Erosions : une grande désolation au cimetière d’Itatolo

Mardi 17 Juin 2025 - 17:15

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L’ancien cimetière public d’Itatolo, dans le 9e arrondissement de Brazzaville, affiche actuellement un spectacle désolant : des érosions ont déjà emporté des centaines de tombes, exposant à certains endroits des crânes et des squelettes humains.

La dernière pluie qui s’est abattue dans la capitale a aggravé la situation. Même de loin, des tombes et autres objets accompagnant les défunts sont visibles. Après avoir privé des milliers de morts de leurs dernières demeures, les érosions avancent dangereusement dans la zone de Don Bosco où certains habitants ont commencé à enlever la toiture des maisons. « Cette érosion est partie du village Itatolo, à près de 2 km d’ici. A l’origine, c’est une carrière de sable. Même le cimetière privé Bouka était aussi menacé, mais des dispositions ont été prises pour arrêter ces érosions qui sont en réalité deux. Quant à la mairie qui gérait ce cimetière, elle a laissé la situation s’empirer », a expliqué un riverain.

Ces érosions d’environ 2 m actuellement seraient accentuées par les eaux de pluie en provenance du quartier Domaine, situé dans le même arrondissement. En effet, par manque de canalisation sur le goudron, les eaux qui suivent la trajectoire causent des dégâts de l’autre côté de la RN2. « La solution proviendrait des pouvoirs publics, notamment la construction des caniveaux au goudron pour empêcher les eaux de traverser », a proposé André.

Selon des témoignages, des crânes et des squelettes humains provenant des tombes détruites jonchent le sol à certains endroits vers le village Itatolo. Pour sauver quelques tombes encore visibles, les riverains suggèrent aux autorités d’entrer en contact avec les ayants droit afin de procéder à l’exhumation des corps restants. « A chaque fête du 1er novembre, on se recueille devant les tombes pour honorer la mémoire des morts, pourquoi ne pas tout mettre en œuvre pour sauver les tombes restantes. Nous demandons à la mairie de prendre ses responsabilités, ce cimetière lui appartient », a plaidé une femme du quartier.

Pour tenter de protéger leurs maisons, les habitants du quartier Don Bosco s’étaient lancés depuis un certain moment à la construction des caniveaux de fortune. Mais leurs efforts ont été réduits à néant depuis la dernière pluie qui a fait environ sept morts et causé d’importants dégâts matériels à Brazzaville. « Vous voyez, cette canalisation construite récemment par les habitants a été emportée par cette pluie qui s’est abattue en milieu du mois de juin. Du haut de mes 53 ans, je n’ai jamais vu cela. L’eau dans la parcelle était jusqu’aux genoux, c’est incroyable », a déploré un jeune du quartier Don Bosco.

Dans sa progression, l’érosion a déjà emporté une partie d’un terrain réservé à la construction d’une école primaire et d’un collège public dans la zone. « Je suis déjà à la porte de la retraite, voici dans quelles conditions je me retrouve avec ma famille, où irai-je vivre avec les enfants ? C’est terrible de finir sa carrière professionnelle dans ces conditions », a laissé entendre un père de famille.

Face à ce désarroi, l’implication des pouvoirs publics est plus que sollicitée, que ce soit pour les riverains ou pour les personnes décédées qui devraient se reposer paisiblement.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Vue d'une tombe emportée par l'érosion Les tombes menacées/Adiac

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