Interview. Marie Omba : « Kinshasa Fashion Week était une très belle expérience »

Mardi 5 Août 2014 - 18:26

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Présente à la 2e édition de l’évènement mode sous le label Mood (humeur en français), anagramme de ses initiales mis ensemble faisant passer son post-nom après son prénom, c’est dire que la styliste congolaise crée comme elle le ressent un peu à son humeur. C’est sous un joli sourire qu’elle a avoué aux Dépêches de Brazzaville : « Je fais les choses qui me plaisent. Souvent les gens me demandent pourquoi vous avez fait ceci, pourquoi vous avez choisi cela. Moi, je me dis que nous les artistes faisons parfois des choses juste par envie de réaliser le beau ». Dans cet entretien accordé en pleine exposition, le 20 juillet, au lendemain du défilé qui a mis ses créations sous les feux de la rampe, la fashion designer (créatrice de mode) s’est plu à nous relater comment elle a vécu l’aventure Kinshasa Fashion Week (KFW).

Marie Omba accompagnant la dernière sortie de ses modèles à la KFWLes Dépêches de Brazzaville  : Comment avez-vous vécu l’évènement ? Un mot sur le chemin parcouru, avant d’en arriver aux soirées KFW ?

Marie Omba  : L’aventure a commencé il y a quelques mois car le préalable c’était le dépôt du dossier qui a permis notre sélection. Puis nous avons eu largement le temps de nous préparer et pris le temps de réfléchir sur quoi présenter en rapport avec le thème.

LDB : Était-ce votre première participation à la Kinshasa Fashion Week, comment l’avez-vous vécu ?

MO  : Oui, mais en octobre de l’année passée, j’avais participé au Congo Fashion Week. Kinshasa Fashion Week était une très belle expérience. Nous avons vraiment été chouchoutés d’un point de vue artistique, nous avons eu la latitude de nous exprimer. Nous avons été placés dans un cocon où nous avions juste à penser musique, décor, chorégraphie, à l’artistique et au beau. Donc nous avons vécu dans une agréable atmosphère pendant deux jours avec toute une équipe artistique à notre service. C’était vraiment une très belle expérience.La veste en patchwork, mélange de raphia et de jute (ngoto)

LDB : Sur quoi avez-vous planché en définitive, question de faire valoir son savoir-faire ou d’en mettre plein la vue au public  ?

MO : Non, l’objectif n’est jamais d’en mettre plein la vue. Moi, je suis à la base une artiste donc je travaille pour le beau. J’aime le beau, j’aime l’harmonie. C’est une atmosphère que l’on crée, c’est une histoire que l’on veut raconter à travers des vêtements. Pour moi, cette collection a servi à répondre à une critique qui m’est souvent faite entre guillemets, à savoir que mes tenues, mes créations ne sont pas assez africaines pour sous entendre que je n’utilise pas assez de pagne. Je voulais dire que selon moi, le pagne tel que l’on connaît et le vit aujourd’hui n’est pas africain. Il y a deux périodes de l’histoire de l’Afrique. Il y a l’avant-colonisation qui correspond à notre identité réelle et l’après-colonisation, période durant laquelle l’on a procédé à un mixage entre ce que le colon nous a imposé à un moment donné et ce que l’on est et l’on a fait un peu la sommation de tout cela. Mais, moi je ne me reconnais pas dans le pagne. Le choix de faire ce thème cela m’a forcé à faire une recherche dans ce qui est africain. J’ai alors pris le raphia, une matière d’origine végétale et la découverte du ngoto, la toile de jute, ensuite nous a permis de l’intégrer à notre ouvrage de sorte que nous avons travaillé avec des matériaux qui proviennent de la terre d’Afrique. Dans ce sens, ma collection n’était peut-être pas à 100% africaine mais elle l’était du point de vue graphique et visuel.

 Le manteau avec patchwork de raphiaLDB : Satisfaite du résultat final ?

MO  : Oui. Vraiment un grand merci aux organisateurs de Kinshasa Fashion Week. Nous pensons que nous avons pu nous exprimer artistiquement et bénéficié d’un encadrement de professionnels. C’est vrai que des fois lorsqu’il faut choisir la musique, la chorégraphie, ce ne sont pas les idées qui manquent mais c’est tout autre chose que de travailler avec des professionnels qui vous écoutent d’abord et vous demandent ce que vous pensez faire et ensuite seulement vous font des propositions. J’ai bien aimé la démarche de Yan. Il se donnait la peine de proposer, de nous demander ce que nous pensions de ceci ou cela et là , nous avions l’occasion de donner notre avis sur la question, à savoir que l’on préférait prendre telle chose et pas une autre, grader ceci et pas cela. J’ai apprécié le respect du désir artistique du styliste.

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Marie Omba accompagnant la dernière sortie de ses modèles à la KFW Photo 2 : La veste en patchwork, mélange de raphia et de jute (ngoto) Photo 3 : Le manteau avec patchwork de raphia