Interview. Gueorgui Tchepik : « Le Congo compte parmi les partenaires privilégiés de la Russie »

Mardi 2 Novembre 2021 - 12:30

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Présence russe en Afrique, coopération économique et militaire, formation des cadres africains, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en République du Congo, Guéorgui Tchepik, clarifie, dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, la position de son pays qui, selon lui, a toujours œuvré pour aider le continent africain dans sa marche vers le développement.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B) : Votre pays se situe actuellement au cœur des grands enjeux internationaux tels que la lutte contre les changements climatiques et la covid-19. Comment perçoit-il le multilatéralisme prôné par l’Organisation mondiale de la santé en matière de disponibilité du vaccin pour les pays en développement, notamment africains ?

Guéorgui Tchepik (G.T) : Dès le début, la Russie a soutenu la thèse selon laquelle tous les pays du monde, y compris ceux en développement, avaient le droit d’avoir accès au vaccin, car nous sommes tous dans le même bateau qui fait face à une tempête.

Je rappelle que la Russie a été le premier pays au monde à mettre au point un vaccin contre la covid-19 (Spoutnik) qui est, depuis quelque temps, administré au Congo, tout comme d’autres vaccins, à savoir le chinois Sinopharm et ceux des pays occidentaux. C’est, d’ailleurs, ici l’occasion de féliciter notre partenaire, la République du Congo, pour avoir porté son choix sur le vaccin russe. Cependant, je constate que la population congolaise ne montre pas beaucoup d’intérêt à la vaccination, ce qui constitue pour nous tous une préoccupation surtout vu l’apparition du variant Delta très agressif.

L.D.B : On sent, depuis quelque temps, un retour en force de la Russie en Afrique. Qu’est-ce qui justifie ce comeback ?

G.T : La Russie en tant que pays continuateur de l’ex-URSS compte parmi les Etats qui ont des liens historiques avec le continent africain. Bien avant même l’Union soviétique, mon pays avait noué des relations avec certains pays du continent, à l’instar de l’Ethiopie. Nous avons soutenu la lutte des peuples africains pour leur indépendance. Nous étions au centre des efforts des jeunes pays africains pour bâtir leurs propres Etats, leurs économies et leurs forces armées.

La Russie a toujours été présente en Afrique, sauf que dans les années 1990, après la disparition de l’URSS, nous étions beaucoup plus concentrés sur nos problèmes intérieurs, ce qui a causé une certaine baisse des liens économiques. Par contre, depuis un bon bout de temps, la Russie manifeste l’intérêt de relancer cette histoire d’amour qui liait l’Union soviétique avec l’Afrique et nous faisons le maximum pour cela.

Comme vous le savez, nous avions organisé, en 2019, le premier sommet Russie-Afrique qui était déjà en quelque sorte le résultat d’un travail préliminaire. C’est non plus un moment de départ parce que nous avions fait beaucoup de choses avant en matière de liens économiques, la formation des cadres et la coopération militaire, ce qui veut dire que politiquement nous étions toujours ensemble.

Nous sommes toujours en Afrique et nous ne sommes pas ici contre qui que ce soit. Les pays de l’Occident se montrent parfois nerveux face au retour de la Russie en Afrique. Mais c’est leur problème s’ils perçoivent notre présence à leur manière. Il faut dire que la vision occidentale vis-à-vis de la Russie est une vision défigurée et dépassée qui date du temps de la « guerre froide ». Cela étant, nous sommes en Afrique en tant qu’un partenaire qui cherche à travailler ensemble pour le bien des peuples, le développement et la sécurité des pays africains qui le veulent. Les Africains sont des Etats souverains qui ont le droit de choisir leurs partenaires. Ce choix ne doit pas vexer qui que ce soit ou une nation quelconque qui a toute sa place pour aider le continent africain dans sa marche vers le développement.

L.D.B : Que représente, pour la Russie, la sous-région Afrique centrale, en général, et la République du Congo, en particulier ? Quels en sont les différents axes de coopération dans cette partie du continent africain ?

G.T : Les pays d’Afrique équatoriale sont nos partenaires traditionnels. Avec tous les pays sans exception nous entretenons de bonnes relations d’amitié et de coopération. Dans certains cas, nous avons fait des progrès tangibles en ce qui concernent les liens économique, militaire, de la formation des cadres. Certes, parfois avec un peu de retard dans certains pays, mais je peux dire que la République du Congo compte parmi les partenaires privilégiés de la Russie. Un pays avec lequel nous avons eu des liens très étroits. En matière de l’économie, nous sommes actuellement concentrés sur plusieurs projets dont les plus en vue sont la construction de l’oléoduc et celui portant production industrielle des poulets. Ce dernier projet s’inscrit dans la ligne de la politique générale du gouvernement congolais qui fait de l’autosuffisance alimentaire une priorité. 

L.D.B : A quel chiffre se situe aujourd’hui le nombre de bourses accordées pour la formation des cadres congolais ?

G.T : Les chiffres sont en hausse. Comparativement aux années antérieures jusqu’en 2021 où cent cinq bourses étaient attribuées, ce chiffre passera pour l’année académique 2022-2023 à cent cinquante. Nous sommes en train de travailler de connivence avec le ministère de l’Enseignement supérieur pour mieux informer les demandeurs de bourse afin qu’ils s’inscrivent à partir d’un site internet approprié.

L.D.B : Quelle est votre perception de l’avenir du Congo concernant son développement ?

G.T : Je suis certain que le Congo a un bel avenir. C’est un pays en développement qui fait sa marche parfois dans des conditions difficiles au regard de la dette qui pèse sur lui. La situation financière actuelle est causée par la chute des prix du pétrole en 2020 et la crise sanitaire liée à la covid-19.  Cependant, il est évident que ce pays a tous les atouts nécessaires pour réussir économiquement, financièrement et écologiquement. Il y a un bel avenir pour le développement de l’écotourisme. Je n’ai pas de doute que le Congo va surmonter toutes les difficultés.

 

 

Propos recueillis par Guy-Gervais Kitina

Légendes et crédits photo : 

L'ambassadeur de la Russie au Congo, Guéorgui Tchepik

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