Interview. Maguy Kalomba : « Je rêvais de passer de l’autre côté »

Mercredi 4 Janvier 2023 - 16:53

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Comédienne et actrice douée au départ, Maguy Kalomba a été présentée en qualité de metteuse en scène à l’ouverture de la Saison artistique 2022-2023 de la Compagnie Théâtre national congolais avec la pièce Erreur au Centre culturel congolais Le Zoo, le 3 décembre dernier. La femme de théâtre se livre à cœur ouvert sur son revirement professionnel dans cet entretien exclusif avec Le Courrier de Kinshasa.

La metteuse en scène et comédienne Maguy Kalomba (Adiac)Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Réputée comédienne et actrice talentueuse, de plus en plus l’on apprend à apprécier une autre de vos qualités, la mise en scène. Comment Maguy Kalomba explique-t-elle cette mutation qui semble bien lui réussir  ?

Maguy Kalomba (M.K.)  : La mise en scène a toujours été mon souci. Etant déjà comédienne, je me faisais diriger par les metteurs en scène, je rêvais de passer de l’autre côté, de pouvoir moi aussi mettre en scène un spectacle. C’est donc parti tout seul. Un jour, j’ai pris un texte, Transes infernales, que j’avais déjà joué en monologue. Mon envie de mettre en scène, je l’ai réalisée avec ce texte. J’ai éclaté la distribution en faisant jouer cinq dames, c’est à partir de là que j’ai fait ma première mise en scène. J’ai tout de suite trouvé que c’était vraiment mon truc. Je me suis sentie à ma place parce que j’avais mon mot à dire à travers la mise en scène, la direction des acteurs, surtout que dans l’environnement théâtral congolais il n’y avait pas beaucoup de femmes dans la mise en scène. Peut-être parce que dans l’entendement général la mise en scène est un domaine réservé aux hommes. Considérant qu’il ne s’y trouvait presque pas de femmes, j’ai résolu de m’y essayer et le spectacle a bien marché. Je me suis dit pourquoi ne pas se lancer. Aussi, j’ai tenté à nouveau l’expérience avec Te voir dressé sur tes deux pattes ne fait que mettre l’huile au feu présenté à Ça se passe à Kin 2016. C’est de là que tout est parti. J’entends dire que je suis une bonne metteuse en scène, mais moi je sais que j’en suis encore à la phase d’apprentissage. Je me cherche, je dois trouver mon style, mon genre car la mise en scène c’est toute une école je me forge. Ce dont je suis sûre à ce niveau, c’est que je suis sur la bonne voie.

L.C.K. : Erreur, votre pièce en cours de création a fait l’ouverture de la nouvelle saison du Théâtre national. L’extrait joué a laissé en suspense le public, peut-on en savoir plus ?

M.K. : J’ai participé à une lecture d’Erreur lors du Festival Ça se passe à Kin entre 2014-2015. Le texte m’a tout de suite touché alors qu’à cette époque-là, on parlait certes déjà de la bancarisation de la paie des fonctionnaires, mais ce n’était pas encore d’application. Jules, le personnage principal m’a plu parce qu’en tant qu’agent du Théâtre national je suis moi-même fonctionnaire et je sais à quel point c’est la galère. La mésaventure de cet homme qui, par on ne sait quel hasard, trouve son compte en banque crédité d’une somme colossale. Il rêve de Un extrait de la pièce Erreur, mise en scène par Maguy Kalomba (Adiac)le prendre. Le simple fait de la savoir logée là l’emmène à faire des projets en s’imaginant le posséder alors que l’argent ne lui appartient pas. Mais il n’obtiendra jamais cet argent parce que la banque finira par se rendre compte de son erreur. Cette histoire m’a beaucoup touchée. La création est une manière de rendre visible le combat des fonctionnaires qui se tuent à quitter leur logis tôt le matin juste pour des clopinettes à la fin du mois. Leurs salaires dérisoires ne leur permettent même pas de nouer les deux bouts. Erreur est une façon de leur rendre hommage. J’ai proposé ce projet au Théâtre national parce que, depuis quelque temps, j’y évolue comme metteure en scène et il a été accepté par ma hiérarchie qui m’a confié sa création. Ce n’est pas une tâche facile car le genre d’écriture de l’auteur, Merdi Mukore, ne l’est pas. Le texte du jeune écrivain congolais est à première vue incompatible avec le style du Théâtre national où l’on a l’habitude de jouer en masse. Erreur, c’est du genre théâtre de boulevard mais je vais l’orienter autrement pour que ce ne soit pas du déjà-vu. Je voulais le ramener dans un tout autre style mais qui puisse plaire au public et qui soit exploitable, digne d’être proposé à des festivals, de faire des tournées hors de la RDC.

L.C.K. : Depuis quand êtes-vous sur la création et pour quand prévoyez-vous la grande première  ?

M.K. : L’extrait présenté a été préparé en deux mois vu que nous ne répétons pas tous les jours. Nous avons travaillé intensément pendant une courte durée pour en arriver là. Cependant, le spectacle est déjà travaillé de bout en bout. Nous en avons juste présenté un extrait alors qu’il est presque déjà fini. Il ne reste plus qu’à l’habiller, créer les costumes, le décor, les lumières et à travailler sur les détails au niveau du jeu d’acteurs, etc. Quant à la grande première, elle ne dépend pas de moi. Je dépends de la programmation du Théâtre national qui n’est pas encore publiée.

Propos recueillis par Nioni Masela

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : La metteuse en scène et comédienne Maguy Kalomba (Adiac) Photo 2 : Un extrait de la pièce Erreur, mise en scène par Maguy Kalomba (Adiac)

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