Inga III : des obstacles sérieux à la réalisation du projet

Mercredi 4 Septembre 2013 - 18:05

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Les inquiétudes majeures concernent son coût budgétivore, sa taille et le paysage politique encore agité de la RDC.

Si la plupart des analystes ne remettent pas en question sa contribution aux efforts d’intégration économique du continent africain, cependant Inga III place la RDC devant des défis importants à relever. Érigé à l’ouest du pays, sur les chutes d’Inga où le fleuve tombe sur une distance de 100m, Inga III produira 4800 mégawatts (MW). Pour sa construction, un consortium constitué de la RDC, de l’Afrique du Sud, de l’Espagne et de la Chine, sous l’égide de la Banque mondiale (BM), la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque européenne d’investissement a vu le jour.   

Inga sur le fleuve CongoLe premier obstacle est lié à son financement estimé au total à 15 milliards de dollars américains. Pour y faire face, la BAD a recommandé la sélection rigoureuse des partenariats publics-privés. Le projet prévoit, entre autres, l’installation des turbines et la construction des lignes électriques. Le tout dans un délai de six ans après la pose de la première pierre en 2015. Pour arriver à respecter les délais, la RDC se doit de présenter un bon montage financier. Inga III est le projet régional le plus important mis en œuvre en Afrique subsaharienne. Aussi sa réalisation devrait-t-elle constituer un enjeu stratégique pour la région. En effet, avec Inga III, le projet, le taux d’accès à une énergie plus fiable et moins chère passera de 9% à plus de 40% en 2020.

Au-delà, la création d’Inga II ne va pas sans poser la question fondamentale du transport de l’électricité sur une longue distance de la RDC à l’Afrique du Sud, la cliente potentielle. Jusque-là, des projets antérieurs du même genre dans le contexte africain n’ont pas vraiment convaincu. À en croire un analyste, il s’est souvent posé un problème sur la qualité de l’électricité utilisée après le transport. En rapport toujours à cette problématique, notre source a soulevé également la question globale liée à la sécurité. D’abord, le risque politique est réel, au regard des foyers de tension et de leurs répercussions, notamment les mouvements massifs et incontrôlés des populations. Malgré les réformes en cours, l’on constate aussi que la RDC garde encore l’image d’un pays qui ne garantit pas la sécurité des investissements.    

Les plus critiques ont épinglé le risque commercial. Inga III doit aider à améliorer la desserte en électricité tant dans le pays que la région. La faiblesse du pouvoir d’achat de la population congolaise fait craindre une difficulté pour les consommateurs à honorer leurs factures d’électricité. Il y a aussi le sempiternel problème d’entretien des équipements. Les lignes de transmission devront passer par les pays voisins, et sur ce point aussi, il a relevé les risques de confiscation, d’imposition de tarifs élevés ou simplement d’entretien.    

L’Afrique du Sud consommera 2500 MW sur les 4800 MW produits par Inga III. Ce pays, pion majeur dans la réalisation du projet, a conclu un traité avec la RDC. Parmi les avancées enregistrées, les sources sud-africaines ont confirmé la prise en compte des dépenses liées au projet dans le programme budgétaire de leur gouvernement. En juillet dernier, une délégation sud-africaine a fait le déplacement de Kinshasa pour prendre part à trois journées de partage d’idées sur plusieurs points relatifs à ce projet régional. Au cours de cet atelier, les bailleurs de fonds ont invité le gouvernement congolais à produire urgemment un document qui lève des options sur les modalités de financement, de libération de fonds et d’exécution des travaux d’Inga III. Les participants ont évalué les points liés aux risques techniques et financiers. Toutes les parties prenantes ont été informées de la conclusion des études de faisabilité du projet.

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Inga sur le fleuve Congo