Gouvernance mondiale : la Chine étend son influence à l’ONU

Jeudi 5 Août 2021 - 13:00

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Dans un récent discours célébrant les 100 ans de la fondation du Parti  communiste chinois (PC), le président Xi Jinping a souligné le rôle croissant de la Chine dans le développement mondial, face aux Etats-Unis.

La République populaire de Chine a fêté récemment les 100 ans du Parti communiste chinois. Le président Xi Jinping a déclaré à l’occasion que son pays promeut la paix, la coopération et les avantages mutuels. Si tout le monde n’approuve pas ces propos, cependant il est incontestable que l’activisme mondial de la Chine a accru. Pékin a lancé le plus grand projet d’infrastructure au monde, la « Ceinture et la Route », impliquant 139 pays. L’intention de la Chine est de  « diriger la réforme du système de gouvernance mondiale », a déclaré Xi Jinping. "L'Atlantic Council" décrit  comment la capacité de la Chine à influencer d'autres pays a grimpé ces dernières décennies, tandis que la « capacité d'influence extérieure »  des Etats-Unis est restée stable.

L'influence mondiale de la Chine préoccupe les Etats-Unis

Conjuguées aux prévisions qui indiquent que l’économie chinoise dépassera celle des Etats-Unis d'ici 2028, l'influence mondiale de la Chine préoccupe les présidents américains  de ces dernières  décennies. En matière de financement, Pékin est désormais le 2e contributeur au budget ordinaire de l'Organisation des Nations unies(ONU), après les États-Unis. Son versement de plus de 347 millions de dollars en 2021 a été très apprécié. La Chine est également le 2e plus gros contributeur au budget de maintien de la paix de l'ONU et déploie plus de soldats de la paix que les 4  autres membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Royaume-Uni, France et Russie) réunis. En 2016, la Chine a promis  un milliard de dollars supplémentaires sur 10 ans au maintien de la paix de l’ONU.

Le déploiement de l’administration Biden pour conserver sa crédibilité

La proposition de budget de l'administration Biden serait la première étape pour restaurer le leadership mondial des Etats-Unis et contrer l'influence financière croissante de la Chine à l'ONU. Pour conserver sa crédibilité, Washington envisage de payer tous ses arriérés de maintien de la paix en deux ans. Ce qui mettrait fin à l’attitude de Pékin, de tourner en dérision les États-Unis comme « le plus grand débiteur du monde ». Ce ne sont pas seulement sur des questions de financement que la Chine s'intensifie au sein du système de l'ONU. Des ressortissants chinois dirigent désormais 4 des 15 agences spécialisées des Nations unies : l'UIT, l’OACI, la FAO et l’ONUDI. Les agences de l'Organisation des Nations unies sont  en grande partie responsables de l'établissement des normes et standards internationaux.

 Dans son rapport  au Congrès, la Commission d'examen économique et de sécurité américano-chinoise souligne que la domination des normes techniques faisait partie intégrante des ambitions de la Chine.

Pour contrer la stratégie chinoise, l'administration Biden est appelée à reprendre la tête de l'ONU. En plus de payer ses cotisations et ses arriérés, Washington doit reconstruire le département d'État, investir et redonner du pouvoir au meilleur corps diplomatique du monde. Le département d'État se concentrerait sur l'obtention de représentants américains à des postes de haut niveau à l'ONU, et sur l'investissement dans les programmes d'officiers professionnels juniors onusiens, pensent les experts onusiens américains. 

La Chine de plus en plus active dans les droits de l'homme

Ces initiatives sont nécessaires, car 15 élections pour les chefs des agences spécialisées de l'ONU, et 5 pour les principaux fonds et programmes de l'ONU,  auront lieu au cours des 18 prochains mois. La mobilisation des alliés sera essentielle à chacune de ces élections. Enfin, la Chine est devenue plus active dans le système mondial des droits de l'homme. Au cours des quatre dernières années, dans le contexte des coupes budgétaires américaines,  elle a cherché à réduire le financement des postes de surveillance des droits de l'homme et de protection civile dans les missions de maintien de la paix de l'ONU. En réponse, les États-Unis doivent continuer à diriger et à s'engager dans tous les organes des Nations unies - y compris le Conseil des droits de l'homme- insistent les experts améciains. Bien que les actions de la Chine à l'ONU au cours des 4 dernières années n'aient pas constitué une prise de contrôle, elles ne sont pas aléatoires et sont liées à « une grande stratégie réfléchie ». 

Le président améciain Joe Biden a appelé  ce moment « un concours entre les gouvernements autocratiques et les démocraties, déterminant quel système est le mieux adapté pour répondre aux exigences du 21e siècle ». La Chine a exécuté sa vision du monde avec une vigueur renouvelée. Il revient maintenant aux États-Unis de faire de même, en articulant les valeurs de liberté, de justice et de paix qui ont captivé l'imagination du monde lorsque l'ONU a été créée, il y a plus de 75 ans.

Noël Ndong

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