Faim dans le monde : l’Italie et le Ghana fortement impliqués

Jeudi 13 Novembre 2014 - 15:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La récente visite à Rome du président John Mahama a permis de réaffirmer l’engagement résolu de son pays à la campagne « Zéro Faim » dans le monde

Le président du Ghana était à Rome mardi. Ensemble avec la présidente de l’Assemblée  nationale italienne Mme Laura Boldrini, John Dramani Mahama a été reçu au Programme alimentaire mondiale (PAM), au siège romain de cette institution des Nations unies. Cela a été l’occasion de réaffirmer plus que jamais l’engagement de l’Italie et du Ghana, deux partenaires économiques aux rapports très étroits, à vaincre la faim dans le monde. Le chef de l’État ghanéen a notamment illustré l’impact que le virus Ebola commençait à avoir sur la sécurité alimentaire dans sa sous-région.

Même si le Ghana est exempt de virus de ce type pour l’heure, le président Mahama a quand même montré la préoccupation du Ghana qui ne peut continuer à marquer sa forte croissance économique dans une région où trois de ses voisins proches sont  aussi les plus touchés par l’épidémie. Le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée ne sont en effet séparés du Ghana que par la Côte d’Ivoire. Son économie est donc fortement exposée. La fermeture des frontières peut s’avérer une parade contre l’avancée du mal, mais se révèle aussi un frein à l’essor des échanges interrégionaux pour des économies aussi étroitement imbriquées.

« Beaucoup de familles paysannes de la sous-région n’ont pu semer cette saison ni même de procéder aux récoltes », a relevé le président. « L’intervention du PAM pour apporter des vivres aux familles vulnérables et aux communautés sera très utile pour renforcer leurs capacités à lutter contre cette maladie de manière plus efficace ». En d’autres termes, il s’agit de nourrir des populations qui ne sont certes pas toutes malades, mais qui ont besoin de force pour continuer à soutenir l’effort de production. La présidente de l’Assemblée italienne a abondé dans le même sens.

C’est au Ghana, pays dynamique, que l’ONU a implanté sa Mission pour la riposte à l’urgence Ebola (UNMEER, selon son sigle anglais). Cette maladie est un problème sérieux de santé publique, mais elle constitue aussi une menace et un handicap dans la lutte contre la faim. « Il ne s’agit pas seulement de produire plus de biens alimentaires. Le défi est aussi de garantir à chaque pays en difficulté le juste accès à ce qu’il produit. Cela ne sera pas possible tant que les populations n’auront pas atteint un niveau adéquat de revenu et d’instruction leur consentant de vivre dans l’autonomie et la dignité », a souligné la plénipotentiaire italienne.

Comme on voit, le virus Ebola constitue une épine sérieuse dans la lancée économique des trois pays ouest-africains qui se relevaient lentement de longues années de guerre par ailleurs. C’est face à cette situation qu’une organisation humanitaire comme l’ONG britannique de lutte contre la faim, OXFAM, appelle les multinationales établies dans les pays frappés à littéralement « dégorger » les immenses profits accumulés pendant les années d’insouciance.

En 2012, relève l’organisation, les bénéfices cumulés des multinationales œuvrant dans un pays comme la Sierra Leone (notamment dans le diamant), étaient équivalents à 59% de budget total de ce pays aujourd’hui victime d’ostracisme à cause d’Ebola. Or cette somme est huit fois plus que ce que la Sierra Leone dépense aujourd’hui en frais de santé ! Il s’agit d’une justice primaire que de restituer au pays aujourd’hui dans l’angoisse ce qui y a été gagné dans l’euphorie des chiffres.

Le président ghanéen et la présidente de l’Assemblée italienne ont réaffirmé aussi leur appui à l’action du PAM. Car le problème de la diffusion du virus d’Ebola se résoudra par une réponse multiforme, pas seulement sanitaire. Mme Ertharin Cousin, directrice exécutive du PAM a souligné que le Ghana se prêtait bien à cette conjonction d’efforts. « Il constitue l’un des pays leaders pour sauver des vies humaines et éradiquer la faim. Son leadership et son engagement se démontrent chaque jour davantage dans la lutte globale et régionale contre le virus Ebola », a-t-elle souligné.

Lucien Mpama