Festival de Cannes : "Augure" offre à la RDC sa première place sur la Croisette

Lundi 8 Mai 2023 - 15:49

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Inscrit dans la sélection officielle « Un certain regard » de la 76e édition du Festival de Cannes annoncée du 16 au 27 mai, le premier long métrage du rappeur Baloji, "Augure"tourné au Congo, avec des acteurs congolais, a pour coproducteurs Tosa Films de Kinshasa, Wrong Men de Belgique et New Amsterdam des Pays-Bas.

Photo  : Augure représente la RDC au 76e Festival de Cannes(DR)Directeur de Tosala Films, Emmanuel Lupia se félicite de la nomination d’Augure au Festival de Cannes 2023. Sa sélection officielle dans « Un certain regard » l’enchante d’autant plus que, souligne-t-il, « en qualité de coproducteurs d’Augure, nous représentons la RDC sur la Croisette ». Ayant participé à la production du long métrage, le jeune cinéaste soutient  : « Augure est un film congolais parce que nous, Tosa Films, y avons contribué même si nous ne sommes pas majoritaires, la production déléguée étant détenue par les Belges. N’empêche que le film a été tourné au Congo, avec des acteurs congolais, des producteurs congolais. Nous sommes fiers de mettre en confiance les partenaires, fiers de réussir malgré tout à faire tourner des films au Congo et à vendre une image positive de notre pays ». Et qui plus est, se réjouit-il : « Avoir un film à Cannes, c’est le rêve de tout cinéaste, l’objectif de chaque pays, chaque cinéaste. Nous sommes fiers de faire partie des pays représentés à Cannes cette année. Nous espérons qu’Augure fera bonne impression et d’une manière indirecte, cela va aider les projets congolais à trouver une place dans les commissions des financements de films ».

La nomination d’Augure à Cannes, « nous le tenons pour une réelle avancée sans être un accomplissement en tant que tel mais un pas significatif vers l’éclosion de cette industrie du cinéma pour laquelle nous travaillons jour et nuit après le succès de la production de Maki’la en 2018 », a affirmé au Courrier de Kinshasa Emmanuel Lupia.

Il a poursuivi que « ce long métrage a eu une très belle carrière internationale. Il a été projeté dans une cinquantaine de festivals, primé ça et là. Il a été vu en Afrique, en Europe, en Amérique et en Asie, ce qui est très bien », poursuivant: « Avec Maki’la, la logique était que notre pays doit produire ses propres images car il va de la responsabilité de chacun de se représenter à l’écran, de parler de lui aux autres ». Etant d’avis que le cinéma joue ce rôle à suffisance, il a renchéri: « Nous, cinéastes, avons l’obligation de produire énormément d’images positives qui parlent du Congo de sorte qu’elles fassent le contrepoids des images négatives produites par la presse internationale, différents médias qui ne s’intéressent au Congo que par ses travers, les guerres, les viols et toutes ces réalités négatives qui nous rendent tristement célèbres ». En tant que réalisateur, Emmanuel Lupia évoque « la responsabilité qu’a notre cinéma de nous vendre au monde entier à travers nos valeurs, notre beauté tant au niveau touristique que culturel. Nous avons l’obligation de vendre notre culture comme il se doit, nos richesses à tous les niveaux ».

D’ici à 2025-2026

En outre, quoiqu’il soit ravi que le cinéma congolais trouve un écho favorable au niveau international, Emmanuel Lupia regrette que « les productions internationales manifestent le souhait de procéder à des tournages ici, mais ne le fassent pas ». Il se désole notamment que « le film "Ali", dont Will Smith a joué le rôle principal, n’a pas été tourné ici même si l’histoire concernait le Zaïre, Congo aujourd’hui. Que le film sur Denis Mukwege, une production française, ait été tourné ailleurs qu’ici ». Il s’indigne que « les tournages aient été effectués au Ghana ou en Guinée et non pas ici ou encore en Afrique du Sud, dans le cas de la série "The Widow", parce que les productions internationales ont besoin d’interlocuteurs sérieux ici, des partenaires en qui avoir confiance ». L’ayant compris, le producteur dit avoir tenté le coup en se proposant sur la production d’Ima. « Au départ c’était difficile mais nous avons pu créer la confiance. Le film est sorti et a été un bon succès », a-t-il affirmé. Ainsi, a-t-il dit, « sans souvent bénéficier d’un accompagnement financier des pouvoirs publics, nous arrivons tout de même à faire nos preuves. Nous espérons que cela va jouer en notre faveur et pousser, demain ou après-demain, nos politiques à nous faire confiance et à commencer à investir dans le cinéma local en finançant nos productions ».

Aux dires du directeur de Tosala Films, « le rayonnement international de Maki’la a permis au Congo d’obtenir plusieurs financements de la part de commissions internationales. Ce projet a démontré que l’on pouvait faire confiance aux projets des Congolais. Les statistiques existent, avant Maki’la, il n’y avait quasiment pas de projets congolais présentés dans différentes commissions, notamment à l’OIF, par le biais du fonds image de la francophonie ».

Dès lors, sans posséder une longue histoire ou expérience de production de films alignés dans des catalogues internationaux, le septième art congolais « a frappé fort ». Depuis, plusieurs projets de films ont été soutenus, si bien que, a confié Emmanuel Lupia : « Nous, Tosala Films et moi-même, accompagnons plusieurs projets ayant bénéficié de soutiens de différentes commissions au niveau de l’écriture. Nous passons maintenant à la production dans l’espoir que le Fonds de promotion culturel et autres financements pourront profiter à ces projets ». Ce qui le porte à croire désormais que « d’ici  à 2025-2026, d’autres films congolais nous représenteront à l’international ».

 

 

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Le film "Augure" représente la RDC au 76e Festival de Cannes/ DR

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