Interview. Jean-Robert Ndudi : « L’objectif du KINFOR16 est de mettre en avant les atouts économiques de la RDC »

Les Dépêches de Brazzaville : Vous organisez le Kinshasa International Forum sur le thème  «Émergence de la RD Congo par l'entrepreneuriat et la responsabilité sociétale des entreprises ». Pourquoi le choix de ce thème ?

Jean-Robert Ndudi : Il s’agit, pour nous, de sensibiliser les entreprises à  prendre en compte la RSE afin d’en faire une stratégie pour un développement durable en RDC. Il est essentiel aujourd’hui que les entreprises contribuent au développent économique de leur pays tout en tenant compte des réalités sociales, environnementales, humaines locales.  C’est aujourd’hui dans le contexte mondial le gage d’une économie responsable.

LDB : Combien d’entreprises se sont-elles enregistrées à ce jour ?

JRN : Notre objectif est d’atteindre cinq cents entreprises congolaises  et  deux cents entreprises d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Amérique du Nord. Actuellement, une centaine d’entreprises de la RDC, du Congo Brazzaville et de la Belgique sont déjà inscrites.

Plusieurs autres entreprises du Québec, des États-Unis, de la, France, du Luxembourg et de la Suisse se sont également préinscrites.

LDB : Le KINFOR vise-t-il des secteurs prioritaires ?

JRN : c’est un forum multisectoriel. Mais quelques secteurs seront mis en avant comme   le transport, la construction, l’agriculture ou encore les finances.  À ce sujet, plusieurs banques seront présentes  afin notamment de présenter des projets d’investissements  et d’exposer sur  les différents moyens de financement qu’elles mettent en place pour soutenir les jeunes entrepreneurs congolais.

LDB : Vous  avez déjà organisé en Belgique deux éditions de l’ABBW. Quelle est votre évaluation de ces deux éditions, quels en sont les impacts positifs et comment avez-vous capitalisé cette expérience en vue de l’organisation du KINFOR ?

JRN : La première édition de l’ABBW a eu lieu en Avril 2014 à Charleroi  avec plus de 270 participants, issus de douze pays africains. La RDC était à l’honneur. Une trentaine de partenariats et de contrats ont été signés pendant et après le forum. Le bilan fut donc  assez positif pour une première édition de ce type  en Belgique. . Fort de ce succès, nous avons décidé d’organiser l’ABBW chaque année en améliorant la qualité des  intervenants. Lors de la deuxième édition, en avril 2015, à Genval, le pays mis à l’honneur était la Côte d’Ivoire et nous avons enregistré plus de huit cents participants. Le Premier ministre ivoirien, à la tête d’une forte délégation d’entreprises publiques et privées, a pris part à l’évènement. Il était également accompagné de deux ministres. Par ailleurs, la Tanzanie et la RDC ont bénéficié d’un focus. Vingt-cinq pays ont pris part à cette deuxième édition dont dix-sept pays africains. Dès le premier jour, un contrat d’un peu plus d’un million d’euros a été signé entre une entreprise belge et une autre du Bénin. En outre, une pré-mission a été organisée en Côté d’ivoire, deux semaines après le forum, sur invitation du Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan. Cette pré-mission a débouché sur une mission économique qui va se dérouler à Abidjan du 30 novembre au 4 décembre dans le secteur des transports. Cette expertise nous a permis de nous lancer dans un projet comme le KINFOR. Nous exportons ce concept à Kinshasa à la demande des entrepreneurs congolais qui étaient présents lors de la deuxième édition de l’ABBW et qui ont constitué la délégation africaine la plus importante, avec plus de soixante-deux entrepreneurs congolais. Le KINFOR sera donc une première expérience sur l’Afrique. À la suite des plusieurs autres sollicitations, nous prévoyons d’organiser d’autres forums du même type sur le continent.

LDB : Dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, la RDC n’occupe pas une place de choix. Dans ce contexte, pensez-vous que l’émergence d’un entrepreneuriat local au Congo, qui est l’un des objectifs du KINFOR, est possible ? 

JRN : Malgré la situation qui prévaut en RDC, la croissance congolaise est aujourd’hui une réalité, même s’il reste encore de nombreuses choses à accomplir. Le KINFOR sera axé sur les résultats d’affaires. Nous souhaitons que des partenariats soient noués, multipliés et que des contrats soient signés. L’objectif principal demeure toujours la relance de l’économie et le développement du pays.

LDB : avez-vous une expérience de la RDC, de son contexte économique et de ses réalités d’affaires?

JRN : Au sein d’Africa Rise nous disposons d’une palette de compétences issues de la diaspora africaine et dotées d’une certaine expertise. En ce qui me concerne, j’ai travaillé pendant trois ans à Kinshasa et aujourd’hui je suis chargé d’affaires pour un groupe de construction métallique tourné vers l’Afrique subsaharienne. Donc, je connais bien le marché africain. Ce qui me permet d’avoir une vision et une connaissance des réalités économiques de certains pays, mais surtout de mieux définir les  besoins afin de pouvoir répondre aux demandes exprimées par certains entrepreneurs européens et africains.

LDB : le KINFOR va-t-il accorder une attention particulière aux jeunes entrepreneurs ?

JRN : Tout à fait. Un volet sera consacré aux jeunes entrepreneurs congolais. Dans cette optique, un concours dénommé KinPitch sera organisé dans l'objectif de permettre à de jeunes porteurs de projets innovants de défendre leurs projets devant des chefs d’entreprise et des investisseurs et de mettre aussi en lumière les talents de demain. Il est important d’accompagner ces jeunes entreprises qui n’ont pas toujours l’expertise requise pour prospérer dans leurs affaires.

LDB : Après l’édition 2016 du KINFOR, quand auront lieu les prochaines éditions de l’ABBW et du KINFOR ?

JRN : La troisième édition de l’Africa-Belgium Business Week aura lieu du 20 au 22 avril 2016 à Genval. La Tanzanie sera le pays à l’honneur. Pour sa part, la prochaine édition du KINFOR aura lieu en juin 2017. 

Plus d’informations sur le KINFOR16 www.africarise.be