Innovation : des briques écologiques fabriquées à base d’urine humaine

Jeudi 22 Novembre 2018 - 20:51

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Depuis la nuit des temps, les recherches scientifiques jouent un rôle-clé dans le façonnement du monde. Elles nous aident à mieux saisir les enjeux sociaux et scientifiques actuels. Aujourd’hui, des briques fabriquées à partir d’urine, voilà la dernière trouvaille de chercheurs sud-africains de l’Université du Cap travaillant sur des matériaux de construction durables et moins nuisibles pour l’environnement.

Ces étudiants chercheurs ont combiné l’urine avec du sable et des bactéries dans un processus qui permet aux briques de se solidifier à température ambiante. Dyllon Randall, superviseur à l’Université du Cap a déclaré : « C’est essentiellement de cette même façon que le corail est fabriqué dans l’océan. Les briques normales doivent être cuites dans des fours à haute température et produisent de grandes quantités de dioxyde de carbone ».

La procédure consiste à recueillir de l’urine dans les toilettes. Après la fabrication d’un engrais solide, le liquide résiduel est ensuite utilisé dans un processus biologique pour faire « pousser » (à l’image du corail) ce que l’université appelle des « bio-briques ». Ce processus est appelé précipitation de carbonate microbien. La bactérie produit une enzyme qui décompose l’urée dans l’urine en formant le carbonate de calcium, qui lie ensuite le sable en briques grises dures comme la roche. « Lorsque nous avons commencé ce processus l’année dernière, nous avons obtenu la même résistance à la compression qu’une brique de calcaire à 40 %. Quelques mois plus tard, nous avons doublé cette résistance en changeant simplement le matériau que nous mettons dans le moule et en permettant aux bactéries de cimenter les particules plus longtemps, sans chaleur, à température ambiante»,  a déclaré Dyllon Randall. Quelques mois plus tard, nous avons doublé cette résistance en changeant simplement le matériau que nous mettons dans le moule et en permettant aux bactéries de cimenter les particules plus longtemps sans chaleur, à température ambiante », a-t-il ajouté.

Selon lui, les briques perdent complètement l’odeur d’ammoniaque après environ 48 heures, et elles ne présentent aucun risque pour la santé non plus. « Le processus que nous utilisons dans la première étape tue tous les pathogènes et bactéries nocifs parce que nous fonctionnons à un PH extrêmement élevé qui a le potentiel de tuer à peu près tout », a-t-il dit.  Les chercheurs expliquent que, pour faire une brique, une personne doit produire en moyenne entre 200 et 300 ml d’urine par miction. « Une brique biologique a besoin de 25 à 30 litres pour pousser. Cela peut sembler beaucoup, mais la majeure partie de cette urine est également utilisée pour produire environ 1 kg d’engrais », a poursuivi le chercheur. Donc, pour faire une brique d’urine, la personne doit aller aux toilettes une centaine de fois. La résistance et la forme des bio-briques peuvent être modifiées au besoin.

D’après l’Université du Cap (UCT), le concept de l’utilisation de l’urine humaine pour faire des briques a été testé aux États-Unis, il y a quelques années avec de l’urée synthétique, dont la production nécessite beaucoup d’énergie. Ainsi, rien ne se jette, tout est important. Au lieu de partir bêtement dans les toilettes, votre urine pourra vous aider à construire une maison. Pour les chercheurs, « ce sera bien plus écologique » et rassure que « ça ne sentira pas mauvais ». Ces « bio-briques », une innovation mondiale, pourraient utilement remplacer les habituelles briques en terre cuite ou béton, espèrent-ils. Mais aujourd'hui, il est trop tôt pour en avoir une idée. « Nous sommes très loin d'une véritable commercialisation », a averti Dyllon Randall, en estimant que le procédé de fabrication peut être amélioré.

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

-Un échantillon des briques à base d'urine

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