Enjeux politiques : l’opposition républicaine au bord de l’implosion

Jeudi 17 Avril 2014 - 17:16

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La plate-forme, qui entend composer avec la majorité dans le prochain gouvernement de cohésion nationale, devrait revoir ses calculs notamment dans le choix de nouveaux adhérents, fait observer un courant contestataire incarné par Lisanga Bonganga qui dénonce les méthodes cavalières de l'autorité morale.  

Alors que tout baignait jusque-là dans l’huile au sein de l’opposition républicaine née dans la foulée des concertations nationales, la sérénité vient tout d’un coup de voler en éclat au sein de ce regroupement politique écartelé entre les intérêts divergents de ses membres. La dernière scène rapportée dans la presse, qui a vu une poignée des membres de cette plate-forme faire le pied de grue devant la résidence de leur mentor visiblement peu disposé à les accueillir, était prémonitoire de ce qui allait arriver. Lisanga Bonganga et sa clique n’apprécient guère les attitudes de Léon Kengo wa Dondo qui, de plus en plus, semble les mettre en quarantaine. À la base de cette désharmonie, l’intrusion de deux nouveaux membres au sein de cette famille de l’opposition. Leurs noms, François Muamba et Azarias Ruberwa, présidents respectivement de l’ADR et du RCD, deux partis politiques dont la filiation au sein de l’opposition demeure encore sujette à caution au regard du parcours politique controversé de leurs leaders.

À peine qu’ils ont fait acte de leur adhésion au sein de l’opposition républicaine, les deux précités tiennent à faire table rase du travail abattu par les anciens membres notamment dans l‘élaboration des textes fondamentaux devant régir le fonctionnement de ce regroupement politique au motif qu’ils seraient taillés sur mesure. Une attitude désapprouvée par plusieurs sociétaires. Ces derniers, à en croire des sources, refuseraient de servir de marchepied à ces nouveaux adhérents plutôt attirés par les postes ministériels dans la perspective de la formation du gouvernement de cohésion nationale. Il circule, en effet, dans les milieux concernés que c’est dans le sérail de Kengo que seront puisés les probables opposants censés apporter l’équilibre que requiert la cohésion nationale. Une astuce vite décryptée par le courant contestataire piloté par le coordonateur Lisanga Bonganga qui n’hésite pas à tirer à boulets rouges sur Léon Kengo wa Dondo, prêt à en découdre avec ce dernier s’il n’écoutait pas la voix de la raison. Outre le fait que l’autorité morale a amorcé en solitaire le rapprochement avec l’ADR et le RCD sans les tenir informés, Lisanga Bonganga et ses amis estiment que l’opposition républicaine sortirait perdante en incorporant en son sein des personnalités aussi controversées.

La clique à Lisanga Bonganga n’admet pas, en effet, qu’un parti comme le RCD qui n’existe plus que de nom pour avoir perdu tous ses sièges au Parlement puisse intégrer l’opposition républicaine après avoir tenté de déstabiliser le pays via les pseudo rebellions du CNDP et du M23. Ce qui les écœure le plus dans cette affaire, c’est de s’entendre dire qu’Azarias Ruberwa lorgnerait le poste de Premier ministre et que sa candidature serait soutenue par quelques partenaires occidentaux. « Tout sauf Ruberwa », entend-on dire dans les milieux intéressés où tout serait mis en œuvre pour lui barrer la route. Le courant contestataire décèle cependant en François Muamba quelques circonstances atténuantes en mettant à l’avant-plan la représentation de l’ADR à la chambre basse avec cinq députés faisant ainsi fi de l’alliance contre-nature qu’il a opérée aux négociations de Kampala où l'opposant s’est curieusement retrouvé comme expert du gouvernement. Cette situation a littéralement vicié le climat au sein de cette plate-forme de l’opposition plus que jamais au bord de l’imposition sur fond de lutte de repositionnement.  

 

   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Léon Kengo wa Dondo