Genève : un étudiant autochtone congolais à la tribune des Nations unies

Jeudi 24 Juillet 2025 - 21:00

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Paul Makita, jeune étudiant autochtone du Congo représentant l’Organisation non gouvernementale (ONG) Espace Opoko, est actuellement en mission à Genève, en Suisse, dans le cadre d’une bourse du Haut commissariat des Nations unies sur les droits humains. Il y a prononcé un discours à la dixième-huitième session du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones. 

Dans son adresse, Paul Makita a exprimé son immense honneur de prendre la parole au nom de sa communauté et de milliers d’enfants autochtones qui rêvent d’un avenir meilleur.  L’ONG Espace Opoko qu’il représente, a-t-il expliqué, accompagne les enfants autochtones dans leur parcours scolaire, du primaire à l’université. C’est grâce à elle qu’il est à Genève, a-t-il indiqué.

« Permettez-moi de vous raconter une réalité. Imaginez un enfant vivant dans un village sans école. La plus proche est à 5 km, le collège à 40 km, le lycée à 250 km, et l’université à plus de 700 km. À chaque étape, il faut payer pour se loger, se nourrir, se soigner et étudier. Pour lui, l’éducation n’est pas un droit, c’est une mission impossible qui exige un miracle. Et pourtant, ce miracle existe : Espace Opoko prend en charge ces enfants à chaque étape. Je suis moi-même une preuve vivante de ce programme. Aujourd’hui, je suis conseiller culturel au sein de l’organisation, et près de 1 500 enfants bénéficient de ce soutien, dont 15 à l’université et 4 déjà intégrés dans la fonction publique», a-t-il révélé.

Selon lui, trop de projets en Afrique sont conçus sans les autochtones. Ils sont gérés à distance par des structures qui ne comprennent pas leur réalité et échouent à produire des résultats durables. Les ONG locales comme Espace Opoko qui travaillent directement avec les communautés n’arrivent pas à obtenir les financements nécessaires à cause de critères trop complexes ou de manque de connexions, a-t-il indiqué. Précisant que dans son pays des lois existent pour soutenir les autochtones, mais sans budget, elles restent des promesses creuses. C’est pourquoi il a recommandé au Mécanismes d'expert sur les droits des peuples autochtones et à la République du Congo de mettre en œuvre trois recommandations. Primo, adopter un protocole garantissant le respect du consentement préalable et éclairé et d’assurer la participation effective des communautés autochtones à la conception et à la gestion des projets qui les concernent. Ceci en vertu des obligations juridiques qui découlent du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et de la convention relative aux droits de l’enfant, deux traités contraignants ratifiés par la République du Congo. Deuxièmement, simplifier l’accès aux financements pour les ONG locales engagées sur le terrain. Enfin, investir dans des programmes éducatifs durables comme celui d’Espace Opoko, qui accompagne les enfants dans tous le processus scolaire, qui respectent leur culture et leur identité, en vertu de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que des Objectifs de développement durable (ODD), notamment l’ODD 4 portant sur l’éducation inclusive, équitable et de qualité. L’étudiant autochtone congolais a conclu en disant que l’éducation est la clé. Chaque enfant qui réussit est une victoire pour sa communauté et pour l’humanité. Son rêve est de voir ce modèle s’étendre à tout le Congo et à l’humanité tout entière. « Ensemble, faisons de l’éducation un droit réel, et non un privilège », a-t-il conclu.

Notons que l’ONG Espace Opoko dédiée à la promotion et au soutien de l’éducation scolaire des enfants autochtones du Congo a été créée en 2012. Depuis lors, présidée par Averty D. Ndzoyi résidant au Canada, elle travaille sans relâche pour offrir aux enfants des communautés autochtones les moyens de réaliser leurs rêves et de bâtir un avenir meilleur grâce à l’éducation. Avec des projets dans plusieurs départements du Congo, elle soutient actuellement quelques étudiants à l’université et inscrit des milliers d’enfants, peu importe leurs origines.

Bruno Zéphirin Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- L’étudiant autochtone congolais prononçant son discours/DR 2- L’étudiant autochtone congolais Paul Makita pendant son discours/DR

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