Hygiène : Des « laveurs de pieds » au marché du lycée Thomas Sankara

Lundi 11 Mai 2015 - 15:00

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Les rares pluies restantes qui continuent de tomber sur Brazzaville ajoutent à l’insalubrité des rues et des marchés à l’instar de Thomas Sankara dans le 9è arrondissement.

Difficile alors de mettre les pieds dans ce marché après chaque pluie à cause de la boue qui se produit. Se mêlant aux nombreuses immondices, cette boue prend des proportions importantes au grand malheur de tous ceux qui y mettent leurs pieds. Ne pouvant l’éviter ni échapper, les femmes sont contraintes d’accepter de se salir dans le seul dessein de se procurer quelques vivres.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cette situation a donné des idées à certaines personnes qui, munies de bidons et de seaux remplis d’eau, se placent à des endroits stratégiques pour proposer leurs services : le nettoyage des pieds salis par la boue. « Vous n’imaginez pas une femme traverser des rues entières avec des pieds noircis par la boue. Nous proposons 25 frs pour un pied et 50 frs pour les deux. L’idée semble ravir de nombreuses personnes qui non seulement n’hésitent pas de nous chercher ou de faire la queue pour attendre  », explique avec un sourire une jeune femme « laveuse de pieds ».

Et Sylvie de reconnaître : « on fait avec. 50 frs ce n’est rien car l’hygiène ou la santé n’a pas de prix. » À propos de la santé, certaines femmes ont avoué avoir souvent eu des problèmes d’allergies aux pieds après avoir pataugé dans la boue. « Il n’est pas exclu que cette boue soit infectée. Il s’agit d’un mélange de plusieurs éléments », ajoute-t-elle.

« Nous ne proposons pas que de l’eau. Nous avons des savonnettes antiseptiques pour celles qui acceptent. C’est pour éviter des démangeaisons aux pieds », dit fièrement une laveuse de pieds. Et que ferez-vous quand arrivera la saison sèche ? Rires, avant de lancer : « Nous vivons au gré des saisons et des besoins des individus. On verra quoi faire », conclut, un tantinet optimiste, une autre « laveuse de pieds ».

On peut lui donner raison, car Brazzaville est pleine d’exemples de gens qui pratiquent des métiers de fortune. « On voit des ‘’traverseurs’’ ou ‘’porteurs au dos’’ lorsqu’il pleut ; des ‘’boucheurs de nids de poule’’ sur les avenues à qui les automobilistes versent un centime ; des ‘’pousseurs de voitures embourbées’’, bref des ‘’solutionneurs à tout’’ selon le vocabulaire de circonstance  chez ces jeunes », décrypte Anicet qui reconnaît avoir déjà libéré une pièce de 100 frs pour se faire porter au dos après qu’une pluie avait sorti la rivière Tsiémé de son lit.

 

 

 

Jocelyn Francis Wabout