Interview. Florence Mbongo : « C’est par révolte, colère, que j’ai décidé de faire des études de droit ! »

Lundi 2 Janvier 2023 - 10:27

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Actuelle vice-présidente de l’Association des danseuses du Congo, aujourd’hui avocate, l’ancienne danseuse déléguée pour rendre hommage à la mémoire de feu Verckys Kiamuangana Mateta a accordé une interview au "Courrier de Kinshasa". Jugeant ingrat son métier d’autrefois et convaincue que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Florence Mbongo s’est engagée à plaider la cause de ses homologues d’hier et d’aujourd’hui pour s’assurer de la reconnaissance de leurs droits.

Florence Mbongo, vice-présidente de l’Association des danseuses de RDC (Adiac) Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Pourriez-vous nous parler de votre parcours de danseuse, les orchestres dans lesquels vous avez presté  ?

Florence Mbongo (F.M.) : J’avais commencé à danser dans mon quartier, auprès d’Enrica Mboma car je suis de Tshangu. J’ai été chez le Pr Babel Bokabila, je suis passée par chez Jolino Kiezowa, chez Bana OK, Madilu System, la Mamu nationale Tshala Muana, Verckys Kiamuangana et Général Defao. Mais depuis, je suis rentrée sur le banc de l’école si bien qu’en ce jour, j’ai embrassé une nouvelle carrière professionnelle. Je suis greffière à la Cour d’appel du Kongo Ccentral. J’avais demandé une affectation pour Kinshasa, c’est ce qui explique ma présence dans la capitale. Et, j’en ai profité pour participer aux obsèques de notre feu papa Verckys Kiamuangana avec notre présidente, Jacky Olandjo, Nina Alengisaka, Mama Salimata, Gisèle Bidenda d’Empire Bakuba et Ya Maze na lineti. Nous sommes là toutes réunies comme représentantes de toutes les catégories de danseuses de notre association.Florence Mbongo et ses homologues rendant leur dernier hommage à feu Verckys (Adiac)

L.C.K. : Vous avez embrassé des études de droit à dessein. Pourriez-vous nous dire un mot sur les réelles motivations de cette reconversion professionnelle  ?

F.M. : J’ai eu la grâce de porsuivre mes études. Licenciée en droit, je suis devenue fonctionnaire, mais quel sort est réservé à mes homologues ? C’est notre piètre réalité qui m’a résolue à faire le droit. C’est par révolte, colère, que j’ai décidé de faire des études de droit ! Je m’y suis décidée dans le but de plaider la cause de mes consœurs danseuses. Il faut que l’Etat congolais nous reconnaisse et considère le métier de danseur. Certaines n’ont pas eu l’opportunité de faire des études comme moi parce qu’orphelines ou issues de familles pauvres. Et donc, maintenant qu’elles se retrouvent disqualifiées, elles sont victimes d’une discrimination que nous n’approuvons pas.

L.C.K. : Pensez-vous que votre voix va porter et qu’il se trouvera une oreille attentive à votre plaidoyer  ?

F.M. : Oui, nous l’espérons en tout cas. C’est ainsi que nous sollicitons même l’implication de notre président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, en tant que père et garant de la nation. Nous aimerions qu’il prête oreille à nos cris. Et que la première dame aussi daigne nous écouter tout autant que son homologue, Maman Antoinette Sassou, que nous considérons tout autant et de qui nous espérons obtenir une audience, mieux une action en notre faveur. Nous voyons combien ils volent au secours de certains artistes. Pourquoi sommes-nous des laissées-pour-compte ? Devenues mères et à un âge où nous ne pouvons pas revenir danser sous les projecteurs, pourquoi ne peuvent-ils pas penser à nous ? Plus aucune considération pour nous, nous sommes disqualifiées comme le témoigne les discours habituels à notre propos. Très souvent, on entend dire à notre sujet : « Wana basi bakomi ba mama ». Pis encore, les jeunes d’aujourd’hui n’ont aucun respect pour nous. Nous ne sommes même pas reconnues par Photo de famille des danseurs lors des funérailles de feu Verckys (Adiac)l’Umuco et sommes disqualifiées par nos anciens patrons au motif que nous avons déjà pris de l’âge et que s’en est fini pour nous. C’est déplorable !

L.C.K. : Plus jeune, vous étiez l’objet de toutes les convoitises. Regrettez-vous ce temps où l’âge était un atout et qu’aujourd’hui ce soit l’inverse  ?

F.M. : Non ! Je suis fière de ce que je suis devenue en ce jour après avoir mené ma carrière sur scène. Et qu’à l’âge que je porte en ce moment, je sois en mesure de me réaliser autrement. Je suis née le 24 juin 1977, si vous voulez connaître mon âge, je vous laisse le loisir de le calculer.

 

 

Propos recueillis par Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1 - Florence Mbongo, vice-présidente de l’Association des danseuses de RDC / Adiac 2 - Florence Mbongo et ses homologues rendant leur dernier hommage à feu Verckys /Adiac 3 : Photo de famille des danseurs lors des funérailles de feu Verckys /Adiac

Notification: 

Non