Fida : l’Afrique vit aussi des transferts d’argent de sa diaspora

Mardi 16 Juin 2015 - 17:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Les migrants d’Italie ont renvoyé 10,4 milliards de dollars au pays. Un immigré ça coûte, mais ça rapporte aussi. À tous. Cela ressort du dernier rapport du Fida (Fonds international pour le développement agricole) : 72,9 milliards de dollars ont été envoyés à plus de cinquante pays en développement non européens, dont une majorité en Afrique, l’an dernier.

 Les envois des migrants - c’est une vérité connue mais qui se confirme d’année en année - soutiennent le PIB de plusieurs pays en Afrique. La Banque africaine de développement, créatrice en 2008 d’un Fonds migration et développement, estime que cette donnée est à intégrer absolument dans le tableau économique des pays africains. Car il est arrivé des années où la totalité des transferts d’argent des migrants africains vers leurs pays d’origine a représenté une somme supérieure et, de loin, à l’ensemble des montants alloués par les pays développés à l’aide au développement. L’an dernier, indique le Fida dans son rapport présenté lundi à son siège de Rome, les travailleurs migrants qui vivent en Europe ont transféré 109,4 milliards de dollars vers leurs pays d'origine. Pour l’Italie, ces transferts d’argent ont représenté 10,4 milliards de dollars pour cette période. Ces envois apportent « une aide précieuse à plus de 150 millions de personnes dans le monde », souligne l'agence onusienne.

Mais le Fida invite surtout à faire un usage plus efficace d’une telle manne. « Les familles qui en bénéficient dans le pays d'origine pourraient en tirer des avantages bien supérieurs à condition d'avoir accès à des marchés de transfert d'argent plus compétitifs et à des services financiers ciblés pour les aider à économiser et/ou investir leurs fonds », a soutenu Kanayo Nwanze, le président du FidaI. « Nous devons faire en sorte que cet argent durement gagné puisse être transféré à moindre frais, mais surtout qu'il permette aux familles de se construire un avenir meilleur », a-t-il dit. La majorité des fonds reçus est, en effet,  utilisée pour des biens essentiels comme la nourriture, les vêtements, le logement, la santé et l’éducation.

Dans le Top-10 des pays africains vers lesquels se dirigent en priorité les fonds de la diaspora, on cite le Mali, la Somalie ou le Soudan. Comme de juste des pays ayant connu ou qui connaissent en ce moment des violences politiques qui ont poussé des millions de personnes à fuir. Les réfugiés, au cœur de la polémique en cours face aux flux migratoires en Europe, sont une source considérable de fonds. Mais, insiste le Fida, on pourrait faire beaucoup plus pour démultiplier l'impact des envois de fonds afin d'aider les pays à se stabiliser et à se reconstruire.

L’immigré continue donc de représenter une chance aussi bien pour les agences de transferts des pays du nord du monde que pour la nation qu’il quitte. Cela souligne aussi la complexité du problème migratoire qui n’est pas qu’une réalité fastidieuse pour les pays riches d’établissement. Un immigré coûte et rapporte. Rome est actuellement secouée par le scandale dit de la « mafia-capitale ». L’accueil des immigrés dans des centres d’hébergement ou de rétention y a généré une juteuse activité qui a fait le bonheur de quelques politiques véreux et des mafieux. Une des personnes interpellées a été  entendue dire : « un immigré, ça rapporte plus que de la drogue ». À la mafia.

Lucien Mpama

Notification: 

Non