FMI - Afrique : l’économie africaine face à son pire ennemi

Mercredi 22 Octobre 2014 - 14:15

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Le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé le recul de la croissance de 5,5% à 5% au cours de l’année 2014 à cause des retombées néfastes de l’épidémie d’Ebola et de la situation d’instabilité dans plusieurs pays de la région.

Les prévisions actualisées du FMI datant du 20 octobre 2014 ont annoncé une croissance en baisse dans une région qui a affiché une bonne santé économique depuis plusieurs années. Six mois après, le FMI s'est vu ainsi contraint de contredire ses dernières prévisions de 5,5% de croissance au cours de cette année. Dans sa dernière déclaration, l'Institution de Bretton Woods emprunte un ton plus grave. En effet, le 7 octobre dernier, juste quelques semaines auparavant, le FMI avait parlé « d'une croissance robuste cette année en Afrique malgré de multiples menaces, dont l’épidémie d’Ebola et l’explosion des dépenses publiques ». Toutefois, il avait exprimé des préoccupations sur les retombées néfastes du virus d’Ebola sur les trois économies africaines affectées. Désormais, dans sa dernière déclaration, cette "préoccupation" s'exprime en chiffres, et l'institution craint plus que tout la progression de l'épidémie d'Ebola dans la région et ses conséquences terribles.   

Tout se jouerait donc dans la durée. Si l’épidémie d’Ebola se prolonge et se propage dans la région, elle entrainera finalement des graves répercussions sur les économies. Le FMI cite des secteurs aussi stratégiques que le commerce et le tourisme. Pire, le plus grand danger est l’effritement de la confiance des investisseurs potentiels. L’institution financière internationale s’inquiète du risque réel de détérioration des comptes budgétaires dans les pays les plus sévèrement touchés, en l’occurrence la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone. En RDC, en dehors du cas isolé d’un pays d’Afrique centrale ayant refusé d’accorder le visa d’entrée à des nationaux, l’on fait état d'une terrible nouvelle pour le pays. Il s'agit de l’abandon des travaux de la deuxième ligne électrique Inga-Kinshasa pour cause d’Ebola par les techniciens indiens. 

La menace est prise très au sérieux. Mais il y a un espoir qui se dessine avec la confirmation de la fin de l’épidémie au Nigéria après 42 jours, soit deux fois 21 jours représentant la durée maximale d’incubation du virus depuis la confirmation du dernier cas. Les acteurs de terrain se disent optimistes sur la mobilisation internationale pour stopper l'épidémie. Au total, il y a eu huit morts sur 20 victimes dans un pays de 170 millions d’habitants où l’on craignait forcément le pire. C’est la conséquence d’une réaction rapide et efficace des autorités.

Du côté congolais, l’on affûte les armes. Augustin Matata, le Premier ministre, a évoqué les nombreuses mesures arrêtées pour y faire face, notamment la dotation des structures du secteur de Djera où s’est déclaré le virus en médicaments essentiels. Des efforts ne sont pas ménagés non plus pour assurer la prise en charge psycho-sociale des personnes infectées et affectées. Au-delà, le pays s’investit également dans le renforcement des capacités des prestataires locaux sur l’ensemble du territoire de Boende, dans la province de l'Equateur. Entretemps, les moyens continueront à être mobilisés conséquemment pour contrer la maladie à virus Ebola en RDC qui a causé la mort de plus de trente personnes. Par contre, le gouvernement n’a pas revu à la baisse ses prévisions de croissance économique tirée essentiellement par les mines, le commerce de gros et de détail, les bâtiments et les travaux publics ainsi que l’agriculture. Sur base des réalisations au premier semestre 2014, le taux de croissance est estimé à 8,7% contre 8,5% à fin 2013.     

Laurent Essolomwa