Interview Ronnie Kabuika : « Il faut apprécier l’effort fourni dans un environnement difficile »

Mercredi 2 Juillet 2014 - 14:50

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Cinéaste, réalisateur de films et de clips vidéo bien connu à Kinshasa, il lui arrive d’endosser également la casquette d’acteur comme dans le court métrage Pourquoi moi ? projeté à la première édition du festival du cinéma au féminin (Cinef). Dans l’ambiance de la fermeture de la rencontre initiée par l’Association des femmes cinéastes congolaises, un évènement à inscrire dans les annales du cinéma congolais, il livrait aux Dépêches de Brazzaville son appréciation de l’organisation.

Le cinéaste Ronnie Kabuika Les Dépêches de Brazzaville  : Quelle appréciation pourriez-vous faire du Cinef ?

Ronnie Kabuika  : Ce n’est pas toujours évident et facile de parler cinéma et d’organiser des choses dans ce domaine dans notre pays. Ce que nos sœurs ont fait reste quelque chose d’appréciable. Pour moi, le festival était réussi. Nous avons passé des jours merveilleux non seulement lors des projections mais aussi lors des ateliers et autres manifestations qui ont accompagné le Cinef. Je suis très content de voir qu’il y a eu de la matière à travers de bons films, beaucoup d’émotion. Et le public a suivi, la Halle était pleine quoique nous soyons en pleine coupe du monde. Cela prouve que les gens ont préféré le cinéma aux matchs en assistant notamment à la soirée de clôture, c’est encourageant pour les cinéastes que nous sommes.

LDB : Y aurait-il un reproche à faire, à redire sur l’organisation du Cinef ?

R.K.  : Je ne pense pas qu’il y ait de reproche. Je crois plutôt qu’il faut apprécier l’effort fourni dans un environnement difficile. Il n’est pas aisé de trouver des sous, les moyens nécessaires pour financer un projet de cinéma. Avoir obtenu le soutien de l’ambassade de France et d’autres institutions, c’est déjà quelque chose. Lorsque l’on s’exerce à faire quelque chose il y a toujours un apprentissage à faire, l’on ne va pas arriver, dès la première édition, au niveau du Festival de Cannes ou des Oscars. Mais à voir ce qui a été fait, je ne trouve rien à reprocher quand je pense qu’avec des moyens bien limités, l’Association des femmes cinéastes congolaises a pu réaliser un vrai festival comme cela se passe ailleurs, je n’ai rien à redire là-dessus. Surtout que la programmation était fort intéressante car je ne m’imaginais que l’on pouvait recueillir autant de films réalisés par des cinéastes femmes. Il y a donc certaines programmations dont j’ai fait la découverte et apprécié le talent. Cela nous encourage à penser que le cinéma congolais se lève petit à petit. Ce festival était donc une occasion, un rendez-vous très important pour montrer, non pas à la face du monde, car sous d’autres cieux nous sommes connus, mais dans notre pays où nous sommes méconnus, je dirai même que l’on nous ignore, que nous existons et travaillons. Et voir le public venir au festival, c’est très encourageant.

LDB : Un coup de cœur dans la programmation ?

A.A.  : En tant que cinéaste je recherchai ce qui avait de bien dans tout. Il y avait toujours quelque chose que me plaisait dans tous les films que j’ai vus mais il y a tout particulièrement celui de Claude Haffner Noire ici, Blanche là-bas qui était tout cru, tout réel au sujet de sa famille pour lequel elle est allée au fin fond du Kasaï. Moi je suis aussi Kasaïen, je me suis un peu retrouvé dans ce film-là, c’est vrai. Mais il y avait du bon dans tous les films. J’ai été émerveillé par la photo de Sœur Oyo de Monique Pheba, elle était impeccable. Cela donnait l’impression de voir se succéder des tableaux d’œuvre d’art. Il y a également Olongo de Clarisse Muvuba que j’avais vu bien avant, c’est une belle histoire. Je ne veux pas trop parler de Pourquoi moi ? de Francine Nyakabwa parce que j’étais vraiment à la cuisine interne de ce film comme acteur, directeur photo et monteur. En fait, c’est ma structure qui en avait soutenu la production. Mais aussi, je n’ai pas vu tous les films car je suis en studio pour mon long métrage avec deadlines bien fixés. Mais pour ce que j’ai vu, c’était à chaque fois des bons moments de cinéma.

 

Propos recueillis par

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le cinéaste Ronnie Kabuika