolaise à la veille du dialogue. Mais, à en croire des voix médianes au sein de cette même opposition, la tenue du dialogue ne devrait constituer ni un préalable ni un obstacle à l’organisation des élections prévues pour 2016 dans les délais constitutionnels. Reste à savoir si cet appel sera entendu par les participants.

Alain Diasso

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