Interview. Tony C. Bolamba : « J’appliquerai une politique d’austérité en prêchant par l’exemple »

Mardi 19 Avril 2016 - 18:27

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Le nouveau gouverneur élu de l’Équateur entend marquer son mandat d’un sceau indélébile en se démarquant de ses prédécesseurs par son style de gouvernance. Déjà, il annonce les couleurs en décidant d’affecter une partie de son salaire aux besoins sociaux de base tels que l’enseignement, en appui aux parents démunis éprouvant des difficultés à scolariser leurs enfants. Dans son nouveau costume de gouverneur, Tony Cassius Bolamba n’a décidément rien perdu de son bagout.

Les Dépêches de Brazzaville : Qu’est-ce qui, d’après vous, a milité en votre faveur quant à votre plébiscite par rapport à vos challengers ? 

Tony Cassius Bolamba : Je vous avez dit que j‘allais amener là-bas un discours clair, ce qui a été fait. Je pense que mon discours était clair, cela a influencé peut-être le vote des grands électeurs qu’étaient les députés provinciaux.

LDB : Par où pensez-vous commencer pour booster le développement de l’Équateur ? 

TCB : Je pense qu’on va commencer par les urgences telles que l’électricité publique, la santé, l’éducation. Nous sommes une province qui est en hémorragie. Donc, il nous faut d’abord arrêter cette hémorragie avant d’envisager quoique ce soit. Pour résoudre les problèmes de l’électricité en général, je vais m’atteler à restaurer l’électricité publique parce que l’obscurité, c’est parmi les facteurs qui favorisent la délinquance. Il faut donc développer l’aspect sécuritaire afin de mettre les investisseurs qui vont venir à l’abri de toute surprise désagréable. La sécurité sera parmi les premiers points auxquels je vais m’atteler rapidement. A cela, il faut ajouter la communication. Je vais toujours communiquer avec la population et lui expliquer régulièrement le bien-fondé de chacune de nos démarches.

LDB : Sans ressources propres, comment comptez-vous vous y prendre ?   

TCB : Nous allons créer des richesses. J’amènerai une politique d’austérité à la lumière des réalités de terrain. Nous avons, par exemple, un problème de scolarisation ou mieux d’instruction des enfants dans la province. Les parents se plaignent de trop payer les frais de participation aux épreuves scolaires. Je détiens par devers moi la liste de toutes les écoles et les sommes qu’ils payent. Je travaille là-dessus. Je ferai la politique d’austérité en commençant par moi-même. Je décide d’ailleurs de diviser mon salaire par deux, les 50% iront dans une association qui participe aux actions républicaines. Cet argent servira à voir comment nous pouvons combler petit à petit le paiement par les parents des frais de scolarité de leurs enfants.   

LDB : Comment s’est passé votre premier contact avec la population de l‘Équateur ?                    

TCB : Il n’y a pas eu de premier contact puisque j’ai toujours été là. Donc, nous avons toujours entretenu un contact permanent. J’ai senti que cette population voulait le changement. Ma présence la rassure et lui permet d’ôter le dernier soupçon de doute qui taraudait son esprit par rapport à l’avenir de la province. 

LDB : Comment décryptez-vous les difficultés qui s’amoncellent sur la tenue du dialogue, surtout, avec la mise en place laborieuse du comité préparatoire ? 

TCB : L’essentiel est que nous dialoguons et trouvons des solutions à tout ce qui différencie nos approches. Il faut aller à l’essentiel. J’attends seulement le jour où le dialogue va se concrétiser. Edem Kodjo est un homme de grande expérience. Il a eu à gérer certaines situations difficiles sur le continent. La chance que je lui donne, c’est la confiance que j’ai justement à son expérience.

LDB : Où vous situez-vous dans le débat autour de la saisine de la Cour constitutionnelle en interprétation de l’article 70 de la Constitution en rapport avec la fin du mandat présidentiel ?    

TCB : Je ne vois pas pourquoi on doit aller à la Cour constitutionnelle. L’article 70 est clair en son alinéa 2. À la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l'installation effective du nouveau président élu. Moi, je ne suis pas un homme de position, je suis un homme de principe. On ne peut pas outrepasser l’esprit du texte. Je suis respectueux de tous les articles de la Constitution tels qu’écrits.

LDB : Que dites-vous à ceux qui refusent d’adhérer au schéma du dialogue ?  

TCB : On ne doit pas tout le temps souhaiter l’apocalypse pour son pays. Nous allons débuter avec la révision du fichier électoral peut-être au mois de juillet. Je pense que devant certaines circonstances difficiles que traverse un pays, il incombe à ses fils et filles de faire beaucoup des concessions pour assurer la pérennisation et la stabilisation de la République et ce, pour le bien des populations. Moi je suis très déçu que certains de nos compatriotes ne puissent pas adhérer à une démarche aussi raisonnable et censée nous permettre d’échanger et de lever quelques doutes pour avancer.

LDB : Votre élection comme gouverneur ne va-t-elle pas influer sur les activités de vitre association, le Moco ?

TCB : Nous sommes une association organisée. Le fait que je sois élu gouverneur, cela est à mettre dans le cadre du prolongement de nos objectifs qui sont: servir la République, promouvoir les valeurs citoyennes mais aussi africaines et promouvoir la justice sociale. Mes nouvelles fonctions ne modifieront en rien mon comportement puisque c’est le prolongement même des valeurs que nous prônons.

LDB : Un message particulier à l’endroit de la population de l’Équateur…

TCB : Il faut que nous aimions notre pays et que nous aimions notre province. J’aimerai que mes frères et sœurs de l’Équateur sachent qu’être gouverneur n’est pas un privilège, c’est une mission. Je compte sur eux pour qu’ensemble nous puissions remplir la mission qui m’est assignée au regard de mes nouvelles fonctions.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Bolamba conférant avec ses administrés à Mbandaka

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