FAO : la raréfaction des ressources en eau au cœur d’une conférence à Rome

Jeudi 20 Février 2014 - 19:39

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Une conférence régionale de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord -NERC 32- se tiendra du 24 au 28 février à Rome, en Italie. Elle sera l’occasion pour les participants d’examiner une nouvelle Initiative régionale sur la raréfaction de l’eau, lancée par la FAO dans le but d’aider les États membres à identifier des stratégies, des politiques et des pratiques axées sur des solutions durables face à l’appauvrissement des ressources en eau et aux problèmes de sécurité alimentaire qui s’y rattachent

Alors que ministres de l’Agriculture et hauts fonctionnaires s’apprêtent à affronter le problème lors d’une réunion de la plus haute instance de gouvernance régionale de l’Organisation, il faut signaler que la raréfaction de l’eau est l'un des problèmes les plus urgents de sécurité alimentaire auxquels sont confrontés les pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord. En effet, les disponibilités d’eau douce de la région devraient fléchir de 50% d’ici à 2050.

La rencontre aura pour thème le renforcement de la résilience et de la sécurité alimentaire de la région. Elle sera la première d’une série de réunions qui se tiendront tout au long de 2014 dans chacune des cinq régions opérationnelles de la FAO.

À cette occasion, les participants examineront la situation de l’alimentation et de l’agriculture dans la région et des questions connexes, comme les pertes et gaspillages alimentaires le long de la filière, de la production à la consommation, la réduction des disparités entre les sexes, et d’autres approches visant à améliorer les perspectives de l’agriculture et du développement rural. Ils devront à cette même occasion insister sur le rôle de la coopération régionale pour améliorer la gestion de l’eau dans l’agriculture. Ils devraient aussi donner des orientations sur les secteurs prioritaires d’action, comme par exemple améliorer la gouvernance et les institutions ; donner voix au chapitre aux agriculteurs et aux autres partenaires non étatiques ; et renforcer l’efficience de l’utilisation de l’eau.

Les assises de Rome seront un haut lieu d’échanges pour tenter de trouver des solutions aux problèmes de gestion d’eau au Proche-Orient et en Afrique. Cela parce que plus de 60% des ressources hydriques utilisées par les pays de la région viennent de l’extérieur, au-delà des frontières nationales et régionales. Quant aux disponibilités d’eau douce par habitant dans ces pays, elles ont chuté des deux tiers au cours des 40 dernières années, suscitant un regain d’inquiétude sur la dégradation de la qualité de l’eau et l’impact du changement climatique.

Selon la FAO, l’évolution démographique ajoute un caractère d’urgence au problème : la sous-alimentation chronique dans la région est estimée à 11,2% pour la période 2010-2013, tandis que la population continue à croître au rythme de 2%, soit près du double du taux mondial. Il faut aussi noter le fait que l’agriculture et les autres activités connexes consomment plus de 85% des ressources disponibles en eau pluviale, eau d’irrigation et eaux souterraines. Ce qui fait que la demande de produits agricoles devrait grimper avec l’expansion des populations urbaines et la hausse des exportations.

Pour le sous-directeur général de la FAO et Représentant régional pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, Abdessalam Ould Ahmed, le secteur agricole doit être au cœur des réponses de son institution face à l’enjeu de l’eau qui se dessine au Proche-Orient et en Afrique du Nord. « De loin le plus gros utilisateur d’eau de la région, il est également fondamental pour notre subsistance et notre résilience à long terme, représentant environ 95 milliards de dollars de valeur ajoutée pour les économies régionales », a-t-il indiqué. « La région a fait de gros progrès en l’espace de deux décennies en matière de développement de ses capacités d’utilisation et de stockage de l’eau, mais il reste encore beaucoup à accomplir pour améliorer l’efficience de l’eau dans l’agriculture, protéger la qualité de l’eau et relever les défis liés au changement climatique », a ajouté Abdessalam Ould Ahmed.

La phase pilote de l’Initiative avait été lancée en juin 2013. Durant cette phase, six pays (Égypte, Jordanie, Maroc, Oman, Tunisie et Yémen) ont passé en revue l’état de leurs disponibilités et de leurs utilisations d’eau, ainsi que le potentiel d’accroissement de la production agricole. Ils ont aussi cherché à répertorier et à établir l’ordre de priorité des options pour les approvisionnements alimentaires futurs par rapport à leurs coûts économiques et à leurs exigences en eau ; et à analyser les performances de la gestion de l’eau dans l’agriculture et les politiques, la gouvernance et les questions institutionnelles s’y rapportant. Le travail accompli dans le cadre de l’Initiative encouragera donc d’autres pays de la région à s’inspirer de leurs succès pour améliorer la gestion et l’utilisation des systèmes pluviaux irrigués et d’eaux souterraines par le biais d’une approche innovante.

Signalons que les conférences régionales consacrées à ce secteur sont convoquées tous les deux ans. Elles réunissent généralement les ministres de l’Agriculture et les hauts responsables des États membres de la même région géographique autour des enjeux qui dépassent les frontières nationales et les questions prioritaires liées à l’alimentation et l’agriculture. NERC 32 débutera par une réunion de trois jours des hauts fonctionnaires (24-26 février) et s’achèvera par une réunion ministérielle les 27 et 28 février.

 

 

Nestor N'Gampoula