Forum Chine Afrique Investment : à Marrakech, Africains et Chinois posent les jalons d'une nouvelle relation

Mardi 28 Novembre 2017 - 16:00

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Le China-Africa Invest Forum s'est tenu les 27 et 28 novembre sous le signe de la coopération et du développement concerté. 170 entrepreneurs chinois ont fait le déplacement.

Pendant deux jours, le China Africa Forum Investment a rassemblé investisseurs, chefs d'entreprises et politiques d'Afrique et de Chine venus à Marrakech pour évaluer les opportunités d'affaires et ouvrir le chapitre d'une nouvelle relation équilibrée.

L'enjeu est de taille : avec l'aide de la Chine, l'Afrique peut donner un vrai coup d'accélérateur à son développement. Mais si l’Afrique a besoin de la Chine pour l'accompagner, la Chine a besoin de l’Afrique pour améliorer sa compétitivité et accéder à un marché de plus d’un milliard d’habitants.

Formalisée sous le nom de "One belt one road" (OBOR), la nouvelle route de la soie repose sur des intérêts croisés, des atouts solides et des objectifs partagés.

Pour l'Afrique d'abord, "terre méritante riche de talents, de jeunes, de progrès", comme l'a souligné le ministre marocain de l’Industrie, de l’investissement, du commerce  et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, dont le pays vient d'adhérer à l'initiative OBOR et entend clairement se positionner en plate-forme stratégique entre le continent et la Chine.

Marquée par une croissance forte de 5% en moyenne avec des indicateurs du développement humain qui s'améliorent, l'Afrique ne participe encore que faiblement au commerce international et reste assujettie aux fluctuations des matières premières.

Avec sa population qui doublera d'ici à 2025 - un actif sur cinq dans le monde sera africain -, le continent, qui va entrer dans une ère d'industrialisation, doit investir dans la transformation des biens et des matières premières, améliorer ses rendements agricoles, ainsi que les ressources de son sous-sol, développer ses infrastructures.

Pour la Chine, l'ambition est de créer à très court terme une classe moyenne et  devenir ainsi le premier consommateur mondial. En trente-cinq ans, des villes industrielles ont émergé dans toutes les provinces du pays, occasionnant des milliers d'emplois qui ont sorti la population de la grande pauvreté. Des changements structurels s’opèrent, dont le développement de la consommation domestique qui s’appuie sur une hausse des salaires. Mais, cette augmentation du coût du travail nécessite aujourd'hui de délocaliser une partie de l’industrie chinoise pour conserver sa compétitivité.

Bâtir un avenir profitable à tous

En moins de vingt ans, les Chinois sont devenus les premiers investisseurs internationaux en Afrique et les revenus générés sur le continent pourraient progresser de 144% d’ici à 2025. La relation Chine-Afrique a encore un immense potentiel. L’initiative « One Belt One Road » (OBOR) présentée comme l'occasion d'accélérer les investissements en Afrique suscite néanmoins des interrogations multiples. Comment bâtir un avenir profitable à tous et mieux aligner les exigences et attentes des Africains avec les intérêts des investisseurs chinois ? Pour Mustapha Bakourky (Agence marocaine de l'énergie solaire et président de la région Casablanca Settat), bâtir un avenir commun bénéfique pour tous repose sur trois principes indissociables : valoriser les ressources en y associant un capital humain formé et un capital financier dans un cadre réglementaire qui sécurise les investissements. Une dernière condition sine qua non que Chen Jianhua (Joyvio Group) résume : "Nous sommes très ouverts sur l'Afrique mais quel est le retour sur investissement et quelle est la garantie de sécurisation de cet investissement ?".

Créer un environnement de développement favorable est clairement une préoccupation partagée. Qui passera, entre autres, par la création de passerelles à travers des joint-ventures, des processus industriels de transformation avec des compétences locales, et bien sûr un soutien du secteur privé.

Paul Obambi président de la CCI de Brazzaville et de Sapro Group en a rappelé la nécessité dans son intervention : "Tous les géants chinois qui sont arrivés ici ont été accompagnés par l'Etat chinois. Les Etats africains doivent accompagner le secteur privé en termes d'infrastructures, de financements, de cadres règlementaires pour que les projets soient soutenus et confrontés à moins d'obstacles. Voilà le rôle régalien de l'Etat qui doit être recentré dans la relation Chine Afrique".

Clairement exprimées pendant ces deux jours, les attentes vont aujourd'hui vers la recherche de partenaires locaux fiables pour mener à leur terme, et dans la durée, les projets avec l'appui des banques africaines. "Dans une approche concertéerégionale et continentale", insiste Paul Obambi.

Un défi que le marocain Othman Benjelloun (Groupe BMCE Bank of Africa) inscrit dans une "vision mondiale du développement de l’Afrique coordonnée", appropriée par l’ensemble de la communauté internationale en tenant compte des objectifs de l’Union africaine et des travaux prospectifs des organisations de la Banque mondiale.

Et si dans un court terme, l'Afrique arrive à résoudre le déficit d'infrastructures qui permettra de connecter les pays africains entre eux, incontestablement, l’initiative de la nouvelle route de la soie changera la participation de l’Afrique aux échanges mondiaux et constituera un catalyseur à la transformation industrielle du continent.

L’initiative de la nouvelle route de la soie ou « One Belt One Road » prônée par la Chine, est appelée à modifier la carte des échanges internationaux et à vivifier les échanges entre la Chine et le reste du monde. Elle couvre plus de 60 pays et territoires, en Asie, en Europe et en Afrique, concerne 63% de la population mondiale et   30 % de la production économique mondiale.

REPERES

- En moins de 20 ans, la Chine est devenue le premier partenaire économique de l'Afrique.

- Les échanges commerciaux sino-africains ont atteint 190 milliards $ en 2016 et sont aujourd'hui plus importants que ceux du Continent avec l'Inde, la France et les États-Unis réunis.

- Plus de 10.000 entreprises industrielles chinoises opèrent en Afrique et génèrent un volume d’affaires de plus de 60 milliards $ par an.

- Pour l’année 2016, la Chine est le 1er investisseur étranger en Afrique avec 36,1 milliards $ engagés dans le continent, soit 15 fois plus qu’en 2015.

- Les secteurs ayant principalement bénéficié de ces IDE sont le BTP (40,20%) et l’industrie (21,11%).

- La Chine a annoncé en décembre 2015, à Johannesburg, un soutien financier pour l’Afrique, de 60 milliards $.

- Une nouvelle institution de financement a été créée en janvier 2016, pour financer les investissements chinois en Afrique : le Fonds de coopération industrielle Chine-Afrique, doté de 10 milliards $.

- A fin 2016, les entreprises chinoises ont participé à la construction de près de 100 parcs industriels dans le Continent (dont 40 sont déjà opérationnels), à la réalisation de 5.756 km de voies ferrées, 4.335 km d'autoroutes, 9 ports, 14 aéroports et 34 centrales électriques, ainsi que plus de 10 grandes centrales hydroélectriques.

Source : Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique du Maroc

Bénédicte de Capèle

Légendes et crédits photo : 

Une vue du Forum Chine Afrique Investment à Marrakech (BdC/Adiac)

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